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Louklouk

Louklouk


Vincent arrivait au lycée Amélie Mauresmo, en terminale, ce qui le troublait assez : l’année du bac ! Son père avait dû le faire déménager, pour cause de boulot.
Première classe : le français. Il s’en était superbement sorti l’année précédente (17/20, quand même !), et il comptait là-dessus pour se rattraper, au cas où…
Mais il n’est point facile d’entrer en un nouveau bahut où l’on ne connaît personne. La salle était pleine : il alla donc s’asseoir au fond. On l’avait regardé, évidemment, qui l’avait gêné au plus haut point, mais… une fois au fond, on ne le regarderait plus.
Sauf que… parut alors un genre de gravure de mode, qui fut salué par une sorte de bronca. Le mec fit taire les cris d’un geste et vint directement se poser près de Vincent, refusant les invites d’au moins trois nanas… qui avaient réservé la place à côté d’elles…
— Hello ! Jordan. Toi ?
— Vincent.
— Superbe. Le nom de mon arrière-grand-père. Mais t’es plus beau que lui !
Vincent rougit. Il vit aussi que les autres se retournaient pour mater le beau… le très beau Jordan. Et il eut vite conscience que ce mec tenait une place à part, céans.
— Dis-moi tout !
— Je… Je… bafouilla Vincent, je… viens de Nantes et…
Le prof entra et fit des yeux le tour de la classe, repérant évidemment Vincent, qui était le seul nouveau. Regardant ses papiers, il dit :
— Vincent ! 17 au bac de français… Bravo ! Si j’ai bon souvenir, et sans vouloir semer la discorde… on n’a pas dépassé le 16, ici !
— Ouh ! cria la salle.
— Je vous demande d’accueillir votre nouveau camarade avec gentillesse… et respect. Mais pour l’instant, c’est encore moi, le prof ! Et d’ailleurs… Vincent a bien une faiblesse, non ? L’allemand, peut-être ?
— Ma mère est de Hambourg, Monsieur.
Éclat de rire général.
— Et donc ? reprit le prof, souriant lui aussi.
— Nul en gym.
— J’t’aiderai ! cria Jordan.
— Ouh ! cria la salle.
— Votre auteur français préféré ?
— Marceline.
— C’est qui, ça ? fit une voix.
— Marceline Desbordes-Valmore, la première poétesse romantique, répondit le prof. Bien, Monsieur ! Eh bien ! On va s’en occuper, de Marceline !
— Nooon ! gémirent certains.
— Elle vous surprendra, jeunes gens. Merci, Vincent.
— P’tain ! T’es trop, toi ! souffla alors Jordan en passant le bras sur l’épaule de Vincent. Tu m’veux comme ami ?
— Tu m’veux comme ami, toi ?
— Super oui !
Vincent était sidéré.
— Tu m’aideras, en français ?
— Kein Problem !
— Et en allemand aussi ?
— Natürlich.
— Oh… fit le mec… que Vincent jugea impressionné.
On se sourit plus que gentiment, mais Vincent se demanda dans quelle sorte d’engrenage il venait de mettre le doigt…
Au sortir du cours, Vincent fut retenu par le prof qui lui parla de Marceline, et lui demanda une sélection de poèmes à étudier en cours. Le tout sous le regard de Jordan, qui était resté un peu en arrière.
— Tu m’épates, mec ! T’arrives de nulle part, et hop ! Le prof te demande des conseils !
— Il savait tout ce que j’ai dit, tu sais ?
— Tu me le diras ?
— Évidemment.
— Moi, j’t’aiderai en gym, s’tu veux.
— Oui, ce serait gentil. J’en ai vraiment besoin !
Les cours s’enchaînèrent donc, et partout, Jordan voulut se poser près de Vincent.
On avait réussi à papoter un peu, entre les cours, et Vincent dit enfin :
— Tes amis vont me détester, si tu restes toujours avec moi…
— Les mecs, peut-être, mais pas les nanas !
— Parce que…
— Sans me vanter… j’assure.
— Ah !
— Toi, mignon comme t’es, tu devais pas avoir de mal à niquer, ici ! Elles sont plutôt chaudes, les p’tites !
— Je suis timide… murmura Vincent.
— Pas elles ! Ah ! Ah !
— Toi, tu…?
— Quand je veux.
— C’est vrai que t’es super beau, toi ! lâcha Vincent sans réfléchir.
— Oh ! C’est gentil, ça ! fit Jordan. Aucun mec m’a jamais dit ça !
— Mais les filles, oui ?
— Non, aucune aussi ! Oh ! J’t’adore, toi ! fit le beau Jordan en prenant soudain Vincent en ses bras, pour l’y serrer fortement.
— C’est la grande amour, déjà ? fit une voix.
— C’est mon nouvel ami, Valentine, dit Jordan en lâchant Vincent.
La fille était canon, et Vincent comprit tout de suite qu’elle appartenait au harem supposé de Jordan. Qui d’ailleurs vint lui poser un bisou sur la bouche. La fille saisit aussitôt la nuque du garçon et lui roula un patin de compète !
Vincent sourit : ce mec était donc… Qu’est-ce qu’il était, en vérité ?
— On se voit donc demain… et tout le temps ? fit alors Jordan.
— Demain et tout le temps, si tu veux, répondit doucement Vincent. Bonne soirée !
Et Vincent s’en fut, le cœur léger. Sans trop savoir évidemment à quoi s’en tenir. Selon toute apparence, il avait capté l’attention d’un mec qui avait au bahut une position particulière, encore qu’il ne sût pas trop laquelle.
Était-ce sa seule beauté qui cristallisait les passions ? Son aplomb ? La position de ses parents ?
Jordan était grand et fin. Blond cendré, il disposait d’un visage oblong orné d’yeux d’un bleu soutenu, et d’un sourire à faire tomber les murailles. Et d’un si joli petit menton pointu ! Et les défenses de Vincent n’étaient pas celles de la Muraille de Chine !
Vincent fut bien incapable de s’ôter de la tête cette invraisemblable première journée de cours ! Ses parents même s’en inquiétèrent… Mais il ne dit rien.
Vincent… Vincent… se posait de vraies questions, qui ne regardaient que lui.
Jordan… La beauté parfaite. Une forme de masculinité liée à son aplomb. Et une autorité due à son incomparable beauté… Jordan !
Où Vincent sut. Ce qu’il se refusait de savoir, jusque là. Il était amoureux, enfin !
Amoureux de Jordan. Oh ! Que c’était inattendu, tout ça, et soudain lourd à porter !
Il eut du mal à dormir, ce jeune homme. Mais il fut à l’heure au lycée… où il vit Jordan distribuer des tas de bises à ces demoiselles… avant de lui en donner deux aussi, en le serrant en ses bras.
— Tu fais la bise aux mecs, maintenant ? fit un mec.
— C’est mon ami.
— Et nous ?
— Mes super potes, t’affole pas !
Il y eut un petit moment de trouble alentour, alors. Mais il fallait entrer en cours… ou Jordan accapara Vincent, derechef.
Jordan ne cessa de donner des gages d’amitié à Vincent, jusqu’à l’inviter le soir même chez lui :
—Mes parents sont barrés : on sera tranquilles !
Vincent suivit, donc. La maison de Jordan était superbe, et ce mec lui fit découvrir sa chambre, une suite de deux pièces avec salle de bains. Dans le salon étaient deux appareils destinés à la musculation.
— Je m’en sers un peu seulement… En fait, j’ai la chance de ne pas en avoir trop besoin !
Et il ôta soudain son t-shirt, proposant à Vincent la perfection même.
— Ouais, c’est sûr qu’avec ça t’a besoin de rien fit Vincent, souriant… mais si troublé !
— T’es comment, toi ?
— Nul.
— Tu montres ?
— Tu serais déçu…
Alors Jordan prit le bas du t-shirt de Vincent pour le lui ôter.
— C’est vrai que tu manques un peu de… Y sont jolis, tes tétons… ajouta le garçon en se saisissant desdits.
Au grand frémissement de Vincent.
— T’aimes ?
— Oooh…
— Moi aussi, mais… j’ai jamais osé le demander à une nana… Tu me le fais ?
Vincent s’exécuta, ayant la surprise de sentir sous ses doigts les tétons de Jordan durcir vivement, tandis que le garçon gémit soudain vivement.
— Ouais, c’est bon, oh p’tain ! gémit Jordan en pinçant plus fort les tétons de Vincent… qui gémit aussi.
Quelques secondes plus tard, Jordan souffla :
— Oh p’tain, je bande ! On arrête !
— Non.
— Tu bandes pas ?
— Si.
— Oh p’tain ! Tu veux ?
— Jamais j’ai senti ça.
— Moi non plus ! fit Jordan. Mais…
— Pince-moi bien, Jordan.
— Oh !… Je… Oui, toi aussi !
L’exercice dura un peu, et Jordan feula :
— J’bande trop, là ! On vire tout ?
— Oui.
Deux superbes bites se trouvèrent lors en concurrence… et si près l’une de l’autre !
On se regarda une seconde, hébété… et Vincent tendit lentement la main vers le superbe objet de Jordan, s’arrêtant à un centimètre d’iceluy.
Alors Jordan en fit autant et… on s’entresaisit délicatement pour se manipuler, d’abord timidement, puis plus virilement : ces garçons savaient bien comment faire !
— Ouais, vas-y fit enfin Jordan, en tripotant tout aussi vigoureusement son nouvel ami.
Ce qui devait arriver arriva, et l’on s’arrosa copieusement l’un l’autre.
— Oh p’tain ! fit Jordan. Première fois que je fais ça avec un mec !
— Dans mon ancien bahut, ça se faisait… sans le dire, mentit Vincent, qui était tout aussi novice en la chose.
— C’était bon, en tout cas ! Toi ?
— Ouais, j’ai bien aimé. T’as une super belle queue, Jordan.
— Oh ! Merci… première fois qu’on me le dit.
— Les nanas sont très mal élevées !
— Ah ! Ah ! Ah ! Toi aussi t’es bien monté, oui !
On se sourit niaisement.
— Tu fermes ta gueule, hein ? ordonna Jordan, la main sur l’épaule de Vincent.
— Oui, mais… je pourrai pas la fermer toujours.
— Hein ? Tu dis quoi, là ?
— Pour te sucer, faudra bien que je l’ouvre un peu.
— Oh ! Oh ! suffoqua Jordan, tu, tu…
— Ce serait sympa, non ? fit Vincent, tout sourire… et totalement désinhibé, asteur.[1]
— Oh p’tain, j’y crois pas !
— Je t’ai choqué ?
— Mais non, non, bien sûr !... Mais toi, t’es…
— J’en ai bien l’impression, M’sieur !
— Oh, je…
— Dis rien ! Toi aussi tu fermes ta gueule, donc !
— Oh oui, oui, bien sûr !
— T’es beau, Jordan.
— Merci. Je…
— T’es beau et je meurs d’envie de te sucer.
— Oui, oui ! Oh ! Oui, tu le feras ! P’tain… J’y crois pas ! Vincent !...
— On va bien s’amuser… et voilà !
On s’alla doucher, et l’on s’enlaça tendrement avant de se séparer. À quelle hauteur flottait le nuage sur lequel était Vincent, il ne le savait guère !
Le lendemain, bises publiques de Jordan au lycée… et un mot à l’oreille : « Merci ! »
— C’est con, je nique demain et samedi, souffla Jordan en cours. Je t’appelle dès que j’ai un moment.
Le nuage monta d’un cran.
— Je pense à toi, mon p’tit mec, dit Jordan en faisant la bise à Vincent, à la fin des cours du vendredi.
Vincent se morfondit évidemment, mais… il se remémora les commentaires acerbes des autres sur le beau Jordan, dans son dos : il n’en manquait point. Et il en fut d’autant plus excité… et amoureux. Vers onze heures et demie, ce vendredi soir, il fut appelé par Jordan :
— Mes parents sont au bal, et pas prêts de rentrer : tu viens dormir là ?
Les parents de Vincent n’étant pas des brutes, il put filer vitement… avec sa brosse à dents !
Le moment fut la perfection même. Comme l’était la quéquette à Jordan. Qui s’essaya lui-même à ce gent exercice, et… devant un Vincent effaré, il annula son rendez-vous du samedi, avec une des plus belles nanas du lycée…
— Faut que je révise mes connaissances, dit-il, grave.
— Pour le bac ?
— Non. Pour le cul. Et le sentiment. Avec toi.
— Moi ?
— Apprends-moi… à t’aimer.
— Jordan ?
— Oui.

26. VII. 2020

[1]. C’est la façon québécoise d’écrire : à c’t’heure.
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Louklouk


À Michel

Un jour — t’en souvient-il ? — tu jouas ma musique…
Je l’entendis de loin, rêvant dans le salon,
Et j'allai t'écouter, ô surprise ironique !
En ta flûte passait un sublime aquilon.

Ce n’était pas mon air qui menait à l’ivresse !
Mais que ton souffle aimé me le voulût offrir,
Combien j’en fus heureux, et comme je confesse
Que j’avais plus encor raison de te chérir !

Tu ne m’as rien donné de plus que l’instant frêle
D'une ombre de plaisir qui n'allait nulle part :
Je l’aimai comme on aime une douceur mortelle
Qui, l’instant qu’elle a fui, laisse au cœur son poignard.

Mais… c’était ma musique et… comme elle fut pure
En passant par ta bouche en vibrant en ton sein !
Mais ta flûte est muette, et la Mère Nature
A fermé ton tombeau par son cruel dessein !

Louklouk, 20. VII. 2020
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Défi
Louklouk


Recherche cavalier pour le bal de promo
Garçon gentil, un peu fou et drôle
Annonce catégoriée : urgent !!
— Tiens, c’est exactement ce qu’il te faut, mon p’tit puceau ! fit le superbe Stéphane, un beau blond qui drainait tous les cœurs de l’École depuis son entrée, trois ans plus tôt.
C’est qu’on approchait de la fin de l’année, et que le bal de promo se profilait à l’horizon… sachant que ces jeunes gens auraient leur diplôme sans difficulté. Et l’on venait donc de découvrir une annonce, dans le grand hall.
Stéphane s’adressait à Bérenger, son ami depuis le lycée, et qui s’il était un excellent élève et pas le moins beau des mectons de la boîte, restait désespérément seul.
Doué d’une gentillesse à toute épreuve, il était surtout affligé d’une timidité maladive, et n’existait que dans l’ombre et le sillage de son ami, l’étincelant Stéphane.
On le savait drôle et immensément cultivé, mais… il était l’ombre de Stéphane, et voilà. Au reste, encore qu’iceluy eût mainte fois tenté de lui mettre dans les bras telle ou telle donzelle — il ne se les faisait pas toutes, quand même ! —, ça n’avait jamais marché.
Et de fait, le fin Bérenger était toujours puceau, à vingt-deux ans…
Il était gracieux comme tout, cet enfant-là : long et fin, brun au teint pâle et pourvu d’yeux d’un bleu plus soutenu que celui du regard de son ami, il était parfaitement craquant. Mais voilà…
Sa timidité faisait disparaître tout ce que son physique avait de charmant.
— Oh, moi, tu sais !... soupira-t-il alors.
— La femme de ta vie, mon pote ! Allez hop, tu notes le numéro, et tu lui prêtes ton bras pour danser, et ta bite pour sauter au plafond !
Il avait son parler, le Stéphane… Bérenger dut sourire… mais il souriait à tout ce que disait Stéphane : c’était un fan club à lui tout seul.
Bérenger dut noter, et commença à se ronger les sangs. Il y pensait depuis le début de l’année, à ce foutu bal… Cette corvée intersidérale ! Bien sûr, il avait assisté aux deux précédents et ne s’y était pas ennuyé, mais là… c’était la soirée de sa promo, et donc il y serait, comme les autres, sous les regards de tous.
Oui, quelle corvée ! Et pas moyen de s’y faire porter pâle ! Sauf à se faire écraser par un tramway, ou quelque autre triporteur du même acabit…
Il soupira in petto. Au fond… le coup de la petite annonce lui éviterait sans doute des déconvenues, s’il devait s’adresser à l’une ou à l’autre…
Stéphane, lui, n’en risquait pas : il n’avait que l’embarras du choix, et c’est tout juste si ces demoiselles ne se crêpaient pas le chignon pour avoir le rayonnant honneur de paraître à ses côtés !
— Bon ! Tu me promets d’appeler ? fit Stéphane. D’abord tu regardes dans tes affaires si tu connais pas déjà ce numéro, on ne sait jamais… C’est p'têt' Super-Boudin, qu’a passé l’annonce ! Ah ! Ah ! Ah !
— Oh, ça va… soupira Bérenger, défait.
— De toute façon, tu vas appeler devant moi, comme ça je serai sûr que tu te défiles pas !
Ainsi fut fait. Bérenger affirma ne pas connaître la voix de la nana, et il avait constaté ne pas posséder déjà ce numéro.
L’École, une boîte huppée, disposait à la sortie de la ville, d’une sorte de petit campus, qui pouvait loger tous les élèves.
Autant vous dire que le cœur de Bérenger battait un peu plus fort que tous les tambours de la Grande Armée, un 15 août ![1]
Mais il frappa tout de même à cette chambre qu’il ne connaissait mie (ceci pour dire qu’il n’y était jamais venu… car toutes les chambres étaient identiques !). Pour tomber sur Johann Wilhelm von Hetzelburg von Bergenforst. Dit plus simplement « Yoyo ».
Il eut un mouvement de recul. L’autre l’attira promptement et referma.
— Oh, c’est toi ! dit le garçon, l’air surpris… mais souriant.
— Je crois qu’il y a maldonne… fit Bérenger, tétanisé.
— Non. D’abord, je te demande le secret le plus absolu, s’il te plaît, Bérenger !
— Je… Je te le promets, mais… pourquoi ?
— Viens.
On se posa sur les petits fauteuils (façon années septante de l’autre siècle) dont toutes les chambres étaient pourvues.
— Je te propose un challenge… On se connais pas beaucoup mais… tu es exactement celui qu’il me faut !
— Mais… pour quoi ? souffla Bérenger, qui n’en revenait pas d’être dans la chambre de Yoyo.
Expliquons la stupéfaction de Bérenger : Johann était connu pour être non seulement l’héritier d’une grande fortune aristocratique allemande, mais aussi pour être de loin le meilleur élève de l’École : il était major de promo dès le premier jour, ou presque !
Ajoutez à cela qu’il était la beauté absolue : un mannequin international, et même interplanétaire, pas moins. Châtain aux yeux verts, il possédait une classe à tomber par terre et un sourire à faire sauter les bunkers les mieux ficelés.
Ce mec était la perfection.
Autant vous dire que ça défilait, dans son lit. Et que dès qu’il paraissait, la moindre petite culotte qui se trouvait à moins de cent mètres s’en trouvait ruinée aussitôt !
Bref, c’était l’étoile absolue. L’Étoile.
D’où venait évidemment que Bérenger ne voyait du tout ce qu’il faisait là… sauf à sauver l’honneur d’un petit laideron que Monsieur aurait pris sous son aile ?
— Tu ne te repentiras pas de ton silence, Bérenger, reprit le garçon, sérieux.
— Tu… recrutes pour une copine, c’est ça ? osa Bérenger.
Bien sûr, Johann était le premier de la classe d’allemand, où fréquentait aussi Bérenger, alors que leurs autres cours différaient. Mais on ne s’y était jamais vraiment parlé.
— Et puis, on pourra se parler en allemand, tranquillement, reprit le garçon.
— Si… tu me disais…
— Je te propose… quelque chose de difficile, Bérenger.
— S’il faut juste danser avec une de tes copines, je crois que j’y arriverai… fit Bérenger, essayant de sourire.
— Bérenger… C’est… C’est avec moi, que je voudrais que tu danses.
— Hein ? sursauta Bérenger, toi ? Mais…
— Vite, du champagne ! fit Johann en sautant du fauteuil pour se jeter sur le mini frigo qu’il y avait céans. Et de saisir une demi-bouteille, et deux verres… en cristal de Bohême, magnifiques !
Il servit et l’on trinqua, presque fébrilement.
— J’avais pas pensé à toi, mais… t’es l’évidence même, Bérenger !
— Je comprends rien.
— Je voudrais… que tu m’aides… à faire… mon… coming out.
— Hein ? cria Bérenger, sidéré. Toi… Toi ?...
— Tu comprends pourquoi je t’ai demandé le secret. Je nique depuis toujours presque exclusivement des nanas… mais là… là… je suis au bout de mes expériences. Pas facile de se savoir gay, dans une famille comme la mienne, tu sais ?
— Ni ailleurs.
— C’est vrai. Tu… es gay, toi ?
— Hein ? Heu, non, pas à ma connaissance !
— Ce n’est pas important : tu peux parfaitement être mon cavalier à la soirée, sans faire de coming out, toi ! On dira ce qu’il faut, et voilà !
— Mais… fit Bérenger, absolument dépassé par l’énormité de la chose.
— Oh, dis oui, Bérenger ! fit Johann en prenant la main du garçon, et en brandissant sa flûte de l’autre main, pour trinquer.
— Je… Oh… C’est si…
— J’avais pas pensé à toi, mais t’es si évidemment le plus parfait pour jouer ce petit rôle, Bérenger ! Je suis si heureux que tu aies répondu !
— Mais… si je refuse ?
— Je ne veux ni ne puis te forcer à rien. Tu me rendrais un immense service, Bérenger. Il reste un mois : je te propose de le passer ensemble.
— Hein ?
— J’ai un studio en ville, loué par mes parents, qui souhaitaient quand même que je vive ici, avec tout le monde. On peut aller y faire un tour, et y passer des moments pour parler, simplement. Ne serait-ce que pour que tu m’encourages à passer à l’acte… ce qui n’est pas si facile, crois-moi !
— Mais…
— Ce qui est sûr, c’est que je n’irai pas avec une nana sous le bras ! Et je te dis pas les pressions, les soupirs, et toutes ces sortes de choses !... Sans compter les pipes… de celles qui détestent ça !
— Oh ! fit Bérenger… obligé de sourire devant la grimace comique du sublime Johann.
— On est vendredi : on va dîner chez moi ?
Le champagne terminé, Bérenger, subjugué, suivit le bel Allemand. Il était sept heures, et dans le fond du tram, Johann murmura :
— Je serai super fier, si tu m’accompagnes à la soirée !
— Je… Je sais pas encore.
Le studio évidemment était plus large que la chambrette du campus. Et autrement meublé ! Champagne encore. Mais après une gorgée, Johann se leva et commença à se déshabiller.
— Nous, les Allemands, on fait pas de manières avec la nudité : je te choque pas ? T’en fais autant ? Il commence à faire chaud, là… et je sais pas si c’est moi ou le Réchauffement, mais…
Bérenger dut sourire, une fois de plus. Il était sublime de partout, ce garçon-là. Il se déshabilla donc aussi.
On se rassit dans les petits fauteuils baroques, et l’on retrinqua. Johann dit alors sa vie, celle d’un fils de la haute aristocratie européenne — sa mère était la fille d’un duc français… et il descendait de douzaines de rois !
Bérenger n’arrivait pas à croire à ce qui lui arrivait là. Il buvait du champagne dans le studio de l’Étoile de l’École, qui le priait d’être son cavalier au bal de promo !
Il y eut, plus tard, un court silence, et il souffla :
— Johann… C’est d’accord.
— Oh ! Tu le feras ? Bérenger !
Alors Johann jaillit de son petit cabriolet baroque et tira Bérenger du sien, pour le serrer fortement en ses bras.
— Merci, Bérenger, merci !
Et puis… deux immenses soupirs issurent[2] de ces jeunes poitrines.
— T’es sûr que… tu veux ça ? demanda enfin Bérenger… alors que ces jeunes gens ne pouvaient ignorer ce qui commençait à déformer leurs membres intimes.
— Oui, et je le veux avec toi, Bérenger.
Sauf que là, Bérenger ne savait trop de quoi parlait Johann… vu qu’on bandait tous les deux et que…
— Moi aussi, je le veux ! lâcha soudain Bérenger.
— Bérenger ! J’ai jamais… avec un garçon…
— Moi non plus.
— Alors…?
— Oui.
Plus belle première fois, vous ne la sauriez imaginer.
Après qu’on eut pris un plaisir fort délicatement partagé, Johann murmura, regardant Bérenger dans les yeux :
— C’est tellement différent, avec un garçon !...
— Moi… j’en sais rien.
— Oh ! fit Johann… tu…?
Tendresse et émotion. Bérenger sut qu’il aurait désormais à mentir à son meilleur ami… au moins jusqu’au bal ! Mais… l’expérience avec Johann était si…
Johann tint à habiller son cavalier : on prit donc rendez-vous chez le meilleur tailleur de la ville, afin que les garçons eussent exactement le même habit : un pantalon noir à pli, une chemise blanche bouffante, et un gilet bleu outremer brodé de doré. Et une sorte de lâche cravate, bleue pour Bérenger et rouge pour Johann. Et souliers vernis, évidemment.
Les garçons étaient de mêmes taille et corpulence. On demanda d’ailleurs au tailleur de se faire photographier, au dernier essayage… et il déclara que ces Messieurs faisaient un couple magnifique.
Bérenger parvint à mentir sans rougir, ni sourire. Mais il était heureux, et ça, Stéphane ne put s’empêcher de le remarquer. Bérenger resta de marbre. Un soir sur deux ou trois, il allait dormir avec Johann, en ville.
Vint, après les résultats (heureux, comme attendu), le grand soir. Il était de tradition que le major parût en dernier. Il fit attendre, un peu ; on était dans ses petits souliers, disons-le ! Puis on se lança… en se tenant la main. Un silence polaire s’abattit sur la salle… et même la musique douce du moment fut stoppée.
Les garçons s’avancèrent, rayonnants et timides à la fois, qui firent chacun un geste du bras, pour saluer. Ce fut Stéphane qui donna le signal de l’ovation.
Le major devait ouvrir le bal, et ces jeunes gens s’élancèrent — on avait bien sûr répété !
La stupéfaction fit bien jaser, un peu… mais la fête fut une réussite. Stéphane attira son ami à l’écart, évidemment. Et Bérenger dut raconter les choses…
— T’es heureux ? demanda enfin Stéphane.
— T’imagines pas combien !
— Je me trouve un peu con, là…
— Et pourquoi ? T’es mon meilleur ami, Stéphane, et c’est grâce à toi que j’en suis là !
— J’ai l’impression d’avoir raté quelque chose…

26. VIII. 2020

[1]. Anniversaire de Napoléon Ier.

[2]. Passé simple du verbe issir (dont le participe passé est : issu).
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Défi
Louklouk
Bonjour !
Ceci est un texte érotique, sentimental et humoristique gay.
Réservé aux grandes personnes, donc.
Merci de m'en donner votre avis !
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Louklouk
Petit conte gay pour grandes personnes...
La première phrase (en gras) m'en a été donnée.
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Défi
Louklouk


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Note préliminaire : ce texte érotique est un conte ; il ne parle pas des précautions essentielles à prendre
Ne les oubliez pas, vous !
*************************
Une de mes odeurs favorites… vous allez me prendre pour un dévoyé… est celle du bitume chaud lorsqu’on le répand sur les trottoirs.
Remarquez, j’aime aussi l’odeur de l’éther, et celle de l’essence… Bizarre, vous avez pensé : bizarre ?
C’était il y a quelques années. Je bossais alors au rez-de-chaussée d’un immeuble ancien, seul dans un bureau ayant fenêtre sur la rue. On était en été, et il faisait un temps superbe.
J’allai donc, en arrivant, ouvrir la fenêtre en grand pour tomber nez à nez sur un jeune et grand garçon noir, africain sans doute, qui me fit un immense sourire.
Choc ! Il devait avoir mon âge — soit vingt-cinq ans —, et me dit tout de go :
— Bonjour Monsieur ! Désolé, mais vous allez devoir refermer bientôt, parce qu’on met du goudron ici !
— Oh, ça ne me dérange pas…
— Comme vous voudrez.
C’était une splendeur que ce garçon-là. Son visage rectangulaire et parfaitement régulier était empreint d’une telle noblesse qu’il m’impressionna vivement… comme il m’attira irrésistiblement.
Je n’avais pas grand-chose à faire, à cette période, aussi décidai-je de m’asseoir sur le bord de la fenêtre pour suivre les travaux… et mater mon bel Africain.
Chose qui aurait dû attirer mon attention : il n’avait strictement aucun accent… africain, du moins. Mais une trace locale que je n’identifiai pas. J’étais tellement fasciné que je ne pensai point.
Je n’avais jamais fréquenté de noir, et ce fantasme me traversait régulièrement la tête…
Je le regardai donc… pour m’aviser qu’il avait repéré mes regards, et qu’il me les rendait avec de larges sourires, tandis qu’il balayait la surface à recouvrir…
Il ne portait qu’une large salopette, et pas de chemise. La beauté de ses épaules comme la musculature de ses bras ne tarda pas à me donner le tournis… Et la chaude couleur de sa peau !
Bref, j’étais parti dans un fantasme éperdu… Il avait l’air tellement gentil, aussi, avec ses airs de petit garçon dans un corps d’athlète olympique !
Le boulot commença et l’odeur si troublante du bitume commença à m’enivrer… comme si la beauté de ce garçon ne suffisait pas !
Il ne cessait de m’envoyer des regards, comme s’il vérifiait que je le regardais bien… Dieux, qu’il était beau !
Quand les mètres de trottoir furent recouverts, il me fit signe de sortir, ce que je fis à toute vitesse !
Un passage avait été prévu, et il m’attendait juste devant la porte de l’immeuble. On ne se dit rien. On se regarda bêtement, plutôt… Enfin, moi, surtout ! Puis j’osai :
— Un coup à boire ?
— Oh oui, ce serait gentil !
Je le fis entrer et, dans mon salon, il fit tomber ses bretelles… retenant de justesse le bas ; mais j’avais pu voir qu’il n’avait pas de dessous…
Quel torse ! Et de si jolis tétons pointus… Et ce sourire !
— Alcool, ou pas ?
— Oh oui ! J’en peux plus là !
— Des bulles ?
— Youpi ! fit-il, le visage éclairé comme celui d’un gamin à qui on venait de promettre le cinéma.
Dieux, qu’il était beau !
Les bulles ont ceci de charmant qu’elles désinhibent assez vite… surtout quand on est à jeun, et je me détendis promptement.
— Au fait, c’est quoi, ton nom ? demanda le garçon, me tutoyant spontanément. Moi, C’est Valentin.
— Et moi Romain.
— Très joli… et deux noms latins.
— Hein ?
— J’me suis renseigné !
J’étais un peu épaté que cet ouvrier africain eût connaissance de ces choses : ou c’était un reste de racisme ?
— T’es d’où ? demandé-je sans réfléchir.
— Saint-Trou-les-Boutanches, Meuse-et-Loire.
— Connais pas.
— C’est sur la ligne de Nancy.
Je dus alors me présenter géographiquement aussi. On trinqua et retrinqua, et je me sentais couler… en absence de tout iceberg.
Dieux, qu’il était beau ! Vint le coup de grâce :
— Là, je bosse plus aujourd'hui. Est-ce que… je pourrais prendre une douche, ici ?
— Ben… Non, car il n’y a que des bureaux, ici. Mais… si… si… tu veux… j’habite à trois minutes, et…
Le mec souriait de toutes ses dents, qu’il avait blanches et parfaitement alignées, et je perçus une petite touche d’ironie en ce sublime sourire…
— Si tu me proposes, je viens.
— Oui.
On y fut donc. Non sans se lancer des regards en coin sur le court chemin… Dieux, qu’il… etc.
— Tu te douches pas, toi ? me demanda-t-il alors qu’il avait viré sa salopette
Je me déloquai incontinent, ayant accepté les conséquences inéluctables de ce qui allait suivre…
Ma petite douche italienne pouvait bien nous contenir tous deux, et c’est ce qu’elle fit bravement. Mais elle n’empêcha point que deux quéquettes émues y fissent connaissance.
Son membre était long, mais pas trop, épais, mais pas trop non plus et… magnifique… plus que trop ! Bref, vous imaginez pourquoi le mien le prit pour petit camarade !
— J’aime bien tes poils noirs sur ta peau toute pâle, dit Valentin.
— Oh… Je…
— Dis rien, va ! Sauf si… t’as envie que je te prenne dans mes bras.
— Oui.
L’incomparable Valentin me saisit alors avec toute la douceur du monde et se mit à me faire des bisous dans le cou. Je sentais contre ma quéquette la vigueur de la sienne, et… surtout ! Surtout, l’incroyable douceur de ses bras et de sa peau.
Il ne fallut pas des ères, ni même des secondes pour qu’il vînt chercher ma bouche, que je lui donnai avec ivresse (oui, je sais que cette façon de dire est très… trop… mais bon, ce fut).
Sa langue furieuse dépassait tout ce que j’avais connu en ce domaine. Oh que j’en fus ivre plus encore que des bulles que nous avions ingurgitées !
Le moment dura au-delà du raisonnable… mais qui avait à l’être à ce moment ? On n’eut pas besoin de se sécher, et l’on fila tout droit à ma chambre.
Mon beau Lorrain (puisqu’il avait donc quitté le statut d’Africain) fut la perfection même.
Ce nous fîmes ne vous regarde pas… même si ça vous intéresse drôlement, j’imagine !
L’amour. C’est ce que nous fîmes doucement. Avec une sorte de respect mutuel qui m’étonna.
Il était magnifique du haut en bas, ce mec. Grand, mince mais musclé, parfaitement dessiné, il ressemblait à un kouros… si ce n’est qu’il avait la quéquette nettement plus développée que celle des jeunes gens grecs.
Nous nous emmêlâmes doucement, mais efficacement, et… mon beau Valentin fut en moi. Pas trop facilement, certes, compte tenu de son étonnante et grande beauté…
Mais j’y passai sans souffrir, tant il était doux.
Et il prit un plaisir que je sentis vif, mais qui m’étonna : il émit seulement des « C’est bon, c’est bon, Romain ! »
À ma surprise, il me pria de lui en faire autant, et… je fus encore surpris : son p’tit cul carré, que j’avait pourtant soigneusement léché longuement avant, se révéla bien serré…
Oh ! Il était pas puceau, tout de même ? Je le bourriquai gentiment, et il geignit juste ce qu’il faut pour me signaler qu’il aimait ça…
Et je débordai en lui, tandis que nous gueulions l’un et l’autre. Dans la douche, il me roula un super patin.
— J’t’adore, mon p’tit blanc d’amour !
— Merci, M’sieur !
— Tu voudrais que…?
— Quand tu veux.
Mélangés, et partageant les plus bavouilleux baisers, nous parvînmes pourtant à causer…
Non que j’eusse de réelles vues sur ce garçon, quelque beau qu’il fût, mais… il était tellement éblouissant !
Mais si nous avions des choses à nous dire était une autre affaire. Qui m'était sans réponse immédiate.
Ça ne m’engageait évidemment à rien de faire l’amour avec cette douce beauté… et je ne comptais pas m’en priver !
Valentin était un rayon de soleil, nonobstant sa sombre couleur. Ses yeux, son sourire, sa seule présence même éclairaient ma chambre et… je chavirai sans autre moyen de retrouver contenance.
Et une curieuse idée me vint à l’esprit, en caressant son torse à la troublante douceur : la peau noire m’était rassurante.
Et dire que je n’avais jamais réellement fantasmé sur les noirs ! Un peu, par-ci, par-là, comme je l’ai dit. Là, soudain, c’était une limpide révélation.
Je revins pourtant à la réalité, lui demandant :
— Y a quelqu’un, dans ta vie ?
— Quelques uns, oui ! fit-il avec un large sourire.
— Donc pas d’amoureux attitré ?
— Des p’tits copains de baise attitrés, on dira.
On se regarda alors un peu louchement, et Valentin finit par murmurer :
— S’tu veux… toi aussi, tu…
— Tu m’acceptes dans ton harem ?
Valentin rigola — ce sourire ! Et il opina à ma supposition. Moi, entrer au harem d’un ouvrier des travaux publics ! Si mes parents avaient eu vent de l’affaire, comme ils en eussent attrapé, des spasmes !
Mais il était souverain, ce garçon-là. Et j’étais subjugué, comme vous l’avez compris.
Les choses furent transparentes, dès ce moment. Valentin était d’ailleurs aussi simple qu’il était beau : la perfection.
Mais évidemment, comme il me l’avait dit, il n’avait pas que moi à satisfaire… Nous prîmes rendez-vous pour la semaine suivante, et je ne fis rien d’autre que de griller d’impatience à petit feu…
Je n’avais personne, alors, et les p’tits coups trouvés dans les bars gay de la ville ne me satisfaisaient évidemment guère. Et là… je ne sortis plus, attendant le rendez-vous promis en me morfondant comme un ado…
La seconde séance fut encore plus parfaite que la première… sans doute parce qu’elle était attendue avec ferveur. On s’entredéfonça nettement plus longtemps, d’ailleurs, et il parut qu’on prit un plaisir décuplé…
M’illusionnais-je ? Tout nu, lavé et léché… j’avais l’impression qu’il émanait encore de son éclatante beauté une fine odeur de bitume…
Bien sûr, le moment passa trop vite ; j’eus un nouveau rencard la semaine suivante…
Et ces choses durèrent tout l’été. Mais début septembre, je me décidai enfin à sortir : au Pélican moldave, vaste brasserie gay-freundlich du centre ancien. Où je tombai sur mon Valentin, entouré d’une bande de noirs fort joyeux ; il me fit signe de les rejoindre. Et la suite… fut que je me retrouvai tout nu dans un méli-mélo de beautés sombres, Valentin et cinq autres mecs de notre âge, et vigoureux !
J’en eus pour mon argent ! Il me parut vite que ces garçons étaient en manque de… blanc, mais pas le vin de nos provinces, non ! J’en pris pour mon grade — avouons que ça restera un souvenir extraordinaire et fantasmatique !
Je niquai moi-même tous les mectons, de réels beaux p’tits gars, mais, sur le chemin du retour, je me sentis las, et triste. Au point que les larmes me vinrent. Je dus m’essuyer les yeux et j’entendis :
— Ho ! Ça va pas ?
— Je… Oh !
Je me trouvai devant un jeune mec blond et souriant.
— Je peux vous aider ?
— Non, non… C’est trop con… la vie.
— Chagrin d’amour ? Je sors d’en prendre, alors je connais ! fit le garçon, joyeusement.
Je l’envisageai. Il était d’une grande finesse, et sans doute à peine plus jeune que moi. Et beau ! Je dus lui sourire. Son visage s’éclaira :
— Ah ! Ça va d'jà mieux ! Je suis Aurélien.
— Romain.
— Deux noms latins !
— Non, pas ça ! m’écriai-je.
— Qu’est-ce que vous avez contre le latin ? Et contre mon nom d’empereur… Romain ?
— Oh, tu… — là j’avais craqué.
La suite est assez convenue… j’en conviens. Nous nous plûmes… dans son plume. Bien sûr, compte tenu de mes exploits au sein du harem de Valentin, les choses furent tendres surtout, d’abord. Mais le samedi matin… Oh ! Qu’il fut beau, ce samedi matin-là !
Aurélien se révéla un ange. Et mille fois plus proche de moi que ne pouvait l’être le splendide et sexuel Valentin…
Pour la première fois, je fus amoureux… Sérieux ! On n’eut pas de mal à se découvrir, tant nos cultures étaient proches, et… si l’on a un projet, c’est de se marier.
Valentin éclata de rire quand je lui dis au téléphone que j’avais rencontré l’amour de ma vie. Il suggéra aussi que… Non ! Je ne prendrai pas le risque de mettre entre Aurélien et moi cette incandescente beauté !
Néanmoins, quand je passe près d’un chantier où il y a du bitume… je soupire. Alors Aurélien me file une grande tape sur la fesse, et ça passe.
25. VII. 2020
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Louklouk
Bonjour !

Ceci est un petit conte gay.

J'ai réellement entendu la première phrase de cette histoire au supermarché...
Bonne lecture, et à vos commentaires !
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Défi
Louklouk


Qu’il était triste, Quentin, ce samedi matin-là ! Il avait quand même réussi à s’extraire de son lit, mais le cœur n’y était pas !
C’était la première fois qu’il s’éveillait seul depuis huit mois… La veille au soir, une énième scène avait été le finale d’une jolie tragédie en un acte, dans le genre vériste, et il s’était fait plaquer dans les cris, les grincements de dents et les horions même… par une belle poupée dont il avait cependant compris, à cette occasion, qu’elle en voulait plus à son argent qu’à ses beaux yeux.
Il était riche, Quentin, et destiné à reprendre les entreprises de ses parents, auxquelles il était déjà associé, d’ailleurs, alors qu’il allait seulement terminer un doctorat…
Belle, bien foutue et aimant la baise, cette garce-là ! Et d’une famille pas totalement dénuée de pécune (mot fort ancien réutilisé par Alphonse Allais) non plus… Mais voilà : il venait de lui dire que le contrat de mariage concocté par ses parents ne lui donnerait aucun droit sur les biens de Quentin… et c’est à partir de là que les choses avaient dégénéré…
Certes, elle avait d’abord parlé de tout et de rien, au début, mais… in fine, c’était bien la question d’argent qui la chiffonnait. Oh ! Il ne doutait pas qu’elle reviendrait, car il restait malgré tout un parti enviable… et lorgné. Mais…
Mais ce matin-là, il était triste, Quentin, dans son appartement sis en un des anciens hôtels de sa famille, dans le vieux centre de la ville ; sa chope de thé en main, il avait été s’asseoir à la fenêtre pour songer devant l’antique façade qui lui faisait face : un hôtel un peu plus décrépit que le sien. Et vide depuis longtemps.
Et là… surprise ! Il vit un spectacle à ce point inattendu qu’il faillit en lâcher sa gamelle ! En face, la fenêtre était grand ouverte (on était début juillet), et il pouvait y voir un grand garçon, à peu près de son gabarit, se faire sucer par une drôlesse qui y allait de bon cœur !
Ce fut quand il ouvrit la fenêtre qu’il vit la scène, et que le mouvement attira le regard du grand sucé… qui lui sourit en lui faisant un geste de la main, même !
Quentin se recula vivement, mais l’autre lui refit un geste amical… et même, de la main, l’incita à mater.
Mi-intimidé, mi-honteux… et mi-excité aussi, Quentin regarda donc. Où il constata que l’autre ne le quittait pas des yeux Et puis… l’autre lui fit encore un geste de la main… indiquant qu’il avait à se branler.
Ce fut le cœur battant que Quentin reçut ce message, pensez ! Mais… le spectacle lui avait déjà donné une jolie ampleur dans le caleçon, et… au fond… Bref, il ne résista pas trop longtemps, posa son pot de thé et vira et t-shirt, et calcif… Et même, à sa propre surprise, il se leva pour monter son beau vit au voisin, qui se trémoussait sous les coups de langue de sa suceuse…et lui souriait largement.
On rappellera ici à ceux de nos lecteurs qui ne connaissent pas bien la ville que les rues du quartier ancien sont particulièrement étroites. À ce moment, le soleil tombait exactement dans l’axe de la rue, et l’on se voyait bien, très bien, même… Et Quentin se branla comme un exhibitionniste de carrière devant son nouveau voisin.
Qui ne tarda guère à prendre son pied, arrosant le minois de sa praticienne de longs jets blancs… tandis qu’une seconde plus tard, Quentin expulsait vivement son propre petit jus blanc par la fenêtre… sous le muet applaudissement de son voisin d’en face.
Honteux soudain, il se recula, mais l’autre dressa un doigt, d’abord, avant de le diriger vers la rue. Compris !
Cinq minutes plus tard, Quentin, vit la nana sortir de l’hôtel, alors qu’il sortait du sien. La demoiselle fut suivie presque aussitôt du garçon, un mec de toute classe qui lui fit la bise, sur le trottoir !
— Anne-François.
— Quentin.
— J’adore. Tu montes bruncher ?
— Hein ?
— Un p’tit brunch à deux, rassure-toi ! Tu viens ?
Quentin suivit, évidemment. Le garçon, un grand brun au teint pâle et à l’œil bleu était… fortement engageant.
L’appartement était du XVIIème et respirait une odeur d’ancienneté qui séduisit tout de suite Quentin, amateur d’antiquités, et d’anciennes beautés.
— On brunche au champagne, ou au café ?
— Oh, le café, à cette heure…
— Compris ! Tu m’aides à préparer ?
On descendit dans une cuisine que Quentin estima du début du XVIIème, une authentique splendeur où le maître des lieux sortit du frigo (fin XXème, lui) des tas de petites choses délicates et excitantes… qui firent dire à Quentin :
— Mais… pourquoi t’as pas partagé ça avec ta copine ?
— C’est pas ma copine, mais ma fiancée. Je la baise… parfois, mais je l’aime pas. Nos familles ont organisé ça, mais… Bon ! J’te fais pas chier avec des histoires idiotes ! Et toi, t’en es où ? Je vois que t’habites l’hôtel de Chantebourg : t’es de cette famille ?
— Hein ? Oh ! Non ! Je savais même pas… Je…
— Laisse tomber, j’m’en fous, de ces histoires de famille !
— Je suis de Palefroy.
— Ah ! Alors ça change tout, M’sieur ! Car nous sommes cousins !
— Hein ?
— Par les Chantebourg, justement fit Anne-François tout sourire.
Et qu’il était beau, ce sourire ! Et ce garçon continua :
— Alors mon cousin, il faut que nous fassions connaissance… d’autant plus que nous savons déjà l’un de l’autre des choses intimes !
Quentin dut sourire : c’est qu’il était craquant, ce mec !
Champagne, donc, et moult autres mignonnes choses, tandis qu’on parla d’abord de la famille, pour se situer — ça se passe ainsi, dans la noblesse.
Puis Anne-François demanda, tout à trac :
— Comment tu la trouves, ma suceuce ?
— Hein ? sursauta Quentin, peu habitué à un langage si direct. Ben… pas mal, oui…
— Sauf que tu sais pas comment elle suce ! Tu sais quoi ? Ça m’a bien excité quand j’ai repéré que tu nous matais… et je crois que c’est ce qui m’a fait jouir un max !
— Hein ?
— Ouais… Entre cousins… si tu me promets le silence…
— Bien sûr, dit gravement Quentin.
— C’est pas la suceuse de l’année. Ni même du siècle !
— Mais si elle te plaît ?
— Oh ! Ça !... Tu sais bien que dans nos familles, faut se marier parce que… et non parce que…!
— Oui, je sais.
On parla alors, beaucoup, et longtemps. Ces jeunes gens se trouvèrent vite des points communs… dont le principal était que leurs familles les pressaient de se marier.
— Putain ! Pourquoi y nous laissent pas baiser tranquille un maximum de temps ? demanda enfin Anne-François. Après on pourra toujours réunir les terres, les fermes, les châteaux… et faire des p’tits à la connasse du jour !
— T’as pas l’air d’apprécier ça, la connasse du jour, Anne-François ! fit Quentin, réjoui.
— Entre nous… mon cousin… t’aimes ça, toi ?
— Ben… fit Quentin, surpris, oui, oui… mais je dis pas que c’est toujours facile !
— C’est jamais facile ! Elles font chier tout le temps, et en plus, elles sucent mal ! Non, mais, j’te jure ! En plus, celle-là attend que ma couronne !
— Pardon ?
— Mon père est marquis. Elle serait du moins comtesse en attendant qu’il défunte !...
— Oh ! fit Quentin, stupéfait : dans sa famille, noble elle aussi, on ne voyait pas les choses ainsi.
— Est-ce que… deux choses : tu reveux du champagne… et tu accepterais de devenir mon ami, en plus d’être mon cousin ?
— Oui pour tout ! fit Quentin, à qui la mine étrange d’Anne-François avait donné le sourire.
Quelle bizarre situation ! Ce mec… inattendu était… si séduisant, dans son étrangeté ! Et si attirant, aussi !
— Je dois faire des courses en ville, dit soudain Anne-François. Tu viens dîner, ce soir ? On dit huit heures ?
Quentin sourit : cette opportunité lui ôterait sûrement de l’idée sa récente déconvenue. Anne-François lui fit la bise :
— À tout à l’heure, mon cousin !
Il avait à peine traversé la rue que son téléphone sonna : son ex. Il ne lut le message qu’arrivé chez lui… et l’effaça immédiatement.
Puis il se vautra sur la magnifique duchesse brisée Louis XV qui ornait son salon et soupira… Quelle drôle de rencontre, tout de même !
Oui, ça lui ferait du bien d’oublier cette coureuse de dot… qui l’avait maltraité ! Cette formule le fit sourire, d’ailleurs. D’autant que… selon toute apparence, Anne-François était en le même cas que lui.
Il voyait évidemment, lors des réunions de famille, ses innombrables cousins proches et lointains, mais… il n’avait d’intimité avec aucun. Là… il le trouvait drôle et attachant, ce garçon… Anne-François ouvrit grand la porte en clamant :
— Messieurs, le sire de Palefroy !
— Hein ? fit Quentin en ayant un petit recul.
— Entrez, Monseigneur !
— Mais… fit Quentin, presque effrayé.
Anne-François lui fit la bise et souffla :
— Je déconne : on n’est que tous les deux ! Ou tu aurais préféré ?...
— Non, non ! Ouf !
— Entre, mon cousin. Je me suis pas emmerdé, et comme je suis pas là depuis longtemps, je sais pas où sont les boutiques… Tu me diras ! Donc : j’ai prié un traiteur. Et ça m’a pas l’air mal ! Champagne ?
Quentin, complètement séduit par l’élégance et l’aplomb d’Anne-François, se laissa faire avec volupté… Oh, que ça le changeait de sa mégère ! (oui, c’est ainsi qu’il la voyait maintenant !)
On recausa famille, châteaux, vieille noblesse, et toutes ces sortes de choses… Où Quentin vit que si Anne-François les connaissait par cœur, il semblait avoir en tête une autre idée de la vie… Il n’en sut guère plus ce soir-là, où l’on se régala, le traiteur n’étant pas un débutant !
Mais… il avait à peine regagné ses pénates qu’un message d’Anne-François lui disait : « Tu me manques ! »
Il alla à sa fenêtre : de l’autre côté, Anne-François l’attendait, qui lui envoya des bisous de la main…
Le champagne fut sans doute pour quelque chose dans le fait qu’il eut du mal à s’endormir, ce soir-là… mais sûrement plutôt l’étrange et séduisante personnalité de son nouveau cousin, Anne-François de Bellebranche.
Au matin, il trouva un message : « Tu me fais visiter le quartier ? Et tu viens d’abord déjeuner ? Je t’attends. »
Quentin s’apprêta à toute vitesse et courut en face, sans se poser de question… Anne-François l’enlaça vivement et dit tout de suite, l’air réjoui :
— Ma meuf a été rappelée dans notre province… donc je suis plus de corvée de glandes avant un bon mois !
— Hein ? sursauta Quentin.
— Je voulais dire que j’aurai pas à la baiser, voilà ! Tu m’as bien dit que tu restais chez toi tout juillet ? Alors si tu veux de moi comme ami et cousin, et compagnon de vacances… je suis à toi ! fit Anne-François, rayonnant.
— Évidemment ! fit Quentin sans réfléchir.
— Merci ! fit Anne-François en venant poser un bisou juste au bord de la bouche de son cousin… avant de le regarder dans les yeux, gravement.
On organisa vite fait le programme du jour, et des suivants. Anne-François voulait tout savoir… qui en savait déjà beaucoup. Quentin fut cependant sensible au fait que ce jeune homme ne se mettait jamais en avant, au contraire ! Anne-François ne cessait de lui poser des questions… jusqu’à celle-ci, dans la rue :
— Est-ce que… t’as d'jà… fait l’amour avec un mec ?
— Ah non, non !... Et… toi ?...
— Ben… non… pas encore.
Le cœur de Quentin se mit à battre un peu fort : qu’y avait-il à entendre, en cette question… et surtout en cette réponse ? Est-ce que… Anne-François ?...
Celui-ci le pria soudain en un joli salon de thé au somptueux décor à l’ancienne… et qui s’avéra gay.
— Oups ! J’avais pas vu l’ambiance ! dit Anne-François, on sort, s’tu veux ?
— Chuis pas gêné… Toi ?…
— Un peu gêné de t’avoir mené là, mais… on reste !
Alentour les mecs, par deux ou trois, se tenaient la main, se parlaient à l’oreille, se bécotaient aussi… Il y avait d’ailleurs aussi des couples de filles.
— On vous sert quoi, les garçons ? demanda le serveur.
— Peut-être… fit Quentin.
— Vous avez du champagne ? coupa Anne-François.
On trinqua donc auprès d’un joli tas de petits fours…
— Quentin… commença Anne-François, l’œil bas, quand je te compare à ma connasse, j’ai l’impression d’avoir toujours attendu quelqu’un comme toi. Je suis pas gay, mais… t’es incroyable, Quentin. Tu crois que… on peut aimer un garçon quand on n’est pas gay ?
Quentin frémit de tout son être ; il retint ses larmes de justesse et parvint tout de même à articuler :
— Ta question est idiote. Si tu aimes un garçon… alors cette question n’a pas de raison.
— Je sais pas. Je voudrais… essayer. Avec toi.
— Oh ! Je sais pas non plus… Avec moi… tu veux ?
On se regarda alors… et les larmes roulèrent de bon cœur sur les joues de ces jeunes Messieurs ! On changea alors radicalement de sujet et l’on termina les bulles dans la joie… avant de commencer la vie dans l’émotion.
Aux dernières nouvelles, ça se passe bien, dans les vieux hôtels de la ville… Et… oui, il semble qu’on puisse aimer un garçon, si l’on n’est pas gay !

2020
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Louklouk


Le Fils de ma concierge

Conte sur une seule rime

Enfin nous revoilà dans les feux de l’été…
À poil, fenêtre ouverte, en toute liberté !
Car c’est qu’il fait si chaud que l’on a tout jeté…
Le fils de la concierge, ému, m’a remonté
Un très mignon boxer, fortement excité
De savoir, curieux, si je l’avais porté…
Je frémis, ouvrant l’œil sur sa jeune beauté…
Il reçut sa réponse, ayant l’air enchanté :
« Gardez-le, car trois jours il aura végété
Autour de ma quéquette, ayant bien profité
De toutes ces chaleurs ! » Ce jeune homme flatté
Me regarda la bite et l’œil fort dilaté
Souffla : « Putain, c’est beau ! — Nul mec n’en a tâté,
Garçon, le voudrais-tu ? » dis-je avec charité.
J’avais menti, bien sûr : la vaste quantité
De mes amants était seule réalité…
« Arrive, beau jeune homme et prends la privauté
De me saisir le jonc avec simplicité :
Il n’attend que ta main, et ta timidité
Ne t’empêchera point, tout vêtement ôté,
De recevoir de moi compliment mérité !... »
Le minet vira tout, et son corps velouté
Couvert de sombres poils à mon œil enchanté
Offrit un univers soudain illimité…
Oh non, je n’aime pas que la perversité
S’insère aux doux moments de la lubricité !
Là, j’étais simplement par sa grâce épaté,
Tant j’aime ce poil noir et si peu fréquenté !
Il était pur et doux, et non point effronté,
Ce jeune homme viril dont la légèreté
Me tripotait le vit, inexpérimenté…
Il fit ce qu’il fallait, et sa dextérité
M’offrit les longs matins qui font l’éternité…
Je n’avais point prévu que sa suavité
Atteindrait les sommets de la salacité !
Mais, dans ces moments vifs, et pour moi nouveauté,
Jamais je n’eus l’écho de la perversité !
Le fils de ma concierge, avec agilité,
Manipula ma bite, et mon autorité
Dut réfréner l’ardeur de sa vivacité :
« As-tu, joli garçon, souventefois goûté
Aux saveurs d’un gourdin ? Serait-ce cruauté
Que te prier d’agir en efficacité
En y mettant ta bouche… et son avidité ? »
En moins d’une seconde il m’avait contenté !
Ô sublime suceur, par la grâce habité !
Il me pompa le nœud avec voracité,
Et je ne tardai point, malgré ma volonté,
À l’inonder… Il but sans être dégoûté.
« Ô mec, tu me plais trop ! fis-je avec loyauté,
Je te dois la pareille, en toute honnêteté.
— Oh oui ! Mais… cependant, avec sincérité…
Dirais-je qu’hétéro, je l’ai toujours été ?
— Oh ciel ! Gentil Miguel, oh ! je t’ai maltraité ?
— Oh non, non, t’es si beau ! Et… t’es si bien monté ! »
Je rougis… mais pourtant… compliment mérité !
Ce bel enfant n’eut pas d’obstacle argumenté :
Comme il se laissa faire, avec grand volupté !
Il gémit et geignit comme un persécuté,
Et s’agitant avec impétuosité
Il m’inonda tout net d’un flot illimité…
Ô comme je l’aimai, dans sa limpidité,
Le flux léger et doux de son intimité !
Il s’en fut vivement, et je l’ai regretté
Dès l’instant qu’il m’avait cruellement quitté !
Miguel ! Reviendras-tu ? Ton amabilité
Sourira-t-elle encor de ma sincérité,
Celle qui ne dit rien mais dont la gravité
Jure avec les serments qui font l’éternité ?
Miguel ! Je souffris tant, croisant ta pureté,
Dans les cruels moments où ma naïveté
A vu dans tes regards tout une immensité !
J’attendis ce garçon, en ma stupidité…
Je ne le croisai point, mais ma témérité
Si sincère peut-être émut l’adversité…
Tandis que je souffrais de sa sévérité,
Il advint que sa mère, un jour, m’a raconté :
« Miguel ne va pas bien : il semble tourmenté.
Voulez-vous lui parler ? » Je fus donc invité
À venir dans la loge, et voir mon entêté…
Un sourire banal, mais sans méchanceté,
M’accueillit ; il n’avait plus la moindre gaieté.
« Oh, Miguel ! Tu m’en veux de ma grossièreté !
— Non, non, jamais, pas ça ! — Mais ton anxiété…
— …ne vient tout simplement que de ma lâcheté.
— Comment t’aider, Miguel ? Je te sens irrité…
— …quand je ne le suis pas ! Si grande nouveauté
M’a seulement fait peur, et… ta virilité
M’a troublé grandement, quand sa sérénité
Rangeait nos petits jeux dans la normalité !
— Viens chez moi, s’il te plaît ! Notre priorité
Sera de nous parler : bientôt la vérité
Éclairera ton âme, et la proximité
De nos corps te sera d’une banalité !
— Crois-tu vraiment qu’on puisse, en toute impunité,
Prévoir des lendemains pleins de fécondité ?
— Nous irons pas à pas, et c’est notre unité
Qui dictera ses lois : Miguel ! Ma loyauté
Te promet les splendeurs de l’immortalité.
Il est resté sans voix, dans sa perplexité ;
Mais dieux, qu’il était beau ! Mon jeune révolté
Eut un large sourire ; avec solennité
Il me tendit la main, que je pris, envoûté.
Nous montâmes chez moi, et l’intrépidité
Fut vite notre lot, lorsque la nudité
À nos regards brillants montra sa royauté !
Je l’aime ! Et sais jouir de la complicité
Avec ce doux garçon… son amabilité
Nous permet de contrer notre fragilité…
Miguel est revenu ! Combien je l’ai fêté !


3. VIII. 2020
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Défi
Louklouk


Corentin, comme à son habitude, s’était aposté à la petite fenêtre de sa chambre, la seule qui donnât directement sur le jardin du voisin. Et d’icelle, il espionnait ledit voisin, nouveau venu dans la commune de ses grands-parents où il passait lui-même ses deux mois de vacances.
À vrai dire, il n’y avait pas grand-chose à voir : l’homme était seul, et passait ses journées à dessiner sur une table d’architecte.
Mais au bout de trois jours, Corentin commença à douter de son professionnalisme : en effet, et grâce au mouvement tournant de la table, suivant le mouvement du soleil, il ne trouva point que cet homme travaillait comme un véritable architecte, en vérité.
Mais bon ! Il faut dire ici que Corentin était un joli petit garçon de dix-neuf ans, brun à l’œil bleu, qui terminait sa première année d’allemand à la fac, et qui avait d’abord tendu l’oreille quand Papy et Mamie avait cité leur nouveau voisin, un nommé Neumann.
— S’il est allemand, il n’a pas d’accent, alors ! avait répondu Papy à la question de Corentin. Tiens c’est vrai qu’il faudrait lui demander… Moi qui étais un assidu des voyages de classe en Allemagne, dans notre ville jumelle !
— Qui était ?
— Wurtzbourg, en Bavière. J’y ai passé de bons moments, tiens !
Corentin fila dans sa chambre pour consulter Internet. À soixante-cinq ans tout juste, Papy n’avait rien de sénescent, au contraire ! Et son œil brillant venait de dire à Corentin qu’il s’y était bien amusé, à Wurtzbourg !
Où il eut une bizarre surprise : Wurtzbourg possède un gigantesque palais baroque, inscrit au Patrimoine de l’Humanité, et dont l’architecte ne fut autre que Balthasar… Neumann (1687-1753). Une des stars du baroque européen.
Mais il n’y avait sans doute aucun lien avec le beau voisin… Tiens ! Parlons-en, d’iceluy !
Grand et blond, il était particulièrement bien foutu : cela, Corentin le voyait de son poste d’espionnage, car le mec travaillait toujours en boxer. Parfois, Corentin le surprenait à s’enduire de crème solaire. Et il admirait sa superbe plastique. S’il avait entre vingt-cinq et trente ans, c’était bien le maximum. Et Corentin, qui avait laissé sa première petite copine officielle pour les vacances — mais on s’écrivait tous les jours, photos à l’appui —, alla mater son voisin. En vain : il était sans doute trop tôt. Redescendant, un peu défrisé, il se vit confier une mission : celle des courses au marché du village.
Moment plaisant, d’autant qu’il vit là un grand camion faisant office de bazar, jamais vu auparavant, et où il musa un bon moment.
Soudain, il entendit parler allemand, derrière lui ; il se retourna pour voir le voisin en conversation avec une famille de touristes, à qui il donnait des conseils.
Mais aussi, le voisin tourna soudain la tête, croisa son regard… et lui sourit, tout en continuant de pérorer dans la langue de… Balthasar Neumann.
Or il arriva que le voisin indiqua une fausse direction, pour quelque but touristique… et Corentin osa :
— S’il vous plaît… fit-il d’une toute petite voix, en allemand, comme la conversation qui s’en suivit.
— Oui ?
— Euh… Ce n’est pas la bonne route, pour aller…
Et Corentin expliqua posément, en s’efforçant de prononcer le plus parfaitement du monde, comment se rendre où le voulait cette famille, sur un site en amont du pays, et non plus bas. Le père, jovial comme tout, était ravi et insista pour inviter ces messieurs à l’apéro, au café du village. On causa gentiment ; cette famille était de Cologne, dont le voisin, nommé Friedhelm, loua la beauté de la cathédrale et des basiliques.
— Il y en a douze, je crois ? osa Corentin.
— Ouaouh ! C’est vrai, Corentin ! fit le père, épaté.
Corentin rougit sous les compliments de tous. La conversation reprit ; Corentin était à la fois à son aise dans cette société chaleureuse, où il était content de bien se débrouiller pour parler, et intimidé par la proximité du superbe Friedhelm… qui pourtant était la simplicité même.
On finit par échanger ses coordonnées… mais Corentin ne dit rien de sa proximité géographique avec le beau Friedhelm… Car il le trouvait beau, vraiment, vu de près !
On se sépara donc, après qu’on se fut promis de s’écrire au plus tôt. Et Corentin termina les commissions.
— On pourrait l’inviter à l’apéro, le nouveau voisin ? proposa le grand-père. D’abord on ne sait rien de lui : on a eu beau interroger tout le monde, personne ne sait s’il a acheté, ou s’il loue aux deux vieux gâteux qui…
— Papy ! coupa la grand-mère. Vu qu’il a un nom allemand, on va envoyer notre étudiant chéri pour l’inviter, des fois qu’y cause pas français !
Après le déjeuner, c’est un Corentin bien excité qui chopa en douce les jumelles du grand-père pour aller mater le voisin.
Où il eut une heureuse… très heureuse surprise : Friedhelm était nu dans son jardin. Et il faisait là quelques exercices d’assouplissement qui… produisirent l’effet inverse chez son jeune m ateur. Mais bon ! il fallait tenir les jumelles de marine (comme vous l’aviez deviné, Papy était de Caen… ville jumelle de Wurtzbourg), et pas moyen de se tripoter devant ce sublime spectacle !
Et puis… Oh ! Et puis… Friedhelm se mit à se palucher doucement, vautré sur un fauteuil de jardin… Oh ! Qu’il était beau ! jugea un Corentin porté à l’incandescence. Et si Friedhelm finit par se calmer, Corentin alla jusqu’au bout, lui ! Et bien, encore…
Sa chambre disposant d’un petit lavabo, il s’y rafraîchit la quéquette avant de retourner mater. Friedhelm installait sa table à dessin, nu toujours. Avec les jumelles de Papy, Corentin put voir ce qui s’y passait. Et à sa surprise, Friedhelm dessinait de l’architecture… baroque.
Vers quatre heures, il fut hélé du bas. Où on le pria d’aller prier, justement, le voisin pour l’apéro du soir.
Ou il se rendit… quasi tremblant.
— Ho ! fit Friedhelm, vêtu d’une djellaba turquoise, mais qu’est-ce que tu fais là ?
Ceci en un français parfait.
— Je… Je viens vous inviter… fit un Corentin tout rouge, pour… pour… l’apéro, ce soir.
— Hein ? Mais… Entre !
Sur le vaste mais antique sofa du salon, Friedhelm reprit, tout sourire :
— Dis-moi tout ! Et d’abord : comment tu m’as retrouvé ? T’as que mon adresse mail, non ?
— Ce sont mes grands-parents qui t’invitent… et qui sont tes voisins.
— Ah ! Ah ! Ah ! éclata Friedhelm d’un superbe rire clair et assez communicatif pour qu’il détendît Corentin. Mais pourquoi tu m’as rien dit, ce matin ?
— Je savais pas que c’était vous, le voisin.
— Ah ! Ah ! Ah ! T’es trop, toi ! Oh, Corentin ! Vraiment tu me fais plaisir ! Je suis si content de te revoir… Je dois te féliciter pour ton accent, et ton allemand en général… et pour ta culture : comment que tu leur en as mis plein la vue, au Colonais !
Corentin dut sourire, et Friedhelm poursuivit :
— C’est un drôle de hasard : j’ai justement deux bouteilles de kölsch, t’en voudrais ?
— Euh… C’est quoi ?
— La bière de Cologne, délicieuse !
Et Corentin de trinquer dans un verre prévu pour ça : à Cologne, ils sont fins, cylindriques… et petits. Mais la bière de Cologne passe vite, tant elle est agréable, et un peu parti, Corentin répondit :
— Oui, Balthasar ! à Friedhelm qui lui proposait une autre bière.
— Hep ! Je m’appelle Friedhelm, moi !
— Oh ! Pardon, c’est… l’architecte, et…
— Corentin ! C’est… étonnant, ce que tu me dis là ! Je suis un lointain descendant de Balthasar et…
Alors Friedhelm se saisit de Corentin avec une douce vivacité, et le ceignit de ses bras musclés… et Corentin, infiniment troublé par cette étreinte se demanda si… Oh, si !... Si sa personnalité… profonde… sa personnalité était… commuable en…
Car il était doux, ce mec, doux ! Il se laissa caresser doucement un joli temps avant que Friedhelm le relâchât ; rendez-vous était pris pour sept heures.
Il n’en revenait pas, Corentin, qui s’était jeté sur son lit, la bite encore raide de son étreinte avec le bel Allemand — Friedhelm vivait à Francfort. Et il se tripota avec frénésie, pour parvenir à de jolis sommets en bien peu de temps !
L’apéro fut des plus distingués, et Papy rassembla tout l’allemand qui lui revenait pour épater le voisin… Mais Mamie n’était pas en reste, qui avait aussi ses notions, et la conversation fut des plus enjouées.
Au terme de laquelle Friedhelm demanda :
— M’autorisez-vous, Madame, à vous enlever Corentin, ce soir ? Il me reste un peu de charcuterie allemande… mais pas assez pour faire un banquet ! Alors…
— C’est Corentin qui décide ! fit Mamie, en joie.
Une demi-heure plus tard, Corentin suivait le blond Allemand, qui lui déballa sa charcuterie… au sens premier du terme ! Et qui dit aussi :
— Chez nous en Allemagne, on ne fait pas de manières avec la nudité… Est-ce que je peux du moins me mettre en boxer, là ?
— Mais oui… Tout ce que tu veux…
— Toi ?
— Tout… ce que tu veux, susurra Corentin, rougissant.
— À poil tout le monde, alors… ça te choque pas ?
— Non… mentit Corentin, plus rouge que jamais.
Friedhelm vira tout et Corentin vit de près le joli et long serpent rose du garçon. Mais il eut du mal à se déloquer, ému qu’il était, et Friedhelm proposa, mettant la main à la l’ouvrage :
— Je t’aide, tiens !
Corentin se retrouva nu, et quasi tétanisé.
— T’es joli, toi ! Tu dois plaire, en ville ! Au fait ! Faut que tu me parles de tes amours, si t’en as !
Mais… à sa pire honte, Corentin se sentit commencer à bander. Friedhelm fit celui qui ne voyait rien, et parla d’autre chose : la charcuterie allemande, qu’il sortit du frigo. Ainsi que d’autres bières que celles de Cologne.
Il organisa un petit pique-nique en son salon, et Corentin, qui était au mieux de sa forme, vit que l’Allemand aussi commençait à croître bellement… À son étonnement, ce blond-là avait le poil noir, et fourni. Comme lui, d’ailleurs. Et ce furent deux mecs hautement érigés qui trinquèrent comme si de rien n’était, posés cuisse contre cuisse sur le canapé.
— Content de t’avoir rencontré, Corentin ! Heureux de te savoir germanophile… et phone, et… heureux de te voir aussi beau, termina Friedhelm en baissant les yeux sur la roide splendeur de Corentin… qui était joliment pourvu.
— Merci, mais… Oh, je sais pas quoi te dire, moi…
— Trinquons… et souris ! Et continue de bander, surtout ! T’es adorable, comme ça !
On trinqua et picora en souriant, lors. Mais évidemment… un silence un peu gêné s’instaura, que Friedhelm brisa enfin :
— Ta queue est magnifique, mais… t’es gay, toi ?
— Non !... Enfin… si, si, je crois !
— Tu me dis, quand tu sauras ?
— Si, si, je sais ! s’écria Corentin, éperdu.
On posa les chopes et Friedhelm vint prendre Corentin en ses bras, le plus doucement du monde, qui demanda à mi-voix, tout près de la bouche de Corentin :
— Tu veux ?
Corentin ferma les yeux, et pour la première fois sentit sur ses lèvres celles d’un garçon. Qu’elles furent douces, ces lèvres-là ! Comme aussi la langue qui rencontra la sienne… Alors on laissa le buffet pour se découvrir le plus délicatement de la terre, oh oui !
Sur le grand lit de Friedhelm, Corentin s’abandonna aux caresses infiniment douces de Friedhelm. Qui sembla vouloir en découvrir chaque millimètre carré, comme s’il eût été le premier explorateur à aborder au Canada ! Mais il y alla de la langue, lui, au bonheur inespéré d’un Corentin qui gémissait comme jamais…
On fit l’amour avec impétuosité, comme avec tendresse, et… et Corentin connut le plaisir bien inattendu de pénétrer de le bel Allemand, où il se déchaîna si fort !
Les choses en restèrent là… jusqu’au lendemain : dès lors, Corentin alla passer ses après-midi chez Friedhelm, qui dînait chez les grands-parents un soir sur deux…
On connut là une sorte de fusion, qui porta le jeune Corentin à des sommets inconnus de ses fantasmes…
Où Corentin sut que Friedhelm n’était pas architecte, mais dessinateur, et qu’il adorait faire et refaire les œuvres de son grand ancêtre…
Alors, Corentin lui donna des idées, et se mit lui-même au dessin… à l’admiration de ses grands-parents, qui l’encouragèrent vivement.
Vers le milieu d’août, Friedhelm demanda :
— Est-ce que… puisque tu sais et apprends l’allemand… tu viendrais vivre avec moi à Francfort ?
— Mais… Friedhelm… je ne suis… pas…
— Qu’est-ce que tu m’entonnes, là ? Tu ne m’aimes déjà plus ?
— Oh, oh ! Je ne veux pas te décevoir, surtout !
— C’est en m’abandonnant que tu me décevras, oui !
— Nooon !
Corentin tomba en pleurs en les bras d’un Friedhelm qui murmura, tout en lui caressant doucement le dos :
— Tu as commencé à me rendre heureux… et je voudrais te le rendre, ce bonheur… incroyable.
Il restait à convaincre les parents de Corentin… et autant vous dire que Papy et Mamie y allèrent de leur couplet !
Là, Corentin vient de s’installer à Francfort, et… il est sur un nuage qui dépasse hautement ceux de la pollution !
16. IX. 2020
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Louklouk
Hello !
Un petit conte léger...
Le défi met en évidence qu'un texte sans dialogues est vite lourdingue, et difficile à manipuler, et à lire, je crois...
Les dialogues permettent de faire avancer l'action de façon naturelle, légère et vive, et donnent aussi une bonne idée de la psychologie des personnages.
Bonne lecture quand même !
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Louklouk


S’il y avait une nana agréable à regarder, dans la boîte, c’était bien Olga ! Et d’ailleurs… plus d’un qui l’avait regardée ne s’en était pas mal trouvé… si vous me suivez.
C’est qu’elle avait du caractère, cette petite ! Grande, d’ailleurs, pour une petite. Elle se disait descendante des cosaques du Don, ce que son sourire, ses yeux d’un bleu ravageur et surtout son prénom faisaient accroire sans trop de mal alentour.
Oui, une très, très belle fille. Qui se faisait qui elle voulait, donc. Non sans allumer aussi, par-ci, par-là… ce qui, selon son ami et collègue Benoît n’était pas bien honnête, tout de même…
Comme tout le monde, il rêvait des charmes de la belle, de la splendide Olga ; mais sa timidité… olympique lui interdisait toute forme d’espoir.
De plus, ils étaient entrés ensemble trois ans plus tôt dans la boîte — une start-up en informatique qui marchait bien —, et ils étaient quasi immédiatement devenus potes. Ce qui rendait pour Benoît les choses infiniment plus difficiles : on se racontait tout, ou presque, et…
Bref, il rongeait son frein tout en baisant mainte donzelle de la commune : son frais minois aux boucles châtain, qui lui donnaient une allure de premier de la classe, et sa timidité surtout lui attiraient immanquablement les hommages… tactiles d’une gent féminine généralement attirée par ce type de client.
La vie ne lui était pas désagréable du tout, cependant, d’autant qu’il aimait son boulot, et qu’il était apprécié par tous, à la boîte. Justement à cause de son infinie gentillesse.
Mais justement… c’est à cause de cette particularité — le mec qui fait l’unanimité — qu’il lui arriva ce jour-là une bien étrange intrigue…
On ne baisait l’un ni l’autre, ce soir-là, et Olga l’invita dans une pizzeria où ils avaient leurs habitudes.
À peine le rosé italien entamé, ce fut elle qui attaqua :
— J’ai besoin de toi, mon p’tit chéri !
— Électricité, plomberie, euros ?...
— Ah ! Ah ! Ah ! J’t’adore trop, toi, tu sais ? Non, c’est… plus particulier
— Désenvoûtement, gains au jeu, retour d’affection ?
— Là tu… On dira que t’es pas loin de brûler.
— Tu me dis tout, ou je finis le rosé cul sec !
— Faudrait… que tu m’aides… auprès du patron.
— Hein ? sursauta Benoît, mais t’es une des meilleures de sa boîte !... Tu veux une augmentation, c’est ça ?
— Une augmentation… de sa bite, oui.
— Aaaah ! gémit un Benoît soudain dépassé par l’énormité de la chose. Tu rigoles, là ?
— Ben non. Je sais pas pourquoi, en dehors du boulot, où il est super chaleureux, y m’fait la gueule !
— Ben… T’es peut-être pas son type, tout simplement ! Et pis… qui le connaît, le type du patron ? Il cause jamais de ça, et personne de la boîte n’a jamais su quoi que ce soit de lui… ni rien fait avec.
— Moi, je voudrais, fit sérieusement Olga, que Benoît n’avait jamais vu si sévère.
— Oh p’tain ! Mais t’es grave, toi, tu sais ?
— Essaye, mon p’tit Ben-Ben ! Je serai pas ingrate !
— Passer après le patron, merci ! lâcha Benoît malgré lui.
— Non, il ne s’agit évidemment pas de ça, tu le sais, p’tit frère ! fit lors Olga en un large sourire qui doucha froidement in petto le joli Benoît. Simplement lui parler de moi sous un jour autre que celui du boulot. J’ai l’impression qu’il ne me voit pas comme femme… alors que moi, je le vois très bien comme homme !
— Et comme bite, aussi !
— L’une ne va pas sans l’autre, tu le sais bien, bébé !
Le dernier mot d’Olga acheva un Benoît soudain chargé de l’infaisable : placer un canon comme Olga, dont il espérait aussi les faveurs, auprès d’un mec qui s’en foutait, selon toute apparence…
Il se dit qu’il essayerait… au risque de se ridiculiser. Et il accepta le mandat. Du coup, l’Olga l’invita, la pizza descendue, à prendre la mirabelle chez elle…
« Elle doit y tenir, Mémène, pour me faire tout ce cinéma !... » songea-t-il, tandis qu’il sombrait doucement dans l’ivresse et d’un alcool de la meilleure qualité, et des paroles de la belle Olga…
Il rentra chez lui en zigzaguant, mais il était cornaqué, au téléphone, par la bienveillante Olga… qui suivait son poulain !
Il se trouva que le lendemain, il eut à conclure une importante affaire, et que le patron, Armel , un mec de trente ans charmant avec tout le monde — et de ce fait convoité —, dont les compétences étaient reconnues de tous, Armel, donc, le chopa en douce :
— Bien, ta façon de niquer les Anglais ! Je t’invite un de ces soirs, tu veux ?
— Oh ! Mais… s’tu veux, chef, j’t’invite d’abord, ce soir ! J’en avais plus que ras le bol de cette putain d’affaire et… et je respire ! Tu veux ?
— Avec plaisir, fit Armel, avec son air de petit garçon sage… et Benoît frissonna.
Au soir, il attendit le patron, qui faisait des minutes supplémentaires, et non sans qu’il eût promis à Olga qu’il s’occupait de son cas… tout en ne voyant pas comment.
On alla dans un pub nouvellement ouvert dans la vieille ville, et que l’un ni l’autre ne connaissait. Or… on vit tout de suite le drapeau qui décorait la façade : le drapeau gay.
— On change, tu veux ? fit Benoît, incertain.
— Non, non ! Zéro problème ! Généralement, y a une super ambiance, dans ces taules-là ! fit joyeusement Armel, à la surprise de Benoît.
De fait, l’ambiance y était douce, pour l’instant, puisqu’on était au début de la soirée. Et Benoît se demandait bien comment il amènerait Olga sur le tapis, dans une telle atmosphère !
Au reste, quand il prononça son nom pour la première fois, Armel l’arrêta aussitôt :
— S’te plaît, on parle pas de boulot, ce soir ! Olga est une super pro… mais ce soir, on cause de toi, et de ton succès, s’te plaît !
Ça, c’était clair ! On picola donc, et l’on parla de soi : Armel posa des questions perso auxquelles Benoît répondit simplement. Mais Benoît apprit aussi que son patron était seul, sans deviner si c’était par choix.
On picola, aussi, au point que Benoît osa :
— On boit pas trop, là ?
— Soit je te recommande au chauffeur du tramway, soit tu dors chez moi, et voilà ! répondit Armel, tout sourire. En tout cas, je te remercie… et je te rappelle que la prochaine fois, c’est moi qui invite… et… s’il te plaît… dans un bon restaurant… Je prospecte, là !
— Je n’en mérite pas tant… souffla Benoît.
— Tu mérites surtout une augmentation, oui ! Là, je peux rien te dire encore, mais… Oui !
— Oh ! fit un Benoît rougissant comme un petit garçon… ce qui lui valut de se faire prendre la main sur la table, tout doucement, par son Armel de patron. Qui devant la mine incertaine de son employé, murmura :
— Ici, c’est normal, tu sais ? Et c’est juste pour te dire que je t’apprécie hautement, depuis que tu es dans la boîte, Benoît. J’espère qu’on fera du chemin ensemble.
Où Benoît ne sut de quoi parlait Armel, en l’occurrence…
— Je sais, poursuivit le chef, que tu es proche d’Olga… ce qui ne me regarde pas, d’un point de vue privé, évidemment ! Mais je peux te dire en confidence que je l’apprécie grandement pour son professionnalisme : un bonne recrue, que je ne regrette pas… C’était le même jour que toi, si je me trompe pas ?
Benoît sourit gentiment — comment ne pas sourire devant un mec comme Armel ? Mais il ne répondit mot.
On repicola, donc, et Armel resuggéra :
— Tu veux venir dormir chez moi ?
— Non, t’es gentil… mais le tram a moins bu que moi !
— Tu acceptes mon invitation pour un de ces prochains soirs ? J’y tiens, Benoît. En plus de ce que je t’ai promis.
— Oui, Armel… fit enfin Benoît, troublé… les yeux plantés en ceux de son patron… qui ne souriait pas.
— J’t’emmène à la station, alors…
Juste avant qu’arrivât le tramway, Armel posa un bisou sur les lèvres d’un Benoît qui… qui adora ça, une fois avachi sur une banquette du tram ! Un bisou sur les lèvres !
Il se dépêcha de manger une épaisse tartine de rillettes (eh oui, il était de la Sarthe !), en arrivant, pour tenter de retrouver ses esprits, Benoît !
Mais il eut du mal à se repérer dans le vrai monde du lendemain, ce Benoît-là.
Olga, d’abord… qui sans trop insister, lui demanda à quoi il avait réfléchi.
— Oui, j’ai commencé à parler de toi, ma grande, mentit-il avec le sourire. Tout ce que je peux te dire pour l’instant, c’est qu’il te prend pour une vraie pro, et que c’est important pour lui.
— Et mon cul ?
— J’y ai pas encore demandé, excuse-moi !
Benoît gagna son bureau songeur : où le mènerait cette étrange intrigue ? Il ne se voyait pas organiser la moindre rencontre entre Armel et Olga, non ! Clairement, le patron n’avait rien à faire de ladite…
Entre-temps, il croisait un Armel tout sourire, qui le convoqua deux jours plus tard.
— J’ai pensé que… commença le patron, un peu emprunté, que… peut-être, on pourrait aller dans une auberge pas loin et… y dormir. Chacun sa chambre, bien sûr. Comme ça… on picole comme on veut… Tu vois ça ?
— Ben oui, mais… répondit Benoît, incertain, si tu veux m’inviter… peut-être qu’une pizza suffirait ?
— Ah ! Ah ! T’es trop mignon, toi ! Non, je veux vraiment te faire plaisir, Benoît, ah ! ah ! Je veux, en plus du reste, te montrer combien je t’estime. Ça me ferait plaisir, vraiment, tu sais ?
Benoît rougit et baissa le nez. Que lui voulait donc le patron ? Qui insista :
— Benoît : si ça ne te convient pas, comme idée, alors tu me dis non, tout simplement… et je trouverai bien un moyen de te faire plaisir.
— Mais… je dis… oui… fit difficilement Benoît.
Qui fut impressionné par l’immense sourire d’Armel. Et là… les deux regards se figèrent l’un en l’autre. Enfin, Armel susurra :
— Alors je réserve pour vendredi soir prochain, tu veux ?
Benoît crut défaillir, tant le fin sourire d’Armel était porteur de… de…
— En attendant, ce soir… tu…
— Oui, s’tu veux… fit Benoît, tel un zombie.
— Chez moi ?
— Oui, s’tu veux, fit Benoît, plus zombie que jamais.
— Je… Oh ! Comme je suis content que tu viennes !
Benoît regagna son bureau à tâtons… tout en repensant au bisou sur la bouche que venait, derechef, de lui donner Armel… Il avait connu des romances, certes, mais rien qui le troublât à ce point…
Le soir venu, il suivit Armel… sous le regard d’Olga. Et Armel lui demanda tout de go :
— Comment tu la trouves, Olga ?
— Éblouissante, évidemment !
— Vous êtes proches, je crois, mais…
— Non, rien entre nous, coupa doucement Benoît.
— Est-ce que… tu voudrais que je lui parle pour toi ?
— Aaaah ! fit Benoît, sidéré, non, non !
C’était le monde à l’envers, tout ça ! Le vaudeville à l’état pur, Feydeau en moins !
— J’ai dit une connerie ? fit Armel, incertain.
— Tu n’en dis jamais… Là… tu ne sais pas tout.
On arrivait chez Armel qui, à peine sa porte refermée, vint poser un bisou sur les lèvres de Benoît, avant de le fixer gravement. Pour sourire enfin.
— Bienvenue chez moi, gentil garçon. On reparle d’Olga, ou…
— On fait tout… sauf de parler d’elle, lâcha Benoît.
Où Armel se saisit soudain de Benoît pour lui donner le plus bavouilleux des baisers… Benoît l’accepta avec volupté… et se sentit naître une vive excitation. Comme il sentit aussi celle de son patron.
Il ne se posait plus de question, là ! Il avait une furieuse envie de… Il ne le savait trop encore, mais comme il était chaud, soudain ! Ce fut avec fébrilité que ces garçons commencèrent à se défaire, là, dans l’entrée… avant de se transporter demi nus vers la grande chambre d’Armel.
— Je… Je sais rien, moi… susurra Benoît.
— Moi pas beaucoup, mais l’essentiel, c’est qu’on soit là, tous les deux… ensemble, mon Benoît ! On inventera !
Et les opérations, d’abord un peu brouillonnes, et même agitées, prirent tantôt un tour immensément tendre. On se regardait dans les yeux… et il semblait qu’on n’osât agir… alors que deux belles quéquettes bien roides se tendaient les bras, tout agitées d’impatience !
— Dire que j’ai espéré ce moment depuis ton arrivée dans la maison ! avoua enfin Armel. Et jaloux d’Olga !
On commença donc de s’aimer. Timidement, certes, mais avec une telle ferveur ! Où Benoît eut l’impression de rencontrer enfin ce qu’il avait toujours espéré, sans imaginer mettre un nom dessus.
Lundi matin : Olga. À qui il fallut bien parler : Armel avait donné à Benoît toute liberté de le faire.
— Bon ! Eh ben… T’es effectivement pas son type.
— Ah oui ? Et c’est quoi son type, alors ?
— Ben… moi.
— Tu te fous de moi, là ? rugit Olga.
Mais Benoît était sûr de lui… et n’avait plus peur de personne. Et encore moins d’Olga !
Deux semaines plus tard, Armel convoquait son personnel à un pot, où il déclara être fiancé avec Benoît. Et malgré qu’elle en eût, ce fut Olga qui lança le signal des applaudissements. Et, bonne joueuse, elle a accepté d’être le témoin de Benoît… car on va se marier bientôt.
8. IX. 2020
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