Voilà quatre ans maintenant que j'entretiens une relation passionnelle avec l'écriture. Cette dernière est arrivée lorsque j’ai commencé ma formation d’éducateur spécialisé. Tenir un carnet de bord nous disait-on. Un euphémisme. J’ai épluché des centaines de pages A4 relatant mon expérience professionnelle sur ma formation pratique. Et pour la théorie, n'en parlons pas.

Oui. Quand on y pense, nous nous rejoignons tous dans l'écriture. On y a tous goûté. J'ai personnellement developpé un attachement à la plume. Vous passez vingt années à écumer les feuilles simples à petits carreaux, les copies doubles à grands carreaux. Alors, ça devient automatique. C'est familier. On sait faire. Ce qui manque. C'est qu'on écrit rarement que pour soi. On écrit parce qu'il y a des attendus. Des attentus académiques ou professionnels. Cela en dégoute certains par ailleurs. Mais pour moi, l'écriture est devenue un outil de sublimation. J'ai écrit pour moi. Pour me réaproprier mon vécu, ce quotidien professionnel. Pour me vider. Parce que là-haut je deviens fou sinon. Parce que les mots puis les phrasent naissent à la seconde. Parce qu'une saturation mentale s'installe. Alors, question de survie, ils doivent sortir. La page blanche devient l’allié purificateur de mes pensées. Il est le gardien d'éveil de mes jours.

Je n’ai pas écrit uniquement parce qu’on me l’a conseillé en formation. J’ai heureusement écrit par envie. Pour moi. Parce que cela me faisait du bien. Pour me sentir libre.

Naturellement, j'ai décidé de mettre en mot mon histoire. Alors, deux ans et demi plus tôt, je me suis lancé. Je souhaite ainsi partager mes chapitres de vie. Ces derniers sont à appréhender tels des strates. En effet, ces récits autobiographiques forment ce que je nomme : une stratigraphie. Cette discipline des sciences de la Terre étudie la succession des différentes couches géologiques appelées "strates".

Comment ne pas être ému, quand, en une image complète, le récit de millions d’années s’offre dans le spectacle de la roche. Les couches sédimentaires créent de manière palpable notre rapport au temps. Elles nous inculquent l’effort de la patiente, micro poussière par micro poussière. D’un pas lourd, la terre a été retournée, remodelée, façonnée, pour s’inscrire définitivement dans l’histoire. Elle laisse alors les âmes de la Terre dans son entraille.

Ces couches se superposent, et parfois se répondent. Nous sommes tous ce mille feuille historique. De mon côté, l’heure des fouilles à sonner.