Le prince Symeith est le troisième fils du Roi Charles Thesserand, du moins le pensait-il jusqu'au jour où un représentant de la Foi révèle qu'il s'agit d'un elfe déguisé par magie. Obligé de prendre la fuite sous peine de mort, l'adolescent décide d'entamer un voyage au bout du monde afin de découvrir le mystère de ses origines. Pendant ce temps, ses deux frères, Balian et Tymérand se préparent aux bouleversements politico-religieux causer par la révélation.

Avertissement :
L'histoire se déroule dans un univers aussi dur que le notre. Les personnages vont être confronté à de la violences au cours de leurs aventures.

J’étais monté faire un dernier tour dans le grenier avant de dire définitivement au revoir à cette maison. Il était là, dans les combles, coincé entre deux poutres, le dernier carton. Et dire que le camion est déjà parti. Je sentis mon téléphone vibrer :
Camille : « Il y a des embouts’, j’arrive dans une heure… »
Une heure à attendre dans cette maison vide, avec un carton. Sur la tranche, je vis écrit au marqueur « AUTOMNE 97 ». À l’époque, j’avais cinq ans. Maman était encore dans sa phase où elle accumulait tout ce qu’elle pouvait de moi. Cela pouvait être intéressant. J’ouvris le carton poussiéreux et jeta un œil à son contenu. Au-dessus de la pile, une photo de classe.
- Pantalon jaune, polo marron, gilet bleu, la collection automne 97, on aimait les couleurs à cette époque, commentais-je en souriant.
Les couleurs, il n’y avait que ça dans toute la boîte. Je tombais ensuite sur un collage de ma composition composé grâce aux trouvailles d’une promenade scolaire en forêt. J’avais pris des morceaux d’écorce pour faire un tronc, des feuilles de chêne, de hêtre et de bouleau rouge et jaune que j’avais disposé tout autour.
À cette époque, j’aimais bien me promener dans la petite forêt d’à côté. Je me souviens encore des chemins recouverts de feuilles tombées qui m’arrivaient au genou. Je creusais des sillons sur mon chemin en frottant mes jambes l’une contre l’autre dans un boucan d’enfer. Mais le plus drôle, s’était de récolter des châtaignes et des marrons. Tiens d’ailleurs il reste quelques marrons dans le fond de la boîte. C’est costaud ces trucs-là !
Ah la confiture de châtaigne, mais pourquoi j’ai pensé à ça ! C’est bête maintenant j’ai faim et rien à me mettre sous la dent…
Des dents ! des dents de vampires en plastique. Très bon déguisement d’Halloween, mais pas très pratique pour se goinfrer de bonbons. Quand j’y repense, c’est vrai que c’était drôle d’être dehors, en pleine nuit, avec les copains. On n’avait peur de rien à l’époque. Sauf du vieux monsieur du 12. Je n’étais déjà pas rassuré en costume alors que maman surveillait derrière, mais même des années plus tard il me terrifiait. On allait tous les week-ends en automne avec les copains faire du rugby derrière chez lui. Il y avait une pelouse parfaite pour ça. Le temps était tellement humide que le sol était complètement boueux si bien que même en nous plaquant de tout notre poids, on ne se faisait jamais mal. Le seul problème c’était d’envoyer le ballon chez le vieux monsieur. On était sûr de ne plus le revoir…
Papi Roger ! Je n’avais plus vu de photo de lui depuis des années. Alors ils montaient nous voir en automne. Comme c’est curieux. Depuis qu’il est mort et que Mamie se retrouve toute seule, j’ai l’impression qu’elle veut absolument rester au village le jour de la Toussaint pour fleurir sa tombe. Du coup, c’est nous qui descendons la rejoindre. J’étais petit à l’époque et je réalise que cette « tradition » n’a pas toujours été. Ce n’est pas plus mal par ailleurs. C’est un automne que la montagne est la plus belle. Chaque arbre à une couleur différente ce qui lui donne un air d’animal à fourrure tacheté.
Maintenant qu’elle a vendu la grande maison, maman va s’installer au village. Moi aussi, quand ce sera l’automne de ma vie, j’irais m’y installer.