Le châtiment

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    Respire ! C’est bon, tout va bien. Elle est morte. Ah, elle était coriace cette garce ! Elle t’en a donnés, du fil à retordre. Tu respires enfin après tant d’efforts. Quelle dure épreuve ! Mais au moins, elle ne sera plus en état de nuire. Tu as pu assurer la sécurité de la maison… ou presque. À quelques meubles près. Mais c’est que le combat était rude ! C’était la déco ou le gâteau.

    Et puis elle croyait quoi ? Qu’elle pourrait déguster le chef-d’œuvre culinaire de tes patrons ? La belle affaire ! Elle n’a eu que ce qu’elle méritait. Tel un vaillant chevalier, tu es parvenu à la sécurité de ce moelleux au chocolat. Ah, ils seront fiers de toi ! Fiers malgré la casse. Enfin, c’est un mal pour un bien. Et quel plaisir de l’avoir entendue crier au moment où son sang se répendait sur le carrelage de la cuisine… Ce doux cri aigu de plus en plus étouffé… En plus d’avoir assuré la protection du gâteau, tu l’as fait en toute discrétion. Brave petit majordome que tu es.


    Mais comment vas-tu pouvoir assumer de tels dégâts… Surtout qu’ils ne sont pas là pour les voir. Madame est partie une semaine chez ses parents et Monsieur dort à l’étage. Tu te surprends d’ailleurs d’une telle discrétion. Tu as réussi à briser une vitre et une lampe sans le réveiller. Même dans la casse, tu restes talentueux. Cependant, ça reste tout de même dommage… En voulant lui sauter dessus, tu as bousculé le lampadaire qui a tristement fini ses jours contre la vitre de la cuisine. Tu aurais même pu briser les volets. Ceux-ci ont pu limiter la casse, ceci dit. Heureusement qu’ils étaient fermés, sinon il aurait même pu pleuvoir dans la maison.

    Tu la revois encore, comme si elle était fière d’avance du remue-ménage qu’elle t’a fait faire. Tu somnolais paisiblement à l’étage, confortablement installé dans un fauteuil, non loin des escaliers, quand elle est apparue, t’arrachant des bras de Morphée. C’est qu’elle s’est presque jetée sur toi ! Tu l’as donc poursuivie pour cet affront. Qu’elle paie pour ce qu’elle a fait ! Comment osait-elle déranger ton sommeil ? Et c’était sans savoir qu’elle en avait après le moelleux au chocolat… la pernicieuse !


    Rien ne comptait plus pour toi que sa peau. Tu la vis, dans la pénombre, tenter de se cacher dans les souliers de ton maître. Mais toi, on ne te berne pas aussi facilement ! Elle n’échapperait pas à ton châtiment. Vif comme l’éclair, tu bondis sur les mocassins. Cependant, elle était bien plus agile que tu ne le pensais et esquiva ton attaque. Quelle misère. De plus, tu venais de risquer ta vie ! La fenêtre du couloir étant restée ouverte, tu manquas de tomber du premier étage. Par contre, si toi tu survis, la chaussure n’eut pas cette chance : la voilà qui pendait tristement à la poignée de la porte d’entrée.

    Mais tu n’avais pas le temps de te lamenter. Il fallait la rattraper ! Et si tout cela n’était qu’une astuce pour détourner ton attention ? C’est qu’elle était maligne en plus ! Tu feulas de rage. Elle était descendue, et donc hors de ton champ de vision. Le temps était compté ! Tu descendis les escaliers à la vitesse de l’éclair. Prêt à toute épreuve, tu balayas la pièce plongée dans la pénombre. Seulement quelques secondes te suffirent pour la repérer. Ah la garce ! Elle venait tout juste de monter sur la table pour voler quelques miettes du gâteau. Tu bouillonnais de fureur. Son heure venait de sonner !


    Et c’est ainsi que s’en suivirent la triste agonie de la lampe sur la vitre de la cuisine ainsi que la mare de sang sur le carrelage. Si c’était pour une bonne cause, tu risques quand même de subir les conséquences de tes actes. Tu as quand même fait subir un beau cataclysme à la maison là.

    C’est alors que t’est venue une idée de génie. Tu vas te racheter. En plus ça tombe bien, il est bientôt l’heure pour Monsieur de se lever. Tu vas lui amener un somptueux petit-déjeuner au lit. Il sera certainement ravi et, en conséquences, prêt à te pardonner pour tous les dommages collatéraux subis par sa magnifique demeure.

    Pourquoi ne pas soigner le mal par le mal, après tout ?


    « AAAAH ! Oscar ! C’est quoi cette souris là ? Enlève-moi ça de là tout de suite ! »


    Tes bonnes intentions étaient finalement vouées à l’échec. Déçu, tu n’en montres pourtant rien. Tu te contentes simplement de t’étirer et de bâiller. Après avoir pris soin de fusiller ton maître du regard, tu retournes sur ton fauteuil préféré près des escaliers, blasé. Il pourra se brosser avant que tu te frottes à lui en ronronnant !

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