
La_petite_anonyme
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Défi
Il y a quelques mois de cela, pour la première fois de ma vie, j'ai pris consience de ce qu'était la "vraie solitude".
Je me souviens exactement de ce soir là, ce soir où j'étais descendu à la cuisine de mon foyer d'étudiants après une longue journée de travail. Là, les gens riaient, parlaient de vives voix et faisaient la cuisine avec engouement. Et moi, depuis ma petite chaise en bois, habillée d'un vieux jogging noir avec un sweat trop grand pour moi, je les ai regardés vivre sans les comprendre. J'étais comme ailleurs, piégée dans un monde qui n'était pas le leur, piégée dans un monde froid sans joie ni tristesse, juste vide. Ils étaient juste à côté de moi et pourtant, ils me paraissaient à des années-lumières de mon petit être.
Et puis j'ai fait comme si. Comme si je faisais partie de leur monde. J'ai souri, j'ai ri et j'ai parlé comme si de rien n'était.
Après avoir mangé, débarrassé et fait la vaisselle, je suis remontée dans ma chambre, je me suis effondrée sur le sol et j'ai pleuré. J'ai laissé couler toute la noirceur de mon coeur le long de mes joues. C'était comme si tout ce que j'avais encaissé pendant des années m'avait mis une énorme claque dans le coeur. Et c'est arrivé d'un coup, sans prévenir.
C'est là que j'ai senti ce qu'était la solitude. Je veux dire la "vraie solitude" , celle qui vous englouti, qui vous ronge, qui vous fissure le coeur dans le plus grand des silences sans que personne ne puisse vous comprendre ou vous sauver.
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C'était un mardi après-midi, le 23 Février 2021, après ma première séance chez le psy.
Ce jour là, j'ai appris que Laurent, un ami de mon père, s'était donné la mort en se jetant d'une falaise. Vous savez, ce genre de nouvelle arrive toujours au mauvais moment. Bien sûr, il n'y a pas de "bon moment" pour apprendre la mort de quelqu'un mais disons qu'il y en a de très mauvais. Et celui-là, en faisait précisément parti.
Je venais de mon éprouvante séance chez le psy. A ce moment-là de ma vie, tout allait mal et mes yeux ne faisaient que pleurer sans que je ne leur demande quoi que ce soit. Et c'est dans cette période, cette période où je portais ma vie comme un fardeau, que j'appris qu'un homme de mon entourage était mort de la même maladie dont je souffrais : la dépression.
C'était l'ami de mon père avec qui il faisait du skating chaque semaine pendant la période hivernale, c'était un homme connu dans mon village pour être très gentil dont je ne connaissais que le nom, le visage, son ex femme et ses enfants.
Ce soir là, je me suis mise à la fenêtre de ma chambre. J'ai regardé les quelques mètres qui me séparaient de cet homme. Puis j'ai levé mes yeux aux ciel. Il était beau ce soir là, mais si triste en même temps. Un air apaisant parcourait les rues de ma ville dans le plus doux des silences.
Et puis j'ai pleuré. J'ai pleuré, parce que c'était pas juste.
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Si je devais choisir la douleur la plus terrible que j'ai ressentie dans ma vie, du moins celle qui m'a le plus marquée ces derniers temps, je choisirais celle que je me suis infligée un jour de décembre.
Ce jour-là les messages fusaient. C'était mon ex-copain.
Tais-toi ! t'ais-toi ! T'AIS-TOI !
J'ai répété ces mots en boucle mais rien n'y faisait. Le téléphone continuait de vibrer. J'ai balancé le pot de crayons par terre et ça a fait un sale bruit. Un bruit fort et lourd. Plein de tristesse et de colère.
J'ai continué à ignorer les appels. Je ne peux pas répondre. C'est au-delà de mes forces. J'ai trop souffert et je suis épuisée.
Soudain, plus rien.
Et puis le téléphone s'allume, un message vocal apparaît.
"je te demande juste de faire preuve d'un peu d'humanité".
Je vois floue, mon cerveau se met à vriller, je balance tout ce que j'ai à balancer sous la main. Avec toujours ce même bruit, aussi sale et douloureux.
Mais ce n'est pas assez.
Rien ne me calme. Il faut autre chose. De plus fort, de plus insupportable.
Je regarde mon bureau, et puis les ciseaux brillent à la lumière du jour. Je les attrape, et regarde mon poignet. Ma peau est lisse et toute belle, comme celle d'un nourrisson.
Comment ai-je fait pour en arriver là ?
Je ne sais pas, je ne sais plus et je ne me pose même plus la question.
Je pleure. Je pleure parce que j'ai peur. Ce n'est pas la première fois que je le fais. Je sais que je vais souffrir et le regretter plus tard. Mais je dois le faire. C'est plus fort que moi.
Je grave alors les lettres, une à une. J'ai mal, terriblement mal. Mais je ne penses plus à rien d'autre qu'à cette douleur lancinante. Les pensées s'échappent et le cerveau se calme.
Je regarde mon poignet. Dessus, il est inscrit :
SALOPE !
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Défi
Aujourd'hui, pour Jeremy, le ciel était plus bleu que d'habitude. Cela ne lui arrivait pas souvent pourtant de le trouver aussi azur.
Il avait été jusque-ici seulement d'un jaune sans âme, sans tristesse, sans joie, juste le néant. Les oiseaux ne s'y aventuraient pas de peur de perdre des ailes au passage. Cela avait duré si longtemps qu'il avait fini par oublier la couleur du ciel d'avant ; d'avant les cris, la dépression, les psys, les médocs et les coupures de trop.
Et pourtant.
Et pourtant, aujourd'hui c'était différent. C'était différent parce que ce matin, son ciel à lui s'était mis à pleuvoir de grosses gouttes, débordant d'émotions dont il avait fini par oublier l'existence. Ça brûlait ses joues mais c'était agréable. C'était comme retrouver quelque chose que l'on aurait perdu des années durant.
Et puis la pluie s'était arrêté et un léger bleu avait fini par pointer le bout de son nez.
Ce n'était pas le bleu le plus marqué, ni le plus rayonnant.
Et pourtant,
Et pourtant, ce jour-là, Jeremy avait le sentiment d'avoir réalisé sur lui la plus grande des guérisons qui soient.
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Défi
Larves, Larva : dans les croyances des Romains, un mauvais esprit, une âme, qui, par suite de crimes commis durant la vie, était privée de repos dans la mort, et condamnée à errer de ça et là dans le monde, sans demeure fixe, tourmentant, effrayant et maltraitant les hommes.
D'après les superstitions, ces fantôme avaient l'apparence de squelette.
D'après les superstitions, ces fantôme avaient l'apparence de squelette.
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Défi
Il aurait aimé être encore dans la fleur de l'âge. Mais à chaque fois qu'il s'asseyait sur sa chaise, tous ses os se mettaient à craquer en concert. Ses mains épuisées et douloureuses pennent à l'aider. Il les regarde, et force est de constater que la corde aura eu raison de sa peau rèche et abimée.
Ses oreilles n'entendent plus grand chose, si ce n'est les accouphènes qui raisonnent à lui en percer les tympans. C'est le prix à payer quand on crit trop fort, la guitard électrique entre les mains pendant des décénnies.
Il repense alors aux années 50, 60 et 70 avec nostalgie. C'est à cette époque qu'il était le roi. Il criait alors pour les laissés pour compte, pour les révoltés, pour les plus tristes, pour les plus joyeux, pour les amoureux de la vie et puis pour les jeunes, les vieux et mêmes les gosses. C'est vrai quoi ! Tout le monde l'écoutait en ce temps là. Sous son nom, se trouvait stous les âges, toutes les couleurs, tous les sexes et c'était ça, ce qu'il y avait de plus beau.
Tout le monde pouvait chanter avec lui et qu'importe la forme où les habits qu'il devait porter. Ça lui faisait toujours plaisir que quelqu'un s'intéresse à lui. Il pouvait être progressif, il pouvait être dur, mélodieux ou bien punk, tout lui allait terriblement bien. Il était classique ou bien provoquant, doux ou bien aggressif ; lui il s'en fichait tant que ça plaisait.
Alors bien sûr, il aurait tout donné pour jouer une dernière fois avec cette Reine qui avait sû percer tous ses secrets, ou encore voler une dernière fois avec ces Aigles au dessus de la californie. Il aurait bien aimé monter à nouveau sur scène avec les scarabés grouillants sur la scène et faisant vibrer le public ou bien sentir encore une fois le piquant du Scorpion du temps de ses heures de gloire.
Mais tout ça, c'était plus ou moins fini. Il avait bien compris que son époque était révolue. Il y avait encore les fans, certains groupes qui persistaient mais c'était plus comme avant, ça non.
Mais la vérité c'est qu'il s'en fichait. Il y avait bien sûr la nostalgie qui lui enlaçait le coeur mais l'amertume, elle, n'avait jamais pointé le bout de son nez. Parce que malgré tout, il était content d'avoir vécu toutes ces années au gré des époques. Il était fier d'avoir régné sur l'occident tout ce temps là et il admettait volontier que l'heure de passer le flambeau était déjà bien entamée.
Alors de sa vielle rocking chair en osier, il regarde les petits nouveaux grandir à leur tour et cette vision lui suffit à le rendre le plus heureux du monde. "La musique est toujours dans le coeurs des gens putain " - pense-t-il. Alors, il se met à sourire doucement, laissant une larme se loger au creux de ses joues ridées par le temps.
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Un jour, on m'a écrit une lettre.
Une lettre pleine de mots ; de mots haineux, de mots cruels, de mots méchants. Le genre de mot que vous ne voulez pas lire et encore moins entendre. Le genre de mot qui vous poignarde le cœur et qui vous reste dans la tête.
J'ai tout fait pour les effacer. J'ai même ouvert ma peau ; comme si mes veines s'étaient empoisonnées de toute cette haine. Je suis allé voir le psy, j'ai essayé le sport, puis j'ai écrit des tonnes et des tonnes de mots à mon tour.
Mais rien n'y faisait.
Ils étaient toujours là. Toujours aussi tranchant, aussi nets et blessants. Toute mon âme était gangrénée.
C'est là que je compris le pouvoir des mots. C'est là que j'ai compris toute la puissance, toute la cruauté qu'ils pouvaient avoir. On ne peut rien faire face à eux. Une fois écrits, une fois dits, ils restent à jamais et rien ne peut les effacer ; pas même le temps, pas même le pardon.
C'est pourquoi j'ai décidé de vivre avec eux. De toute façon, je ne peux rien faire de plus. Je les porte en moi à chaque instant et je les accepte la plupart du temps. Mais quand la vie me fait à nouveau un mauvais tour, ils ressurgissent pour planter leurs griffes.
Et puis,
Et puis j'ai fermé mon cœur à double tour.
Le temps qu'il se remette du tranchant de cette lettre.
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