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Burton Colin Vocodin

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Burton Colin Vocodin
Un duel un peu spécial
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Burton Colin Vocodin
Exercice d'écriture avec thème imposé : inventer une histoire à propos d'un personnage qui doit garder le chien de son patron pour le weekend. Texte écrit en 4-5 heures.
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Burton Colin Vocodin

J’ai envie de faire quelque chose que je n’ai plus fait depuis au moins 8 ans. A l’époque, je n’écrivais pas encore d’histoires, encore moins de nouvelles, à peine quelques poèmes, occasionnellement, et encore, quand ce n’était pas des parodies pornos de poèmes déjà existants. J’ai tenu des blogs, en commençant sur Skyrock (comme tous ceux de mon âge je crois) quand j’étais ado, et je ne faisais que raconter ma vie. De mes 15 ans à mes 19 ans, j’avais un blog, et je racontais mes journées, mes réflexions, sur tout et sur rien, mais surtout sur rien. Des conversations que j’ai entendu dans le bus en allant à la fac, à quel point j’étais perdu dans mon orientation, à quel point je me sentais seul.
En fait, j’avais l’impression de parler à quelqu’un, même si ce n’était qu’à moi-même. J'expliquais tout ce que j’avais en tête avec un humour EXTRÊMEMENT douteux et gênant, juste pour me sentir moins seul, comme si je hurlais dans un grand espace et que je laissais mon écho s’éloigner. Le faire dans un cahier n’aurait pas eu le même effet. Car même si très quasiment jamais personne ne me lisait, il y avait quand même des chances pour que quelqu’un tombe dessus un jour, comme une bouteille à la mer, même si ça devait mettre 10 ans à traverser l’océan internet.
C’était ça, la genèse de mon écriture. Ne plus me sentir seul, et me défouler. Relativiser mes paniques d’ado qui passe à l’âge adulte avec des sales vannes en les couchant sur du papier virtuel dans un blog paumé que personne ou presque ne visitait.
J’ai repensé à tout ça, et à cette période d’un an qui s’étendait entre 2011 et 2012. Je passais mes nuits, parfois même jusqu’à ce que le jour se lève, entre grignotage, errances sur le net et tapotage de clavier pour raconter toutes les non-aventures qui avaient pu arriver dans mon existence creuse. Je guettais les bruits dans la maison pour ne pas tomber nez à nez avec les membres de ma famille avec lesquels je vivais à l’époque, lorsque je sortais de ma chambre très tôt le matin pour me servir un bol de Chocapic comme un animal qui sortait de son trou, les yeux collés et éblouis par le soleil qui commençait à pointer.
C’est une époque qui a l’air de remonter à une éternité pour moi. J’ai l’impression, depuis, de n’avoir fait que cligner des yeux. Un jour Minecraft venait de sortir, c’était une révolution, j’y passais des heures bercé par une bande son magnifique, et le jour d’après, Fortnite, Covid-19, les gilets-jaunes, Anne Hidalgo prends le métro. Je dis ça, j’ai pas encore dépassé la vénérable barre de la trentaine, mais j’y arrive presque. J’ai l’impression que si je cligne encore une fois, je me réveillerai à 35 ans. Puis à 50, puis quand je serai trop vieux pour faire quoi que ce soit, mais qu’au moins j’aurais enfin une bonne excuse pour être aigri.
Un jour je prenais mon petit déjeuner devant Dora l’exploratrice sur Tfou avant d’aller au lycée, et maintenant je paye mes factures, mon loyer, mes assurances, ma voiture, faut travailler, et bien que je bouffe toujours des céréales devant les dessins animés, je me pose cette question : quand est-ce qu’on devient adulte, exactement ?
A quel moment dans la vie on bascule de l’autre côté de la barrière des responsabilités ? J’ai rien vu venir, personnellement. C’est arrivé tellement soudainement que j’ai toujours du mal à y croire. Je n’ai même pas eu le temps de m’y préparer, c’est arrivé comme ça.
Je dois l’avouer, je la sens pas, cette nouvelle décennie qui commence. J’aimerais qu’on fasse une loi, qu’on se mette tous d’accord, et qu’on recule les horloges à partir de maintenant. On retourne à l’envers dans les calendriers. On commençerait l’année en décembre, avec Noël, on la finirait avec la galette des rois. Dans 4 ans, le hand-spinner reviendrait à la mode. Dans 8 ans, c’est Carly Rae Jepsen qui reviendrait nous casser les couilles avec son “Call me maybe”. Ensuite, on retournerait dans les années 90. On verrait ressusciter des gens comme Kurt Cobain, Stanley Kubrick, et… François Mitterrand. Puis les années 80, plus d’internet, plus de téléphone portable, et ça je dirais jusque dans les années 60-70. Ensuite, on reprendrait le cours du temps normal.
Je ne sais pas si c’était dû à l’insouciance de la jeunesse, mais je n’arrive plus à me rassurer quant à l’avenir comme il y a dix ans. À l’époque, je n’imaginais pas l’avenir, advienne que pourra. Aujourd’hui, j’imagine très bien comment ça va se passer.
Les gens que j’ai connu n’ont plus la même gueule. Tous ceux que je connaissais de près ou de loin au collège ou au lycée, ceux-là ont même parfois des gosses maintenant. Et c’est les mêmes qui, en 2008, terminaient encore leurs phrases par “ :hap: “ ou “ : noël: “. Vous vous souvenez de ces noëlistes ?
Des gens avec qui je jouais aux cartes Pokémon sur les marches de l’entrée de mon bloc en 2004 sont même peut-être morts aujourd’hui. Et je vais briser un tabou, faut se l’avouer, mais personne n’a jamais utilisé les cartes énergie, on peut s’accorder là-dessus.
Je revois des figures qui appartiennent au passé, qui n’est pourtant pas si lointain, je n’ai pas 85 ans non plus, mais qui pourtant me semblent n’avoir existé que dans un rêve.
2020, les écoles sont peuplées de Lorenzo, Timéo, Ethan, Liam, de Léna, Lou, Lara et Giulia. C’est la fierté Italienne, aujourd’hui sous quarantaine. C’est la psychose actuelle, et les gens ne trouvent rien de plus intelligent à faire que de se ruer dans les magasins pour faire des réserves d’eau et de conserves comme si Kim Jong-Un était en train d’appuyer sur le bouton rouge avec sa bite.
Je suis de plus en plus méfiant des temps qui courent mais ce n’est que mon point de vue. Peut-être qu’il existe encore des raisons de se réjouir de quoi que ce soit. Faire comme tout le monde, se contenter de son petit confort, de sa famille, du peu qu’on a, et de serrer les dents. C’est nos petites préoccupations individuelles qui nous détachent de tout le reste, qui prolongent notre hyper-sommeil. C’est une des raisons pour lesquelles un clignement de paupières semble faire défiler les décennies. Un jour tu te réveilles, lendemain de soirée, sous un évier, une casserole en inox en guise d’oreiller, frais et prêt à remettre ça le soir-même, et aujourd’hui même 24 heures plus tard tu vomis encore ta bile acide la tête dans les chiottes en implorant Dieu de te faire décuver plus vite.
Voilà, je n’avais plus écrit de billet de blog depuis presque 10 ans. Beaucoup de choses ont changé, beaucoup d’autres sont restées les mêmes.

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Burton Colin Vocodin

Dans un sac partouzent les signes de mes névroses,
Et d'un Prozac découlent les épines de ma prose.
L'échine de mes psychoses dessine à la craie rose,
Le film des ecchymoses d'un hymne à l'air morose.
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Burton Colin Vocodin

La sobriété de l’enseigne ne me préparait pas du tout à l’ambiance que j’allais trouver à l’intérieur. A vrai dire, je n’avais encore jamais mis les pieds dans un sex-shop. L’expérience était une grande première. Je me sentais gêné, presque même coupable de franchir ces portes, comme si cela en disait un peu trop sur ma personnalité aux yeux du monde. Mais la boutique était sur mon trajet entre mon domicile et mon lieu de travail. Je passais devant au moins deux fois par jour, et cela me tracassait chaque jour un peu plus, si bien que j’ai fini par céder à la curiosité, un vendredi après midi, début de week-end pour moi, point de départ de toutes les aventures et opportunités au moins jusqu’à lundi. Je voulais m’autoriser une petite folie, et c’est un peu embarrassé, mais aussi avec une pointe d’excitation que je poussais les portes du shop.
L’endroit baignait dans une atmosphère sombre et chaleureuse, accentuée par un éclairage tamisé provenant d’appliques murales en forme de poitrines très rondes. La boutique paraissait plus grande de l’extérieur : ses allées étaient presque aussi étroites que les fleshlights qu’elle proposait. La grande quantité d’articles disponibles donnait une impression de fouillis organisé. Les étagères étaient remplies de jouets, de tenues, de costumes, d’accessoires érotiques pour hommes, femmes, pour les couples ou pour les groupes. Une tête de gondole retenait mon attention : il y trônait une demi-douzaine de godemichés multicolores classés par taille croissante tels de somptueuses poupées russes prêtes à pomper. Des godes ceintures, des godes à ventouse, des double-godes, je me trouvais dans un véritable palais de la luxure.
J’avais franchi l’entrée de ce temple voué à l’érotisme sans trop savoir quoi chercher, avec aucune idée particulière en tête, mis à part celle d’assouvir une certaine soif de nouveauté stimulante. Je vivais seul depuis longtemps. On aurait même pu dire depuis trop longtemps, comme en témoignaient tous ces mouchoirs qui jonchaient le sol de ma chambre et qui contenaient chacun des millions d’enfants séchés avant d’avoir pu m’appeler papa. J’osais émettre l’espoir de trouver un petit quelque chose pouvant pimenter la vie d’un célibataire endurci. J’errais alors dans les rayons de cette jungle luxuriante constituée de lingerie fine, de fouets, de menottes, de combinaisons stratégiquement trouées et de masques de personnalités publiques diverses, quand je sentis la foudre s’abattre sur moi.
Elle était là. Prisonnière d’une cage en verre. Assise sur un fauteuil en velours, les jambes croisées pour qu’aucun regard indiscret ne puisse se glisser sous sa robe dentelée noire et rouge. Sa longue chevelure brune et lisse tombait en cascade sur ses épaules puis jusqu’à sa poitrine. Elle était plus vraie que nature.
Je ne pouvais la toucher derrière cette vitrine mais la simple vue de ses jambes laissait mon imagination deviner leur texture ultra réaliste contre ma peau. Son visage, bien que figé dans un rictus aguicheur, éveillait des sensations nouvelles en moi. Elle avait l’inaccessibilité de ces mannequins que l’on croise sur les plages de sable fin blanc en couverture des magazines de mode ou de ces actrices qui percent le grand écran et le transcendent. Elle avait la bouche accueillante de ces animatrices télé que l’on engage pour raviver l’audimat de ces émissions qui peinent à proposer du contenu. Elle avait l’air hautain et précieux de cette génération de fausses princesses Disney qui n’avaient de point commun avec Raiponce que le tirage de cheveux. Et voilà que mon afflux sanguin s’affolait. Mon imagination m’emportait à une telle vitesse que je peinais à entrevoir toutes les possibilités qui s’offraient à moi. Mon entrejambe trépignait d’impatience, comme un petit garçon capricieux qui ne voulait pas lâcher ce merveilleux jouet aperçu au magasin. Les indications de la vendeuse n’ont fait qu’attiser encore plus mon excitation.
Angéline - c’était son nom - était bien plus qu’une poupée. C’était un robot programmé pour le sexe à la technologie de pointe. Une véritable femme moulée en silicone, soigneusement maquillée, minutieusement manucurée, et dont les poils pubiens avaient été implantés uns à uns par des designers spécialisés. La technologie qu’elle intégrait la rendait capable de parole, de mouvement, et même de réaction appropriée selon l’intensité des rapports. Une banque de son reliée à des micro capteurs situés dans ses zones érogènes permettait de délivrer en temps réel près de cinq-cent cris et gémissements de plaisir différents. En plus, son vagin réaliste était fourni avec une poire à lavement afin de faciliter son entretien. Pour une hauteur de cent-soixante deux centimètres, un poids de quarante-sept kilos et un tour de poitrine mesuré à 95C, Angéline le sex-bot n’avait rien à envier aux vraies femmes, mis à part son prix : 900 euros.
J’ai réglé par chèque, sans hésiter. A partir du moment où mes yeux se sont posés sur elle, je ne m’imaginais plus rentrer tout seul chez moi. En me l’emballant délicatement dans un grand carton bourré de polystyrène, la vendeuse m’a renseigné sur son autonomie : six heures maximum. Largement suffisant pour l’usage personnel d’un seul homme, tout ceux qui diront le contraire sont des menteurs. Un petit compartiment invisible entre ses omoplates renfermait une prise au bout d’un câble de deux mètres afin de la brancher sur secteur et de la recharger après chaque utilisation. Je suis entré dans la boutique craintif, j’en suis ressorti impatient et émoustillé comme rarement auparavant. Sur le chemin du retour, au volant de ma voiture, je ne pouvais m’empêcher de tripoter la protubérance qui poussait si fort contre mon pantalon que ça en devenait douloureux.
J’arrivais à bout de souffle devant la porte d’entrée de mon appartement, au huitième étage sans ascenseur, et mon halètement devait être plus bruyant que ce que je pensais puisque madame Gilbert, ma voisine de pallier octogénaire complètement sénile, est apparue sur le seuil. Bah alors mon petit, vous achetez des meubles à cette heure-ci ?
Je n’avais nullement l’intention de lui expliquer qu’à l’intérieur de ce carton se trouvait en réalité une poupée-robot déstinée à un usage sexuel. Oui madame Gilbert. Ma table basse est foutue, il fallait absolument que… Ohh, mais c’est magnifique ! Dites, vous n’auriez pas vu mon chat, Fifi ? J’ai peur que cette petite canaille se soit encore enfuie...
Fifi, son adorable siamois, était un habitué de l’immeuble, étant donné que madame Gilbert oubliait souvent de fermer ou de verrouiller ses portes. Il n’était pas rare de voir défiler les voisins lui ramenant son animal errant dans la cage d’escalier. Sauf que depuis un an, Fifi avait disparu. Il s’était aventuré hors de chez lui une fois de trop. Dieu seul sait ce qu’il était devenu. Euh… non, désolé, mais je suis sûr que vous le reverrez bientôt ! Vous me préviendrez si vous le voyez ? Promis madame. Vous êtes un ange. Votre mère doit être si fière.
Ma mère aussi, était froide depuis longtemps. Mais sans jamais la contredire et me lancer dans des discussions interminables sans queue ni tête, je l’ai laissée rentrer chez elle, et en honnête voisin que je suis, je suis resté sur le pallier exprès pour m’assurer qu’elle avait bien fermé et verrouillé sa porte. De l’autre côté, j’entendais encore sa voix tremblante, triste : “Fifi ? Fifi ! Mais où est-ce que tu te caches encore ?”
J’ai finalement pu rentrer chez moi, en poussant un long soupir de soulagement. Cette petite rencontre impromptue avait fait baisser la taille de la bosse qui déformait mon jeans. Madame Gilbert était tout sauf sexy. Sa beauté appartenait à un passé très lointain, et aujourd’hui, elle en incarnait l’extrême opposé, sort qui nous était presque tous réservé d’ailleurs.
Mon sens des priorités reprit le dessus. Je tenais absolument à voir de quoi était capable ma nouvelle acquisition. Sans plus attendre, je l’ai posée sur mon lit pour la sortir de son cercueil.
Sa splendeur me frappa une seconde fois, comme un train en pleine face, lancé à vive allure. Elle était physiquement tout ce dont je rêvais et que je n’ai jamais eu. Son bouton d’allumage, quasiment invisible, était habilement pensé sous la voûte plantaire de son pied droit, afin de limiter au maximum toute mise hors tension malencontreuse pendant son utilisation. Avec empressement, je lui ai ôté ses escarpins, puis j’ai pressé le bouton.
Elle a grésillé cinq secondes avant de se redresser. Elle s’est assise toute seule, sur mon lit, et je n’en croyais pas mes yeux. Les siens, d’un vert profond, semblaient aussi animés que ceux d’une personne bien vivante, et ses pupilles balayaient la pièce comme pour découvrir son environnement, avant que ceux-ci ne se posent sur moi. Enchantée… je m’appelle… Angéline… Et toi… quel est ton… petit nom ?
Je fus surpris de constater que sa voix ressemblait à celle de la dame du téléphone, lorsqu’on appelle sa messagerie. “Vous avez… UN… Nouveau message. Nouveau message. Reçu hier… à … 21 heures… Cinquante-huit…”
Je lui réponds tout de même. Pierre. Ravi de… te rencontrer… Pierre. J’ai envie de… te sucer… la bite ?
Cela avait le mérite d’être direct. Je ne m’attendais pas vraiment à avoir une conversation sensée avec un robot après tout, mais un peu plus de finesse aurait largement été un atout. Quand même, je brûlais d’envie de passer à l’acte. Si tu veux !
Elle s’est mise à sourire, et c’est à ce moment là qu’une partie de moi, d’abord infime puis envahissante, s’est mise à éprouver de la peur face à ce corps mort composé uniquement de silicone et d'électronique, donc chaque geste avait été pensé par je ne sais quel ingénieur pervers. Cet achat valait-il vraiment le coup, finalement ? Un seul moyen de le savoir.
Je déboutonnai mon pantalon et baissa mon caleçon jusqu’aux chevilles, laissant s’ériger un pénis à nouveau dur comme du marbre. Approche… Me dit-elle. Mets-la moi… dans… la bouche.
J’avançais jusqu’à me tenir droit devant elle. J’espérais que ses dialogues pouvaient être réglés et sa voix changée, mais je n’avais pas l’intention de lire le manuel tout de suite. J’attrapai sa tête et entamait une lente progression dans sa bouche comme elle me l’avait proposé, jusqu’à ce que son nez se colle à mon pubis.
La sensation était étrange. C’était trop sec pour avoir une impression réaliste, mais je me doutais qu’aucune technologie ne pouvait encore secréter de la salive en permanence comme seul le corps humain pouvait le faire. J’avais l’impression de frotter mon extrémité entre deux éponges partiellement humides. Certaines surfaces étaient râpeuses, et franchement décourageantes. Ses sons pré-enregistrés n’étaient pas là pour m’aider. Il n’y avait aucune crédibilité dans ses bruits gutturaux qui tenaient plus d’un documentaire animalier que d’une felation. Au bout d’une minute à peine, je stoppais le calvaire. Prends moi… par derrière… sur ton… ERREUR 812 : PRODUIT NON RENSEIGNÉ.
Sans doute voulait-elle parler de mon lit, mais avant même de pouvoir dire quoi que ce soit, elle enlevait ses vêtements (factices, car fermés sur les côtés par un simple scratch bruyant) et se positionnait dans la position adéquate, les fesses en l’air face à moi. Malgré tout, celles-ci semblaient si moelleuses et réalistes que je décidai de lui offrir une seconde chance et de réitérer l’expérience. Humm… ton… ERREUR 812 : PRODUIT NON RENSEIGNÉ…. est vraiment confortable… Pierre. LA FERME !
Je hurlais, car je n’en pouvais déjà plus de sa voix, ou plutôt aurait-je dû dire de sa banque son très loin d’être contractuelle. Oui… j’adore recevoir… des ordres… ordres… ordres… Chhht !
Je me dépêchais de me mettre à genou derrière elle afin d’expérimenter ses orifices, car je sentais déjà mon érection disparaître progressivement.
Son vagin en plastique était différent. Bien mieux déjà que sa bouche. Encore une fois sec, mais j’en endossais la responsabilité. La prochaine fois, pensais-je, je n’oublierais pas d’utiliser du lubrifiant, ce qui est logique lorsqu’on utilise un objet qui ne sécrète rien du tout. Cependant, alors que je me trouvais à l’intérieur d’elle, je pouvais sentir un courant chaud, comme un souffle, parcourir la longueur de ma verge. J’eus la mauvaise et terrifiante réflexion de me demander ce qui pouvait bien créer cette chaleur. Sans doute un ou plusieurs petits moteurs chauffants dissimulés quelque part derrière ses parois, et je n’étais que moyennement rassuré d’imaginer mon extrémité à quelques centimètres d’une brûlure au deuxième degré. Je m’efforçai de ne plus y penser, mais mon attention s’accrocha sur un autre petit défaut rédhibitoire. Ahh… Ahh… Ahh… dit-elle trois fois exactement sur le même ton monotone.
J’avais de plus en plus bien l’impression de m’être fait plumer sur la diversité de sa banque son, et sur sa qualité générale. Je pensais à mes neuf-cent balles. Pas sûr qu’on pouvait me les rembourser, même en cas d’insatisfaction. Toute cette situation me paraissait soudainement grotesque et puérile. Je venais de claquer une bonne partie de mes économies, et pour quoi au final ? Me vider dans cet espèce d’automate de parc d’attraction nymphomane ?
Mon enthousiasme et mon moral furent décidément achevés lorsque, en parcourant la surface de son dos avec ma main à la recherche d’un peu de réalisme, j’ouvris par inadvertance le petit couvercle entre ses omoplates, laissant ainsi se dérouler deux mètres de câbles. Ç’en était trop. Je me rhabillais sur le champ, laissant Angéline exécuter son programme maladroit. Pierre… faisons l’amour… prends moi sur… une table… Non ! Ça suffit, c’est terminé. Tu dégages.
J’avais l’impression de rompre avec quelqu’un, ou de mettre un terme à un rendez-vous Tinder embarrassant. Le sexe pour le sexe, s’il n’y a rien derrière, ne rend pas heureux. N’importe quel dépressif peut trouver un parking ou un coin de forêt pour se faire une pute, et il n’en sortira pas plus heureux, juste plus pauvre. Ça ne comble aucun vide, au contraire. Plus l’oreiller voit défiler des conquêtes, plus il devient glacé. Alors si en plus les robots entraient dans l’équation… Qu’est ce que je croyais ? Que je pouvais la remplacer comme ça ? Je me berçais de conneries, rien d’autre. Baise moi… Pierre… Prends...
Je venais de l’éteindre en plein milieu de sa phrase. Voilà finalement le seul et unique avantage d’Angéline sur les autres femmes. Un simple bouton “ON/OFF”.
J’ai remballé Angéline dans son carton, et j’ai immédiatement sauté sur mon téléphone pour appeler la boutique avant qu’elle ne ferme pour la journée.
J’ai reconnu la voix de la vendeuse, et après lui avoir exposé le problème, je lui demandai si un remboursement était envisageable. Seulement si la bande de garantie est toujours scellée ! Et… où est-ce qu’elle se trouve cette bande de garantie ? Eh bien, dans chacun de ses orifices, il y a un petit cordon qui se rompt à la première utilisation… Comme un hymen, en fait. C’est la preuve que le produit a été utilisé, et donc qu’on ne peut ni le reprendre ni l’échanger.
J’ai vu presque un smic entier partir en cendres sous mes yeux, tout ça parce que je venais de dépuceler un robot. Vive le progrès. Si j’avais su, j’en serais resté à mes mouchoirs, bien moins onéreux.
J’ai mis fin à la conversation, après avoir insisté une ultime fois et reçu encore la même réponse. C’était trop tard pour moi. “Ça m’apprendra”, voilà ce que je devais en retenir.
Je sentais la rage m’envahir. Un de mes plus gros défauts. Ces accès de colère étaient sans doute la raison pour laquelle j’étais seul depuis aussi longtemps. Ils justifiaient à eux seuls l’utilisation du mot “endurci” derrière mon appellation de célibataire. J’avais envie de frapper la poupée, de lui tordre le cou et de la balancer par la fenêtre, comme je venais d’y jeter presque un mois de salaire. C’est pratiquement ce que j’ai fait, au final.
J’ai scellé Angéline dans sa prison de carton à nouveau, et j’ai redescendu les huit étages sans ascenseur de mon immeuble jusqu’au local à poubelle commun. J’ai balancé le grand carton blanc à l’intérieur d’une énorme benne verte, ce qui effraya quelques cafards qui allèrent se réfugier à l’intérieur d’un trou dans le mur.
Si Angéline était incapable de rentabiliser la somme que j’ai investie pour elle, alors sa place était à la poubelle. Je ne réfléchissais pas plus loin, c’était soit ça, soit je frappais les murs jusqu’à faire saigner les jointures de mes poings.
Alors que je faisais déjà demi-tour, déterminé à passer le reste de ma soirée, voire même de mon week-end désormais ruiné à maudire tout ce qui m’entourait, je fus stoppé net dans mon élan. La voix d’Angéline retentissait dans le local glauque comme celle d’un fantôme, incapable de trouver la paix. Arrête. Reviens. Je peux changer, je te le promets.
J’ai senti des frissons gravir chaque parcelle de mon corps jusqu’à mon cerveau, proche du malaise. J’étais absolument certain de l’avoir éteinte correctement. Mais ce n’était pas le fait le plus étrange. Ce qui me glaçait le sang, c’était qu’elle s’exprimait à présent d’une voix très douce, sensuelle, sans aucune saccade, avec la fluidité dont seul un humain serait capable. Comme si cette chose essayait de m’amadouer. Derrière moi, le grand carton blanc d’où provenait le son demeurait immobile. Je t’aime Pierre. Ne m’abandonne pas.
Je restai planté là, incapable de bouger, ni même de penser, complètement désemparé. La vraie raison pour laquelle j’étais tellement décontenancé me percuta si fort que j’en fus définitivement sonné. S’il te plaît…
Cette voix, je la connaissais. Ce n’était pas celle du robot. C’était celle de mon ex, au grain près. Le timbre, l’intonation, la façon de prononcer les mots, tout était exactement pareil. Je n’aurais jamais dû te quitter, je ne fais que le regretter depuis…
Soudain, je voyais flou, et je compris dans un sanglot que c’était à cause des larmes qui inondaient mes yeux. Je finis par craquer, et frappa le mur de brique de toutes mes forces dans un hurlement qui, à coup sûr, se répercuta jusqu’au dernier étage de la résidence.
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Burton Colin Vocodin
Une soirée d'Halloween comme toutes les autres.
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Burton Colin Vocodin

Chers frères, chères soeurs, enfants d’aujourd’hui et autres fils de putain, bienvenue.
Avant toute chose, sachez que cette lettre n’est pas une publicité. Elle n’a rien à vous vendre, et encore moins à vous offrir. Il n’y a pas de bon de réduction au dos à utiliser dans vos points de vente favoris. Si vous attendiez du facteur qu’il vous apporte la dose d’amour épistolaire que vous entretenez avec vos enseignes préférées, vous pouvez arrêter la lecture ici, plier ce papier en cinq, et l’utiliser pour caler un meuble ou votre table-basse bancale achetée d’occase chez un cas social dont l’appartement sentait comme la pire baraque à frites du Nord-Pas-de-Calais.
Ceci n’est pas non plus une contravention, ni un document officiel. Détendez-vous, et relâchez un peu ces sphincters si méfiants. Aucun centime ne vous sera demandé, sauf si vous insistez. Non, ce qui suit est pire que tout cela réuni. Inspirez un grand coup, asseyez-vous confortablement, et tenez-vous prêts. Car la pilule qui va suivre va être plus dure à avaler que le jus de couilles de cinquante bonhommes cagoulés après un bukkake en période d’angine.
Commençons par les politesses d’usage : au risque de vous décevoir, vous ne valez pas grand-chose. Tout ce que vous faites est vain. Quelle que soit votre position dans l’échelle sociale, votre profession, votre genre ou le nombre de points que vous avez accumulés sur votre carte de fidélité, vous allez tous crever à plus ou moins brève échéance. Réfléchissez-y la prochaine fois que vous êtes persuadés d’avoir raison. Prenez du recul avant de donner votre opinion sans qu’on ne vous la demande. A-t-on réellement besoin d’entendre ce que vous avez à dire ? Ou le faites-vous plutôt pour l’amour de se plaindre ?
Vous râlez depuis le confort de votre petit train de vie sans jamais vraiment vouloir changer de destination. Vous snappez en matant le JT, votez sur des critères physiques comme s’il s’agissait d’une télé-réalité. Vous relayez votre vie comme si vous écriviez celle de quelqu’un d’autre, dans l’espoir qu’on vous remarque enfin.
Des milliards de connards se disputent le même air. Bienvenue dans le monde de demain. C’est le même que celui d’avant-hier, sauf que vous en êtes le fleuron. C’était pas mieux avant, ça sera pire après. Proverbe Chinois, sans doute, vu que c’est eux les champions en la matière.
Toutes les espèces s’éteignent, sauf celle qui l’a réellement mérité. L’Homme n’est pas un loup pour l’Homme, il en est le cancer en phase terminale. Pour lui, et pour toutes les autres formes de vie. Vos enfants ne verront des animaux qu’en vidéo, ou en captivité pour les plus chanceux. Ils apprendront l’alphabet grâce aux noms de médicaments dorénavant, de Amoxicilline à Zolpidem. De toute façon, cela leur importera même plus. Trop occupés par leurs histoires de cul. À dix-huit ans ils auront déjà eu le temps de commencer et d’arrêter la clope et la vodka-red bull. Ce qu’ils voudront vraiment par-dessus tout : se donner un genre en s’en inventant un nouveau. Voilà le bon plan, si être un déchet en tant qu’homme ou femme ne suffit plus. Ils suivront ensuite cette quête constante de l’attention. Exit les astronautes, welcome influenceurs et instagrameuses. Le rêve n’est plus de marcher sur la lune, mais de vendre la sienne au plus offrant. Vos rejetons tombent dans le domaine public alors même qu’ils viennent d’apprendre à respirer, en postant sur chaque plateforme des photos d’eux qui finiront sur le darkweb, là où les gens s’en branlent littéralement. Ils apprendront à compter avec des mentions, des réactions, le prochain Victor Hugo écrira son roman en émojis grognons. Les mots ne voudront plus rien dire, nous communiquons déjà que par le biais d’images, de captures d’écrans, de snaps reçus tard le soir et de visages souriants. C’est le retour à l’âge de pierre, la communication régresse. Mais ce n’est pas leurs smartphones qui aideront vos enfants à faire du feu, ni les émissions infantilisantes qu’ils regardent, ni les adolescentes de quatorze ans qui dansent à poil entre deux tik-toks sur la dépression.
Soyons clairs là-dessus : faire des enfants ne fait pas de vous quelqu’un d’extraordinaire. Tout le monde sait se reproduire, les rats le font très bien, et ils le font mieux que vous. Car ils ne se barrent pas après coup avec une ratte mieux gaulée, moins chiante et qui en plus suce le premier soir, en versant des pensions alimentaires tous les mois. Les animaux le font de manière désintéressée, dans le seul but de perpétrer leur espèce en voie d’extinction.
L’être Humain n’a pas besoin d’être perpétré, bien au contraire. Trop de gosses finissent battus, abandonnés, placés, vendus, asservis, noyés en voulant fuir leur misère, débiles en voulant suivre l’exemple de leurs parents, abrutis, frustrés parce que la vie n’est pas comme dans les pornos. N’en jetez plus ! Vous ne serez plus là pour voir comment ils finiront, à la fin de ce siècle. Ils payeront seuls toutes les dettes de leurs aïeux, et dans ce sens, vous condamnez à la vie un futur condamné à mort juste pour satisfaire votre propre plan de vie.
Ne vous méprenez pas : fondez des familles, si tel est votre but dans la vie. Arrêtez plutôt de faire croire à tout le monde que cela vous rend hors du commun. Rappelez-vous : vous n’êtes rien. À l’échelle de l’univers, vous n’avez aucun but. Votre vie : un battement de cil. Une fois que vos petits-enfants auront eux-même des enfants, ce sera fini, vous serez remplacés, vous irez rejoindre le grand terreau, plus personne ne saura que vous avez existé, et ainsi recommencera le cycle autodestructeur de la vie à taille humaine.
Mais il vous reste encore un bout de chemin à faire avant d’en arriver-là. Alors, en attendant…
Venez propager l’opulence. Festoyons sur les braises de tout ce qu’il nous reste de libre arbitre. Encourageons l’avènement de l’Homme produit, jamais mieux asservi que par lui-même. Félicitons nos producteurs pour le pain de ce jour, et vouons un semblant de gloire hypocrite à nos éleveurs, qui roulent au pas sur la départementale en tracteur pile le jour où nous sommes en retard pour aller ingurgiter huit heures de tapin. Ces même péquenauds tournés en monstres de foire, qu’on aide à trouver l’amour devant des milliers de téléspectateurs hilares. Foutons-nous de la gueule de ces représentants du terroir, qu’on imagine volontiers enculer du bétail les soirs de grande solitude, la main plongée dans nos paquets de chips depuis nos canapés, comme membres d’une grande secte d’adeptes du fist aux saveurs de crèmes et d’oignons.
Emplissons-nous de matières grasses saturées, ça tient chaud l’hiver, ça complexe pendant l’été. Passons le reste de l’année à regretter ce qu’on a bouffé et à essayer de le perdre, comme une quête sans fin, fuck les petits Africains. Laissons des gens mieux placés décider de ce dont nous avons besoin. Nos envies changent de main. Gavons-nous jusqu’à plus faim.
Vos désirs sont des ordres, mais ce n’est plus vous qui les donnez. Montrez-moi vos frigos et je vous dirai qui vous êtes. Nous ignorons comment consommer, et par la même occasion, comment gérer nos portefeuilles percés. Vous désiriez la vie de princesse Disney, vous avez celle de sa version olé olé. Ceux qui chialent parce que leur salaire ne leur suffit plus sont les mêmes que ceux qui attendent que tout leur tombe dessus, en portant fièrement leurs gilets de la couleur des cocus. Bravo, vous avez vachement fait avancer les choses, la vie est bien moins morose maintenant, coincés dans les bouchons entre le boulot et la maison close.
De la merde des yeux jusqu’aux caddies, étouffés par les tickets de caisses mais sans bisphénol A. Le progrès en marche ne viendra pas sauver le panier moyen de son panier de crabe, quand viendra l’heure de régler ses courses insolvables.
Tout cela devient bien trop difficile à suivre. Reprenons tous ensemble nos esprits, s’ils sont présents parmi nous ce soir. Allumons des cierges en l’honneur des futurs défunts. Entrons en contact avec le monde de l'au-delà, pendant que mamie pourrit en Ehpad en espérant que le ouija sera le meilleur moyen pour renouer des liens avec ses enfants ingrats. Incha’Allah, comme on dit en bas de chez moi.
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