
Louison
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œuvres
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défis réussis
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"J'aime" reçus
Œuvres
Dans mon placard je me réveillais. Une tristesse m’habita une seconde ce matin quand je vis qu’il ne donnait point sur la mer. D’habitude j’imagine tout un tas d’autres paysages, mais aujourd’hui le ciel azur et l’écume des vagues me faisaient quelque chose de terrible par leur absence. Je décidais d’en sortir pour rejoindre mon coffre. Confortablement installé, je voyais le monde d’un jour plus positif. J’y regardais par ma boite noire un reportage sur l’Uruguay puis m’en tapais un autre du même journaliste sur le Ghana. Je crois que c’était le Ghana mais je n’en suis pas sûr. J’ai d’ailleurs honte de ce doute. Puis la lecture automatique que j’avais mise sur une musique qui était à la base hasardeuse m’avait fait passer du blues à une sorte de country expérimentale. Particulière qu’on aurait pu dire. Je penchais la tête à travers la fenêtre, pour y voir la cage commune. Mon voisin italien était déjà au travail sur ses peintures. Un acharné qu’il semblait être, productif chaque jour de sa sainte semaine du lever de soleil jusqu’après son coucher.
Je décidais de me servir un café. « Vient du Brésil » y avait-il écrit en toutes lettres dessus. C’était d’ailleurs, avec peu d’autres choses parmi lesquelles le Carnaval et la séparation sociale favelas-pavillons, l’une des seules connaissances que j’eus au sujet du pays. Une répétition m’avait ancrée dans la rétine des connotations bien spécifiques. Je me rallongeai dans le coffre, puis finis par me rouler un petit bâton de la mort. Ça, je crois qu’à part les Australiens, nous parlait à tous. Ces cons de surfeurs et de miniers autorisant que dans leur bulle s’interdisent des plaisirs néfastes issus du capitalisme, se sachant capitalisés jusqu’à la moelle. Je me matais un débat de la chambre des Lords et y voyait tout autant d’escrocs en costard bleu - car c’était bien là leur couleur préférée – se donner la mission de gaspiller l’énergie de quelques rhétoriciens un chouïa plus honnête. Je me plongeais ensuite dans un écrit qui visiblement était de la plus grande importance chez les sages indiens. Cela traitait d’écriture automatique. Au bout d’une dizaine de pages, je comprenais leur repli. Ils évoquaient une quête de la sagesse par l’amour et, dans ce constat, je fus paralysé en comprenant leur repli vis-à-vis de la société occidentale. Sans doute nous méprisaient-ils autant que les chinois, et après l’acquisition de ces connaissances qui pourrait leur en vouloir ? La sagesse par l’amour. Allez dire ça à Dassault, Lagardère et tous les autres. Différents buts pour une seule humanité. Fort heureusement, une seule vérité. Siégeant dans l’ombre pour ne pas éblouir les aveugles, elle prodiguait toujours le grand sentiment mais attendait son heure pour régner. La Terre était-elle réellement vouée à être un lieu d’amour, ou celui qui nous permettrait seulement de le considérer? Le chemin se dressait, et les barreaux connaissaient quelques faillances par lesquelles je pouvais me faufiler. Une fois passés, je levais la tête. Je ne voyais la route s’arrêter. En réalité elle ne s’arrêtait pas. L’infini admettait enfin sa présence.
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Défi
Semblait-il que la vertu fût revenue en même temps que la venue de ce qui apparaissait comme une obscure situation. Les coeurs blessés aimaient de nouveau par la blessure-même qui tantôt leur fit ressentir de la haine. Puis de l'amour donc, dans le processus passionnel. Tous ne figuraient pas dans le schéma mais des présents observateurs qui hier vivaient dans la plénitude de l'indifférence et de l'inconscience se retrouvaient à présent accablés par ce qu'il ne fût pas leur fardeau quotidien mais celui d'autres. A ceci beaucoup de réponses étaient données de bonne foi sans qu'on leur aient posées de question, et d'aucunes nous pouvions nous enorgueillir d'un apprentissage particulier. C'était ici et là l'amas d'une honnêteté oubliée, temporisant entre la réalité des faits et celle des idées tout en n'ayant pris la précaution de penser ou à l'un ou à l'autre auparavant. Tenter la tâche périlleuse de fusionner les deux sans cette préparation qui nous prouve à chaque instant les limites de notre bon sens marchant vite hors des sentiers de la vérité pure donnait pour résultat une effroyable et incontrôlée manifestation de stupidité. Fût-il bénéfique que ce groupement informel d'individus retrouva la faculté de penser, n'était-elle pas en elle-même restaurée du même fait.
Figurait ensuite ceux qui de tout temps ont toujours tout su, et leur modeste prophétie leur indiqua que même en des temps qui étaient si inhabituels à leur existence cette connaissance du tout restait intacte. Ils se ruaient sur les premiers pour prodiguer le bienheureux savoir, qui variait par ailleurs en fonction de l'adepte. Mais il gardait cependant une ligne de conduite dominante: "ne ne te laisse pas maitriser par tes passions, mais que la vérité en émane!". C'était donc tout un concept, comme vous pouvez vous le figurer. Qui se figurait lui-même qu'il y avait en l'émotion une essence véritable, inchangeable et légitime. Cette essence est, comme on le sait en suivant l'humanité entière dans son histoire, pourvue d'une telle diversité qu'elle n'amène pas à l'intelligence. Qui pour le coup, se crée. C'est dans cette création que se mouvaient ce qu'on aurait pu qualifier de troisième groupe, pourvu qu'on ne varie pas de l'un à l'autre en fonction des moments et de l'état de fatigue qui les accompagnent. Dans cette perspective propice à chaque fois que la politique se trouve dans une période cruciale, le rôle de ces derniers tenait en l'incontournable mission de penser l'avenir tout en
pansant le passé. Ou "présent proche" comme diraient ceux qui veulent induire une tension qui ne se détend pas. Dans ce fouillis complexe d'idées dites nouvelles, il y avait deux camps: les partisans de la nation et les partisans de l'humain. Les partisans de la nation, de tous bords confondus, amenaient l'idée du comment. La principale question qu'ils posaient fut : "Comment bien faire la guerre?" Mettant à l'abri les siens, étant moral de l'autre, et ainsi de suite. Ce que les principaux médias regroupaient en un, et le nommant Réalisme. Les autres, tous de gauche cependant, indiquaient ce qui était pour les premiers une drôle d'idée, l'humain. Et par ce biais, pourquoi. Pourquoi en sommes-nous là? Pourquoi pouvions-nous le prévoir, et pourquoi, malgré l'horreur et le chagrin, méritions-nous ce sang qui si nous regardions fût versé de nos mains? Ceux-ci, fous de la raison humaine et dépossédés de leur existence, œuvraient pour ce précieux bien. Et il n'était ignoré d'aucuns qu'ils n'étaient pas les principaux écoutés. Ce qui ne les frisaient guère car c'était une tâche beaucoup plus ingrate que de se laisser devenir un savant du grand tout. En devenir un. Étaient-ils obligés de rassembler du monde dans les rues pour se faire entendre, et de petites assemblés d'individualités formaient à nouveau un dialogue social. Ce fut accueilli avec enchantement par les amants de la démocratie. Mot qui, toujours aussi utile pour discuter, était si souillé qu'on eut cru mentir une fois prononcé. Enfin, personne ne les écoutait sinon ceux qui avaient envie d'entendre. Et Dieu seul sait pourquoi les hommes préfèrent parler. Nous nous retrouvions donc avec des personnes bienpensantes mais impuissantes face à l'influence des prédicateurs de la bonne parole, eux-même étant le pilier culturel de cette masse incongrue qu'on nomme peuple. Et dont la fatigue qu'amène son labeur quotidien le caractérise par la réaction que l'anticipation. L'anticipation étant laissée aux élites, et la communication de l'anticipation étant encore un phénomène différent, la réaction menée par ces salauds n'avait pour but que de créer un drapeau assez uniforme dans la variété de sa richesse. Tout effrayé que j'étais des reprises médiatiques des évènements par les professionnels de l'information, des mots choisis par les professionnels de la direction gouvernementale, et de la synthèse qu'en faisaient les amateurs de la citoyenneté, je m'inquiétais en posant une question nouvelle. Fallait-il être invertueux pour prodiguer la vertu? Je me l'expliquais à peine, tant elle fut absurde. Mais la réalité des faits pratiques très loin des idéologies générales et particulières prouvait que s'il fallait être pieux pour communiquer la vertu, n'était-elle pas plus présente sur Terre sinon dans le cœur de quelques - même pas tous ! - personnes ayant rencontré le pieux en personne. Seuls ceux qui l'avaient abandonné pour gouverner jouaient d'elle ça et là, en fonction de leurs désirs personnels. Semblait-il que pour l'humain qui vivait au XXIème siècle, le PDG qui avait la volupté de ne pas supprimer 2000 postes après avoir usé de cet acte mille fois se voyait plus saint que celui qui n'avait jamais pêché. Et malheureusement n'avait-il pas, en réalité, plus d'impact que le pieux qui n'avait jamais blessé son voisin? Peu importe la réponse, qui venant d'une première question absurde en créa une seconde comme il est coutume, car reste qu'on est éberlué face à ce fâcheux rapport. Commençais-je à croire que dans le cadre d'une transition de l'oligarchie à une démocratie populaire, il fallait être oligarche soi-même plusieurs fois pour poser le droit avec les mêmes armes qu'il fut instrumentalisé. Évidemment que les plans d'action étaient multiples : regroupements d'individus pour manifester d'une seule voix, production d'éléments culturels et politiques afin d'entrevoir l'avenir dans d'autres défauts que les précédents, développement de l'open-source quelle qu'elle soit mais d'autant plus concernant les informations de droit public, et dans tout cela l'abattement de la nation au profit de l'humain. Rien ne pouvait remettre en question ces solutions, mais restait l'aspect pratique. Lui disait "J'entends beaucoup de choses que je ne vois jamais." J'avais envie de lui crier - toujours à l'aspect pratique - vois-les, elles sont toi. L'amour de l'humain est Toi, et tout le reste n'est que ton fruit.
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