Avant toi,

Je me suis toujours sentie seule. Même entourée de mes amis, de ma famille, de mes plus proches.

J'ai souvent préféré la solitude. Parfois, j'ai même été distante. Une proximité soudaine pouvait m'étouffer, alors je disparaissais. Mon entourage n'a pas toujours compris. Il faut dire que je suis experte dans l'art de couper les ponts sans retour possible.

Comment expliquer que lorsqu'on est blessée par son propre sang, on reste meurtrie à vie ? L'intimité, je n'ai jamais pu m'y résoudre.

Mon caractère a intrigué. Il a été sujet à tant de critiques.

Lorsque tu es apparue,

Je crois que je n'y ai pas cru. L'amour, le vrai, m'a submergée. Face à lui, j'ai dû abdiquer, détruire cette carapace qui était mienne depuis tant d'années. Ça m'a fait mal.

Je me trouvais désormais nue, totalement démunie.

À présent, tu es là.

J'ai enfin trouvé en toi ce qui me manquait : l'âme qui vit. Celle qui chante à mes côtés, danse au rythme de mes pas, s'accorde aux battements de mon cœur.

Bien plus que ma fille, tu es mon alter ego. Le toi qui s'unit parfaitement avec mon moi. La lumière qui illumine chacune de mes journées. Celle qui irradie de beauté, à l'état pur.

Toi et moi, nous sommes osmose.

Plus tard,

Sous prétexte du temps qui passe – trop vite au goût des parents – tu t'éloigneras de moi. Mais avant ça, j'ai besoin de marquer quelque part cet instant. Un arrêt sur image : celui de mon regard posé sur toi, entre autorité et fierté, mais surtout teinté de tendresse. Celui que j'ai tant rêvé de poser sur quelqu'un.

Il est sur toi.

Merci à ton papa d'être si bienveillant et de nous accepter telles que nous sommes : des êtres insaisissables, entre besoin d'ancrage et soif de liberté, agrémentées d'un grain de folie.

Et merci à toi, surtout. Toi qui me montres un amour qui surpasse tout ce que je pouvais espérer. Quand tu me couvres d'innombrables gomettes, de bisous cœur et de « maman, je t'aime beaucoup. Toi, tu es une princesse ».

Alors qu'il va de soi que c'est toi, la plus exceptionnelle.