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Dove cesar

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œuvres
1
défis réussis
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Œuvres

Dove cesar

- Prends plutôt un cendrier...
- Les fourmis nettoyent tous nos déchets...
- Je ne pense pas qu'elles nettoyent la cendre!
Marlo tapota sa cigarette et une phalange de cendre s'en détacha. Elle vint se poser dans le même état sur le sol carrelé de la villa qu'occupaient Marlo, José, son associé dans le crime, et Rita, leur bonne-cuisinière-confidente-parfois amante (après quelques verres de gin ses rondeurs devenaient appétissantes).
Marlo fumait beaucoup. Certains pourraient dire qu'il fumait trop. Mais ce genre de personne ont en général une vie longue et ennuyeuse. Marlo avait très tôt décidé qu'il n'aurait pas une vie longue et ennuyeuse. La cigarette n'était pas le seul moyen pour lui de raccourcir sa vie, ou de l'agayer.
Marlo fumait beaucoup, et il savait que les fourmis ne nettoieraient pas sa cendre.
Marlo fumait beaucoup. C'était pour tromper l'ennui. Une autre distraction de Marlo, que l'on pourrait dans la même optique de prolongement de vie, était la bagarre.
Marlo aimait se battre.
Mais Marlo ne savait pas se battre. Bien sur, il avait le vice qui permet de soumettre les imbéciles qui pensent que la bagarre est régie par des codes chevaleresques. Mais dès qu'il tombait sur quelqu'un qui avait des arguments à lui présenter, Marlo perdait ses combats neuf fois sur dix. Son nez empaté pouvait témoigner d'une bonne dizaine de rencontre à haute vitesse avec des poings, des coudes, des genoux...
Marlo était bon fumeur, piètre bagarreur.
Ce qui avait préservé Marlo de finir dans l'état pitoyable de ses amis d'enfance (c'est-à-dire en prison ou saoul à 9h du matin), c'était un génie diabolique qui le possédait.
Quand je dis génie diabolique, il s'agit véritablement d'un génie diabolique:
Sa tante paternelle, versée dans les cultes vaudous, voulu comme l'exige la tradition, lui attribuer un génie protecteur à sa naissance. Mais lors de l'invocation du bon génie, la vieille se mélengea les pinceaux à cause du sodabi frelaté, et au lieu d'être guidé par la satisfaction et le respect de l'ordre établi, Marlo, par un coup du sort (ça ne sera pas le dernier, des coups du sort) devait prendre la route du vice et du lucre.
Malheureusement pour Marlo, il n'était pas né dans le bon cadre social. En effet, les caractéristiques de son génie était l'appanage des gens nés riches. Son cadre social de naissance ne pouvait lui fournir le réseau nécessaire à l'assouvissement du vice sans en rendre compte, et les voies de l'enrichissement lui étaient par défaut fermées.
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Dove cesar
Au IXeme siècle, un aventurier andalous, un peu pirate, croise sur son chemin des personnalités hautes en couleurs qui ont fait l'Histoire de El Andalous, l'Espagne musulmane.
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Défi
Dove cesar

Le garçon entendait le bruit de la guerre se rapprocher.
Le garçon avait vu les derniers uniformes qu’il connaissait s’éloigner. Le garçon avait vu le vide s’installer. Le garçon avait vu les premiers uniformes qu’il ne connaissait pas s’approcher.
Il avait d’abord vu deux de ces uniformes dans un side-car. Depuis la colline qui surplombait son village, il avait vu le side-car arriver jusque devant la mairie, comme s’il connaissait le chemin, comme s’il venait rendre visite à un ami. Et en effet, le maire du village accueillit les deux uniformes du side-car comme si s’étaient des amis. Le maire du village s’entretint un petit moment avec les deux uniformes du side-car. Puis le side-car reparti par où il était venu. Et pendant plusieurs jours on ne vit aucun uniforme.
Le garçon entendait le bruit de la guerre s’éloigner.
Au village, les parents du gros Y. avaient changé leur regard sur la famille du garçon. Avant l’arrivée du Side-car, la famille du gros Y. regardait la famille du garçon avec agacement et dédain. Le dédain de l’être stupide qui se croit plus malin. L’agacement de l’être cupide qui ne possède rien. Désormais, la famille du gros Y. regardait la famille du garçon avec le regard de ceux qui savent. La famille du gros Y. savait. Elle savait parce que le maire du village était l’oncle du gros Y.. Le maire et la famille du gros Y. étaient impatients du retour des uniformes en side-car, parce qu’ils savaient que cela allait agrandir leur patrimoine. Ils savaient que plusieurs fermes du village seraient vidées de leurs occupants. Ils savaient que les terres qu’ils avaient dû partager avec ces étrangers depuis une quinzaine d’années allaient enfin revenir dans le giron familial. En effet, la famille du garçon n’était pas originaire du village. Elle venait d’un coin paumé d’un pays qui n’existe plus et avait été placée au village à la suite d’une signature posée au bas d’un feuillet.
Au village, les parents de la belle N. avaient changé leur regard sur la famille du garçon. Avant l’arrivée du side-car, la famille de la belle N. regardait la famille du garçon avec indifférence. L’indifférence du brave paysan envers l’étranger. Désormais, la famille de la belle N. regardait la famille du garçon avec le regard de ceux qui savent. La famille de la belle N. savait. Elle savait parce que l’instituteur du village était l’oncle de N. . L’oncle de N. avait quitté le village au moment où ceux qui portaient l'uniforme que le garçon connaissait étaient passés dans le coin, la mine hagard, sans regard, fuyant la bête. L’oncle de N. avait quand même prévenu sa famille : « Méfiez-vous de ceux qui portent de beaux uniformes, ceux dont on lit l’arrogance de la victoire dans les yeux, ceux qui pensent que certaines vies ne méritent pas d’être vécues »
Le bruit de la guerre était bien loin désormais.
Les uniformes en side-car arrivèrent tôt dans la matinée.
Cette fois-ci le side-car était accompagné d’une voiture, dans laquelle un uniforme clinquant et bien repassé était porté par un homme plutôt jeune, au regard vif. Cet homme avait l’air d’être convaincant car les autres uniformes lui obéissaient sans hésiter, peut-être parce qu’il avait un plus bel uniforme, ou bienparce qu'il criait fort pour être obéi. Il cria sur un grand homme, plus âgé mais plus laid, le regard un peu moins vif, l’uniforme négligé. Ce dernier à son tour cria sur les hommes entassés dans les deux camions débâchés qui suivaient la voiture et le side-car. Tous portaient le même uniforme à quelques détails près. Dans les uniformes il y avait des hommes, trop âgés pour faire partie de l’armée conquérante, trop jeune pour rester auprès de bobonne, ils étaient quand même obligés de porter un uniforme, mais ils étaient content car c’était un bel uniforme. Trop bêtes pour remplir des fonctions administratives, ils avaient naturellement été versés dans un bataillon de police. Il n’y avait que le bel uniforme qui avait fait un peu d’étude, du droit et de la philosophie. C’est pourquoi c’est lui qui avait le plus bel uniforme, et non le laid, qui, bien qu’il soit plus vieux, était plus bête et plus laid.
Les uniformes commencèrent par décharger des caisses au centre du village. Le maire se rapprocha pour saluer l’homme au bel uniforme, mais celui-ci lui cria dessus. Alors le maire alla voir celui qui était plus âgé et avait un uniforme plus négligé, mais celui-ci aussi lui cria dessus. Comme il en avait marre de se faire crier dessus, le maire s’éloigna de la troupe qui avait fini le déchargement des caisses. Un des uniformes alla rendre compte à l’homme laid et à l’uniforme négligé qu’ils avaient fini de décharger. Le négligé lui cria dessus, puis alla rendre compte au bel uniforme. Le bel uniforme lui cria dessus. Puis il cria sur toute la troupe. Alors la troupe se mit à crier. Mais pas du même cri sec et fouettant l’oreille, non, elle cria du cri de l’ivrogne qui découvre une dernière bouteille dans la cave qu’il vient de vider. Et pour cause, une des caisses renfermait plusieurs bouteilles, et à voir comment les uniformes se réjouissaient d’en boire le contenu, on peut gager qu’il ne s’agissait pas de limonade. Maintenant tout le village était rassemblé autour du troupeau d’uniforme. Sauf le garçon, qui regardait la scène depuis sa colline.
Le bel uniforme cria sur l’uniforme négligé. L’uniforme négligé appela le maire, pour lui crier dessus bien sûr. Alors le maire se mit à pleurer. Pourtant, se disait le garçon, le maire avait eu l’air d’attendre les beaux uniformes avec impatience…
Pendant que le maire était en train de chouiner, accaparant l’attention des villageois, les uniformes cernèrent le village. Puis ils commencèrent à crier. Alors tout le monde compris pourquoi le maire pleurait. Alors tout le monde se mit à crier et tout le monde se mit à pleurer.
Le garçon observait le spectacle du haut de sa colline. Il pleura, mais il ne cria pas.
De ce jour maudit de l’arrivée des beaux uniformes, le garçon n’en garda aucun souvenir. Dans sa mémoire, entre les pleurs du maire et le départ des uniformes, ne restait qu’un sentiment d’angoisse, un vide béant qui puait le souffre, une sensation de membre amputé. Le garçon ne se souvenait de rien parce que sa mémoire avait décidé de jeter un voile opaque sur cet événement. Le garçon était bien décidé à écouter sagement sa mémoire et à ne jamais regarder derrière ce voile. Mais, parfois, un vent maléfique, tel un pet du diable, soulevait le voile, alors le garçon pouvait entrevoir ce qu’il s’était promis de ne plus voir. Quand ça arrivait, la terreur qu’il avait ressentie le jour des événements revenait lui bouffer les entrailles, alors il criait.
Après le maudit jour de l’arrivée des beaux uniformes, le garçon cessa d’être un enfant. Ce n’était plus un homme non plus.
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