chapitre 15

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Je n’ai pas vraiment envie de manger seule à l’appartement ce soir alors je prends une douche et je me prépare à sortir. J’ai vu un petit café sur le chemin en rentrant du cimetière. Je pense que je vais aller le tester.

Je descends donc l’immeuble et me retrouve dans la rue où je me rends compte qu’il pleut. Je n’ai pas pris de parapluie mais tant pis. Ça n’a jamais fait de mal une petite pluie. Arrivée au café, je remarque en premier la décoration vraiment mignonne. Il y a beaucoup de plantes, des petites comme des grandes et quelques fausses bougies. Un homme à l’entrée m’indique une table libre et je m’y installe. Je suis à côté de la fenêtre qui donne sur la rue. Juste après moi, un homme avec un chapeau et un long manteau rentre et s’installe à l’autre bout de la pièce. Il n’y a pas beaucoup de gens dans le café, seulement quelques couples et une petite famille. Je ne veux pas d’enfant mais je dois avouer que ça me réchauffe le cœur de voir des gens heureux.

Après avoir regardé la carte, je commande une salade et demande un pichet d’eau. Il y a une bonne odeur de chocolat chaud et je vois qu’elle provient de l’homme avec un chapeau, même si il l’a maintenant enlevé. Il n’a pas du tout le physique type des gens qu’on voit dans ce genre de café. Il a le crâne rasé de près et plusieurs tatouages dépassent de son col roulé noir.

Alors que le serveur débarrasse mon assiette et me tend la carte des desserts, un bruit sourd retenti. Enfin, plusieurs bruits. Un homme est entré dans le café avec un pistolet et a commencé à tirer. Je me disais aussi que tout se passait trop bien. Les clients et les employés sont tous affolés et courent dans tous les sens. Et quant à moi, je suis incapable de bouger.

J’avoue ne pas avoir tout compris à ce qu’il s’est passé ensuite mais j’ai fini avec un bandeau sur les yeux dans ce qu’il me semble être une voiture.

- Qu’est-ce qu’il se passe ?

- Ferme-là et tiens-toi tranquille.

Pourquoi il faut que ce genre de chose m’arrive à moi ?

***

Après plusieurs minutes qui me semblent interminables, quelqu’un m’attrape par le bras, me sort du véhicule et enlève le bandeau que j’avais sur les yeux. Je suis d’abord éblouie par la lumière du lieu, puis je me rends compte de ce qu’il se passe et je commence à complètement paniquer.

- Qu’est-ce que je fais ici ? Et qu’est-ce que vous me voulez ?

- Tu parles trop. Emmène-là en haut. dis l’homme que je reconnais à présent.

Il s’agit de l’homme dans le café avec un chapeau et un long manteau. Je ne comprends vraiment rien à la situation, mais je sais que tout ne va pas bien. Le deuxième homme, plus petit, mais largement plus musclé, m’entraine vers les escaliers avec une telle force que je n’ose pas me débattre. J’arrive dans une pièce qui ressemble à un grand salon. Un canapé beige trône au milieu de la pièce, et devant il y a une table basse transparente. Aucune télévision n’est présente, mais il y a à la place une grande cheminée. Sur le mur, on retrouve quelques peintures à côté d’une grande fenêtre, bien évidemment munie d’un verrou. Certaines toiles paraissent un peu trop vraies pour n’être que de simples répliques, mais je n’ai pas envie d’y prêter attention. Derrière le canapé, je vois quelques marches qui forment une estrade avec une table et quelques chaises autour. L’homme avec moi me ramène à la réalité en me poussant vers le milieu de la pièce.

- Ton téléphone.

- Comment ça ?

- Passe-moi ton téléphone.

Et sur un élan de confiance je réponds :

- Je ne l’ai pas sur moi.

Il fronce les sourcils et s’approche de moi.

- Ton téléphone.

Je baisse la tête et lui passe alors mon téléphone. Je ne sais toujours pas ce que je fais ici, mais si je pouvais éviter de m’attirer plus d’ennui, ça m’arrangerai.

- Reste là.

Et il s’en alla sans plus d’explications.

***

Il doit être 22h à présent, et je n’ai toujours aucune idée de ce qu’il se passe. Et c’est seulement là que j’entends du bruit au rez-de-chaussée. Je ne comprends pas tout, mais j’arrive à distinguer quelques voix, dont une qui me parait familière.

- C’est bon. Où est-elle ?

- Pourquoi se précipiter fratello ?

Eros, et le gars qui était au cimetière ?

- Je ne me précipite pas. Je veux juste que tu honores ta part du marché.

- Ce que j’ai fait. Maintenant laisse là.

- Comme tu voudras.

J’entends des pas dans l’escalier et décide de m’assoir sur le canapé.

- Entre.

La porte s’ouvre et je voie Eros entrer. Il est trempé jusqu’aux os et parait soulagé de me voir.

- Je vous laisse.

Je me lève et m’approche doucement d’Eros. Quant à lui, il fait quelques grands pas vers moi.

- Tu vas bien ?

- Euh oui, enfin je suppose.

- Il ne t’a pas fait de mal ?

- Non, tout va bien.

- Sienna. me dit-il en m’attrapant la main.

- Laisse-moi s’il-te-plait. Je veux juste rentrer chez moi.

Il ne m’a donné que le silence en guise de réponse.

Je sors de la pièce, ne sachant pas trop où aller, et remarque que les autres hommes sont toujours là. A cette vue, je me raidis mais je ne me laisse pas démonter. Eros sort de la pièce juste après moi et il se place derrière moi. Je descends les escaliers et me dirige vers la porte d’entrée, suivie d’Eros. Je quitte le bâtiment et ouvre la Maps pour retrouver mon chemin.

- Sienna.

Je ne réponds pas.

- Sienna attends s‘il-te-plait.

Je m’arrête et me retourne. Il pleut toujours mais il est déjà trempé.

- Laisse-moi au moins te raccompagner. Il pleut et tu ne connais pas l’endroit.

- Non merci.

- Sienna. me dit-il d’un ton cette fois autoritaire. Ce n’était pas une question. Je ne te laisserai pas rentrer seule.

Il me prend par le bras et m’attire doucement vers lui.

- Ne m’oblige pas à te forcer.

Je cède. De toute façon, je ne veux pas rentrer seule.

Je monte dans sa voiture, une berline noire, et il démarre le moteur. Le trajet se fait en silence, et heureusement il ne dure que quelques minutes. Lorsqu’on arrive dans ma rue, je descends sans un mot et marche vers l’hôtel.

- Sienna.

- Combien de fois tu vas m’appeler ?

- Jusqu’à ce que tu répondes.

- …

- Tiens, c’est mon adresse. En fait c’est là où on était il y a quelques minutes. J’ai pensé que tu te sentirai plus en sécurité avec ça. Et, au moins, si tu as besoin de quoi que ce soit, tu sauras où me trouver.

- Ok.

Je prends le papier et m’en vais pour de bon cette fois. Je n’aime pas être froide avec les gens mais cette histoire va beaucoup trop loin. Je ne rentre que dans quelques jours, mais je ne pense pas revoir Eros.

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