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Défi
Lola38000

On se réveille un beau matin et on entend un nouveau terme, un terme qu'on ne connaissait pas. On entend que des gens sont malades, mais ça ne nous touche pas. C'est loin.

Je suis en voyage scolaire. Deux semaines de TOEIC intensif à Oxford. Il me faut un bon niveau d'anglais pour obtenir mon diplôme.
Tous les jours, dans un des cours, on lit le journal. On choisit un article et ensuite on en discute en petit groupe. "Coronavirus" c'est ce qui revient le plus souvent.
Les gens commencent à avoir peur. Dès que quelqu'un tousse, on ressent l'angoisse et les petites blagues du genre "tu as le corona? Haha".
Et puis on voit des articles apparaître sur de la discrimination envers les chinois. Et on entend qu'il y a de plus en plus de cas. En Italie, en France, en Angleterre, en Espagne. Il est partout en Europe désormais.

Nous, dans cette école, à Oxford, on est dans un milieu international. Avec des personnes qui voyagent tout le temps, un peu partout. Et puis nous aussi on voyage un peu. On décide de passer le weekend à Londres.
Et on va au restaurant, dans les bars, dans les boîtes de nuit. On boit, on rigole et on pleure. On visite Londres avec nos yeux fatigués. De Piccadilly Circus à Big Ben et puis on retourne sur Oxford.

Et moi, je dois te voir le weekend suivant. J'ai envie d'être belle pour toi, alors, pour la première fois de ma vie, je vais me faire faire les ongles en institut, avec deux copines. Je passe la première. Il fait froid. Je commence à grelotter et pourtant ça chauffe dans mon crâne. J'attends mes amies pendant une durée qui me semble interminable. J'ai envie de rentrer, rentrer dans la famille qui m'accueille pour le séjour. Je me sens mal, je sens que mon corps est affaibli.

Le lendemain, je n'arrive pas à me lever pour aller en cours. J'appelle mon professeur, ma famille appelle le numéro d'urgence coronavirus, leur petite est malade aussi. On nous dit qu'il faut seulement rester chez soi, pas de test, pas de rendez-vous chez le médecin, juste du Doliprane. On ne sait pas ce qu'on a, une grippe ? Le fameux coronavirus ? On ne saura jamais.
Certains de mes camarades de classe tombent malade à leur tour. Fièvre, toux, courbatures.

Et puis petit à petit on guérit tous. On commence à entendre parler de frontières qui se ferment, de pays qui se confinent. Je dois te voir le weekend prochain et je n'attends que ça. Je prie pour que rien ne nous en empêche.

Vendredi 13 mars 2020. Tu montes dans ton avion. Je monte dans mon train. Direction Paris.
Et puis j'arrive à l'aéroport, je t'attends. Je t'attends impatiemment. 4 mois que j'attends ce jour-là.
Et tout à coup tu apparais ! Est ce réel ? Est ce que tu es vraiment là, en France, face à moi ? Est ce que c'est bien toi que je suis en train de serrer dans mes bras ?
Oui. Tout est réel. On va passer le weekend ensemble, dormir à l'hôtel, visiter Paris, s'aimer.

Le samedi, tout va bien, on monte sur le bateau mouche, comme prévu et on visite Paris sur la Seine. Puis on se dirige vers la tour Eiffel. "Fermée". Fermée à cause du coronavirus... On décide donc d'aller manger. Puis on entre dans un magasin de souvenirs et on apprend que dès demain les restaurants seront fermés.

On rentre à l'hôtel et je passe ma deuxième et dernière nuit du weekend auprès de toi. Ma tête sur ton épaule puis ta main sur ma fesse. Je me sens tellement bien auprès de toi. Ta chaleur réchauffe mon coeur.
Je n'ai pas envie que ce weekend prenne fin. Je n'ai pas envie que tu rentres chez toi.
Mais en même temps, je suis sereine. Je suis quasi certaine que je te reverrai d'ici 3 semaines ou 1 mois.

Au réveil, le petit déjeuner est différent. Tout est sous cellophane. Ce sont les nouvelles règles. Et dans les rues, tout est fermé.
Tu voulais aller dans une bijouterie, pour me faire un cadeau. Nous n'y sommes pas allés et c'est ma faute.
J'aimerais tellement porter quelque chose qui vient de toi.
Mais quoi qu'il en soit, tu m'as laissé une trace à jamais. Jamais je ne t'oublierai.

On s'est quittés au milieu de la gare. Les larmes coulaient sur mes joues. Tu avais l'air assez serein. Pourtant, c'était le contraire lors de nos derniers au revoirs. Tu semblais plus touché que moi.

Je suis rentrée chez moi. Toi aussi.

Et puis à peine deux jours plus tard, la France était confinée.

J'étais bien naïve. J'imaginais que ça durerait peut-être 2 semaines, ou 3, au maximum 1 mois. J'avais espoir de pouvoir venir te rendre visite pour ton anniversaire.
Mais toi, tu avais la tête sur les épaules. Tu avais senti que ça allait durer et qu'on n'allait pas pouvoir se voir pendant longtemps. Je n'en croyais pas un mot. Tu me parlais d'une durée minimale de 6 mois avec frontières closes. C'était impossible. Et pourtant, tu avais raison.
Bientôt 7 mois maintenant, et je ne t'ai toujours pas revu.

7 mois durant lesquels on remercie les technologies récentes d'exister, de nous permettre au moins de s'entendre et de se voir sur un écran. Mais le manque de sentir ta peau sur la mienne, de pouvoir me balader en prenant ta main, de pouvoir dormir à tes côtés, se fait toujours ressentir.

Tout le monde étouffe sous les masques. Moi, c'est sans toi que j'étouffe.



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