
Abdel Ghenai
J'ai su créer un lien avec le monde littéraire. D’abord attiré par la lecture de livres pour enfants, bande dessinée, et roman. J'ai développé par la suite l’amour de l’écriture.
Première B.D à l’âge de onze ans que je garderai secrète, puis j'écrirai pour moi-même de nombreux poèmes axés principalement vers les conséquences de la guerre. La réécriture de nombreux récits pour changer des éléments de l’histoire que j'aurais souhaité voire autrement me permet d’accroître mon imagination.
En 2015, après avoir obtenu mon baccalauréat général scientifique, me vient l’idée de la saga « Un Monde Nouveau ».
D'ailleurs, depuis que j'ai rejoins ce club internet, Scribay, maintenant L'Atelier des Auteurs, des choses se sont passées. Le premier tome de la saga, Le Commencement a été publié chez Le Lys Bleu.
Le tome 2, lui, est en écriture, et je le partagerai avec vous, volontiers.
Œuvres
Un passé colonial dans lequel elle a été la maîtresse du jeu. Désormais, l’Hexagone se retrouve dans le rôle du dominé.
Qaïs et Doumbia, deux jeunes hommes d’une vingtaine d’années, issus de familles étrangères souhaitent défendre leur pays. Le premier étudiant et charmeur, le deuxième militaire, chacun sera amené à faire des choix qui pourraient se révéler lourd de conséquences.
Wendy, sudiste, connaît déjà la disparition d’un proche dans ce début de guerre. L’une des rares femmes à vouloir se lever contre l’envahisseur, elle devra faire face à de nombreuses situations qui la feront passer par toutes les émotions.
Amour, Dépassement de soi, Courage, sont les maîtres mots de cette première étape.
Je vous présenterai, ici, pas à pas, le Tome 2 !
Si vous souhaitez acquérir d'abord le Tome 1: Le Commencement avant de vous plonger dans l'univers un peu plus sombre du Tome 2, vous pouvez. Il est disponible sur la plupart des librairies en ligne (Fnac, Le Furet du Nord, etc)
Laurent et ses amis dormaient. Un bruit au-dehors vint les tirer de leurs rêveries, lui plus que les autres, déjà aux prises avec un sommeil agité. Il observait les alentours, les jambes encore allongées mais prêtes en cas de fuite nécessaire. Le boucan continuait ; des portes claquaient, le bruit strident, caractéristique de l’ascenseur du bout du couloir, s’élevait constamment, ce qui était rare pour une heure aussi tardive. Il était déjà rentré quelques fois à une heure assez avancée de la nuit mais jamais il n’avait assisté à autant de remue-ménage. En même temps, c’était cela qui paraissait étrange et peut-être ce qui le maintenait dans son couchage de fortune, ça et aussi le fait qu’aucun reproche de voisins dérangés ne s’élevait du couloir. Comme si chacun savait qu’il fallait rester silencieux.
Il saisit ses lunettes. Le visage aux joues creuses et au long front – ce qui ne l’empêchait d’être séduisant – de Laurent entreprit de visualiser ses cinq camarades, sans succès. Il percevait leur souffle mais à peine les contours de leurs corps dans la sombre pièce, impossible aussi de savoir ce qu’ils pensaient. Toutefois, ils devaient être dans le même état. Il ne les connaissait que depuis une quinzaine de jours mais il comprenait un peu la façon dont chacun fonctionnait. Cela était plutôt facile ; ils appartenaient tous à la Caste malgré le fait que ces derniers y étaient depuis une décennie, tandis que lui n’était que le petit nouveau du haut de ses trente-cinq ans.
Un cri s’éleva. Le métis tressaillit. Une voix horrifiée avait traversé la nuit mais avant même qu’il ne puisse se plonger là-dessus, d’autres suivirent. Pourquoi ? Les cris se rapprochaient. Dans quelques pas, ils seraient devant la porte. Ses camarades ne bougeaient toujours pas. Lui, retira la couverture qui lui encombrait les membres inférieurs et se mit accroupi pendant quelques secondes.
Les cris et maintenant des supplications n’étaient plus qu’à une porte. Il se redressa complètement, affrontant ses tremblements mais décidé à découvrir ce qu’il se passait. Jusque-là, ils avaient passé quelques journées assez sympathiques dans cet hôtel ; il y avait mieux mais le service avait été impeccable, et en soit pas grand-chose à reprocher. Ce soir, c’était différent… Il fit le premier pas.
Puis le deuxième mais avant qu’il ne fasse le troisième, il sentit une légère pression sur sa jambe ; pas assez pour le retenir mais suffisante pour attirer son attention. Il se stoppa net. Les battements de son cœur s’accéléraient. Qui ? Il abaissa son regard et vit un mouvement dans la nuit de la pièce, un geste simple, léger qui ne dura que quelques secondes mais qui lui disait clairement : « arrête-toi là ! ». Pourquoi ? Les responsables de ce vacarme se trouvaient devant leur chambre.
Etrangement, Laurent entendait plus de pas qu’il n’aurait dû y en avoir ; quelques gesticulations et les fluctuations dans les voix, lui donnaient l’impression que les personnes qui gémissaient de peur étaient sous le joug d’un groupe qui leur donnait l’ordre de les suivre. Laurent fronça les sourcils. Il avait des pouvoirs qui réduirait n’importe qui au silence. Il ne pouvait se permettre de rester ici, dans cette pièce alors que son don pouvait régler la situation.
Il dégagea sa jambe de la légère étreinte de son camarade et s’avança vers le tumulte qui s’éloignait ; il pourrait les prendre à revers. Il accéléra le pas. Puis, soudainement, il perdit l’équilibre et son corps entier s’entrechoqua avec le mur adjacent à la porte. On l’avait poussé. Il sentait cette fois, les mouvements fermes de celui qui le tenait. Impossible de s’en échapper et pourtant il tentait quelques tours de passe-passe. Passer par l’esprit, cela ne servirait à rien, le camarade qui se trouvait derrière lui serait capable de le contre-attaquer et physiquement il ne faisait pas le poids. Il devait le reconnaître, il avait perdu. Laurent cessa de bouger et laissa, tranquillement, l’autre, l’assujettir.
一 Alors! c’est comme ça que tu comptais aider les personnes dehors? demanda dans un chuchotement la voix de Hams.
Toutefois, Laurent sentait avec force l’ironie et le sarcasme de son camarade. Hams le
relâcha et une boule de lumière s’éleva.
Le métis trentenaire chercha pendant un instant l’origine de cette petite lueur et il la découvrit dans la main de Sari, femme d’origine indienne, une cinquantaine d’années passées sur cette Terre. Elle était assise, les bras emmitouflant ses genoux, en gardant son dos bien appuyé sur le pourtour du lit. La femme paraissait ne pas se soucier de la situation de l’échange entre Hams et Laurent, se contentant avec l’outil qui était responsable de la boule de lumière ; le métis le voyait pour la première fois.
Contrairement à Sari, un homme – celui qui occupait le seul lit de la pièce – la quarantaine, lui, s’était positionné sur le flanc et observait avec délectation la scène. Il avait un air de chacal avide de connaître l’issue de la bagarre, sans que lui-même n’intervienne. Laurent ne connaissait pas son nom – il ne s’était jamais présenté à lui et les autres se gardaient bien de le lui révéler. En tout cas, il n’appréciait pas sa présence, toujours à fourrer son nez partout et n’essayait jamais de résoudre les soucis. De toute façon, pour le moment, ce n’était pas lui sa véritable préoccupation.
D’une pression sur l’épaule, Hams, grand homme, la quarantaine, le teint basané – typique des Méditerranéens – et des bras équivalents aux cuisses de Laurent (même si elles n’étaient pas spécialement épaisses) lui intima l’ordre de s’asseoir. Le métis ne le fit pas répéter une deuxième fois.
一 Tu penses qu’avec ton simple pouvoir, tu vas réussir ? S’ils étaient plusieurs comment tu aurais fait ? Pendant que l’un te frappe ? Ou même deux ? Qu’aurais-tu fait ? Et dans le cas où la personne en face est capable aussi de combattre à l’aide de son esprit, qu’aurais-tu fait ? Aurais-tu été capable de résister ? Ah ça t’y avais pas songé s’égosilla-t-il en voyant la réaction surprise de l’homme à lunettes. Mais oui, c’est ça ton souci, t’agis et après quand t’es mort tu réfléchis ? A quoi ça sert ?
Laurent ne pouvait plus parler, pris de court par le fait qu’on puisse s’adresser à lui comme un enfant, lui qui avait quasiment le même âge qu’eux. Néanmoins, il était vrai que son expérience était bien supérieure à la sienne. La preuve en était, cet instant. En quelques secondes, Hams avait réussi à mettre sur la table plusieurs problématiques qu’il aurait fallu élucider avant de passer à l’attaque.
Le musculeux Hams s’apprêta à reprendre mais Phil, le dernier présent de la pièce, s’engagea en premier. D’une voix plus calme, plus explicative, il voulait faire comprendre au nouveau que des réactions à chaud conduisaient souvent à des regrets.
一 Et puis, tu sais, lorsqu’on a un don, il faut que l’on soit humble. Pourquoi je te dis ça ? Parce qu’une personne qui n’a pas de pouvoir, elle ne s’attend pas à ce que la personne contre qui elle va se battre, ait quelque chose de spécial. Mais toi, moi ou les autres – en pointant Sari et l’homme à la tête de chacal – nous avons été choisis, donc on doit se demander « suis-je vraiment le seul à avoir eu cette bénédiction, ou bien d’autres ont été dotés d’une autre caractéristique unique ? »
Ne te perds jamais dans cet orgueil même si pour toi ce n’en était pas.
Il termina de la même voix qu’il avait commencé avant de se replonger dans sa couverture de fortune. Toutefois ses paroles rentraient plus profondément que celles de Hams, qui elles secouaient avec force, comme si on te jetait dans de l’eau subitement. Phil c’était différent. Il t’amenait dans l’eau froide avec sympathie, discutant avec toi, t’occupant l’esprit avec autre chose ; ainsi, tu ne te rendais pas compte de la supercherie. Puis, les minutes passent et le froid pénètre en ton sein, te rigidifiant et faisant trembler ton corps un long moment après la sortie. Seulement, dans tous les cas, les deux avaient raison.
Cette nuit, son action avait, peut-être, failli les conduire à la guillotine. Laurent aurait été plus intelligent, s’ils s’étaient demandé pourquoi ces êtres expérimentés n’avaient pas bougé. Il avisa sa question aux autres. Phil émit un son semblable à un rire.
一 Tu commences à utiliser ta tête, dit-il, d’une voix étouffé sans prendre la peine de retirer sa couverture.