"Je ne tomberais pas plus bas"
Telle est la phrase que je me répète en boucle dans ma tête en fixant un de ces quatre murs faisant de cet endroit, une chambre d'hôpital.
Oui, je suis au plus bas.

Réponse au défi: "Une phrase donnée et tout peut débuter".

Réponse à "Le jeu des micronouvelles - semaine 67" Vendredi

"Les gens endommagés sont dangereux, car ils savent comment survivre."
Ce n'est pas un débat, ce n'est pas une hypothèse, et encore moins une question. C'est un fait.
Les gens, endommagés, blessés, abimés par la vie et ses aléas, savent désormais comment faire face à ces dramatiques contingences que nous impose ce doux cauchemar qu'est l'existence. Leur passé, leurs fissures, leurs échecs, leurs blessures et leurs cicatrices font d'eux de dangereuses personnes. Ils savent désormais comment survivre face à tout cela. Devenus plus forts, forgés par le temps et les événements. Ils peuvent se transformer en d'impétueux torrents déchainés lorsque l'averse est trop lourde, car ils ont été forgés par la pluie et les mauvais temps.
Alors oui, méfiez-vous.
Ils savent comment tomber, pour mieux se relever. Comment pleurer, pour mieux sourire. Comment mourir, pour mieux vivre.

Assise, fixant un point inexistant, mes idées cogitent. Mes larmes coulent telle une rivière chantante, célébrant la tristesse, d'un "nous" qui s'efface en même temps que les flots qui s'écoulent. Chaque larme emporte un souvenir sur son passage, jusqu'à ce que seul le vide me tienne compagnie.
Car tu m'as trahi.

Réponse au défi "L'Infidélité".

Seule face à cette vaste étendue d'eau, ce sentiment de solitude m'envahit. Certains peuvent le ressentir comme une bénédiction, et d'autres comme une atroce douleur ou une effroyable affliction. Peu importe, le résultat est le même. On ne peut se fier qu'à soi-même.

Nous portons tous un masque. Parfois, il est bien en place. Parfois, on le perd et on se lasse. On se lasse de le porter en permanence. Parfois, il s'accorde parfaitement avec le reste. Parfois, il est flou, vague, mal posé. Notre maquillage coule, nos vêtements tombent.

Je flotte tel une bouteille à la mer, m'évade, zigzague et tourbillone afin d'espérer arriver à bon port. Je vais à la rencontre des océans, caresse la brise marine et impacte quelques bancs de poissons.
Je vis ma vie en solitaire, en mer.

Il faut que je t'oublie. Je le sais.
Il faut que j'oublie ta douceur, ton odeur. Ton rire et ton sourire. Ton corps et ton âme d'or. Il faut que j'oublie ce "nous" qui me faisait tant rêver, notre couple pourtant si aimé. Un tout si parfait.
Il faut que j'oublie nos soirées à se chuchoter des mots doux au creux de l'oreille, que j'oublie nos journées sans pareilles. Que j'oublie ton visage tendre et tes jeux auxquels je me laissais prendre. Que j'oublie tout, que je nous oublie nous.
Il faut que j'oublie les états dans lesquels tu me faisais me sentir, tout ce que tu as pu me dire. Que j'oublie toutes tes blagues qui me faisaient rire, tous tes poèmes que j'ai pu lire. Tout ce qui me faisait entrevoir pour nous un bel avenir.

Je sens le vent me caresser les cheveux, ainsi que la chaleur ardente de son regard au creux de mon cou. Une simple séance photo entre amis? La façon dont il me dévisage en se mordant la lèvre ne m'a pas l'air très amical. Je croise son regard que je m'efforçais d'ignorer en détournant les yeux, et je m'avoue vaincue.
Je comprends enfin ce que je savais déjà au plus profond de moi, mais que j'essayais, en vain, d'ignorer, sûrement par peur de ce qu'il pourrait se passer ensuite. Peur de briser stupidement une belle amitié, à cause de quelques sentiments que je peux très bien ravaler, comme je le fais depuis toutes ces années.
Mais aujourd'hui, j'en ai marre de me cacher, marre de ne l'étreindre que dans mes rêves. Je veux que tous mes souhaients deviennent réels, et que l'image d'un "nous" ne soit plus qu'une simple photo que je ne peux qu'admirer dans ma tête.
Contrairement à ce que je faisais quelques secondes auparavant, je maintiens son regard et plonge mes yeux dans les siens, d'un vert envoûtant, perçant. Je le sens frémir au vue de mon attitude, mais il ne détourne pas le regard pour autant. Nos paroles défilent silencieusement. On se comprend sans un mot. La brise balaie sa mèche brune et je me sens défaillir. Je n'avais jamais réalisé à quel point il était aussi beau, à quel point j'avais autant besoin de lui.
Je m'approche doucement et retire tendrement cette mèche de cheveux qui lui cachent ses beaux yeux maintenant que la brise s'est assoupie. Mes yeux descendent petit à petit sur son visage, scrutant chaque morceau de sa peau, jusqu'à atteindre ses lèvres, que j'embrasse sans réfléchir. Surprise de ce contact nouveau, je me retire, la bouche encore brûlante. Cette fois-ci, c'est lui qui avance, et reproduit le même schéma, une main entourant mes hanches. Je ne le repousse pas. Car c'est tout ce dont j'avais besoin. Et je le comprends enfin.

Aujourd'hui, c'est ton anniversaire. Celui de ta mort. Cela fait maintenant quatre ans que tu as quitté ce monde, et que tu nous as laissés. Pour continuer à faire grandir ton souvenir, j'hume le parfum de ta fleur favorite et joue ton morceau préféré sur ton vieux piano en bois.

Elle. Cette ombre au parfum mortel, qui entoure ton enveloppe charnelle et t'étouffe sans un mot. Viens sans prévenir pour te faire la peau. À présent, c'est toute ta vie qui est en jeu. Ton corps, après le diagnostic, ne t'appartiendra plus. Tu seras bourré aux médicaments et à l'anxiété. Les crises d'angoisse t'empêcheront de passer une journée sereine. Les doutes, les remords, les regrets, tourmenteront ton esprit. Les torrents de larmes te feront tourner la tête. Tu en verras la fin. Mais pas celle à laquelle tu penses. Celle qui annoncera ta renaissance.

« Imagine juste une seconde. Regarde juste un peu ta vie… Et si un jour tu te rendais compte que c’était toi le monstre de l’histoire ? »
Allongée sur le ventre sur mon lit, cette phrase tambourine, tourne en boucle dans ma tête. Qui aurait pu croire qu'une simple lecture matinale m'aurait fait cet effet-là? Mon souffle diminue, mes poumons se contractent, mes yeux se remplissent de larmes. Je repense à tout ça. À moi, à nous, à vous. À tout le monde finalement. Ceux qui m'ont abandonné lorsque j'en avais le plus besoin. Ceux qui m'ont tendu leur main puis l'ont arraché quand tout allait moins bien. Ceux qui m'ont laissé tomber et m'ont enfoncé dans un trou que je m'étais déjà creusé. Oui, eux.
Eux, mais si finalement, tout était de ma faute? Et si c'était moi qui les avais poussé à partir? Et si le monstre, c'était moi? Et si j'étais la seule responsable de ma mort?