Samedi Écriture du 06 Juin 2020 - Votre mari a été enlevé par une organisation criminelle. Vous partez à sa recherche, bien décidée à le libérer.

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La caravane des Lépidoptères revenait de Phon, traversait le désert de Mubi, les plaines herbeuses de Naga, et finissait son périple en rejoignant la Turovie et sa capitale : Turovia. Elle était composée de marchands de vins, de soie, d’épices orientales, d’animaux rares mais utile aux constructions élevées et de bien d’autres marchands en tout genre. Des mercenaires l’accompagnaient, quelques hommes à dos de cheval ouvraient la voie, d’autres fermaient la marche, et le gros de la compagnie (une vingtaine de mercenaires) marchait aux côtés des marchands.

Cette caravane devait son nom de Lépidoptère aux gigantesques papillons qu’elle ramenait de Phon. Vendus à la guilde des Bâtisseurs de Turovia, ils servaient à atteindre des hauteurs inaccessibles aux fragiles et branlant échafaudages. Les plus gros d’entre eux pouvaient même porter des blocs de marbre ou de granit d’un poids titanesque, et lorsqu’ils passaient entre le soleil et la terre, l’ombre pouvait couvrir une bonne moitié de la ville. En résultait la construction d’un édifice aux dimensions incommensurables à la gloire des anciens rois de Turovie.

Nous évoquions les mercenaires chargés de protéger la caravane. Une caravane est toujours source de convoitise, surtout lorsqu’elle rapporte des biens précieux. C’était le cas de la caravane de Lépidoptères.

Ce n’était pas la première traversée d’Akim, fils de forgeron et devenu marchand de vin lorsque son père incendia sa forge après un coup de folie : une maladie fréquente lorsqu’on travaille les métaux rares. Les savants disaient que les métaux qui émettaient de la lumière la nuit et qui semblaient ne jamais perdre la chaleur de la forge étaient mauvais pour la santé, que respirer les étincelles et les éclats projetés lors de leur forgeage ne pouvait qu’entraîner les maladies. Le coup de folie. Ce n’était pas le premier forgeron a en être touché. Mais son fils, Akim, ne le serait pas. Le vin lui semblait plus agréable et moins dangereux, l’ivresse, la folie provoquée par son ingurgitation n’était que temporaire.

Depuis maintenant 15 ans, il quittait chaque année la capitale de la Turovie pour prendre sa place dans la caravane, accompagné de son apprenti, d’un mercenaire attitré et de ses meilleurs chevaux pour tirer ses 5 grandes charrettes. Le voyage devait en valoir la peine, autant ramener le meilleur vin de Phonie possible. Il pouvait ramener 30 Tonneaux de 50 litres de vin. Avec cette cargaison il pouvait tenir presque toute l’année à la boutique que sa femme tenait en son absence.

XXX

-Cette traversée du continent fut particulière, tout d’abord la météo fut rude, le vent nous a secoués dès la sortie de Turovia et durant toute la traversée des plaines de Naga, donnant aux hautes herbes l’impression d’être un océan de tiges, de feuilles et de fleurs de toutes les couleurs possibles. Les montures n’ont pas trop apprécié mais une fois arrivés aux portes du désert de Mubi, le vent s’est heureusement calmé. La traversée du désert a été calme, sans incident particulier, rien à l’horizon, pas un nuage, pas un seul serpent en travers de la route, pas un scorpion dans nos tentes le matin, rien. Trop calme, pas habituel comme traversée du désert, habituellement c’est le désert qui offre les tornades, pas la plaine de Naga. Puis le séjour à Phon : la population étaient agitées mais pas comme d’habitude, fébrile, anxieuse… La nuit par contre, leur anxiété se relâchait, comme d’habitude, et à part quelques classiques accrochages avec la garde impériale rien ne sortait du lot. Je me souviens que le marchand de vin, votre mari, avait fait de bonnes affaires, il semblait content quand je l’ai aperçu au sein de la caravane au départ de Phon, quelques jours après y être arrivé.

-Ok, donc rien d’inquiétant à l’Aller, et malgré une agitation étrange à Phon vous vous êtes mis sur le chemin du retour.

-Exactement, et si vous voulez mon avis, l’agitation de Phon n’avait rien à voir avec ce qui nous est arrivé.

Le regard de Falla invita le mercenaire à continuer son explication.
Je ne sais pas s’il y a du vrai là-dedans ou si c’est une rumeur qui a bien pris mais lors des soirées ivres à Phon, les habitants parlaient parfois de dragons serpents qui auraient été vu plus au nord.

-En effet… Bon continue, je ne veux louper aucun détail de ce qu’il s’est passé, tout pourra m’être utile !

-Et bien, la traversée du désert de Mubi s’est déroulée comme à l’aller, rien qui n’aurait pu prédire une si grosse attaque des brigands des sables. Le ciel était calme, nous avions une bonne vue sur tout le paysage, et tout à coup, sans que nos éclaireurs n’aient pu nous prévenir, nous nous sommes retrouvés encerclés par ces brigands. Ils sont apparus comme par magie, comme s’ils sortaient de sous le sable. Certains y croient…

-Ecoute moi bien, je veux savoir exactement où c’est arrivé ! Le plus précisément possible !

-Bonne chance… Dans le désert le vent façonne le paysage chaque jour. Mais c’était 10 jours après être parti de Phon. J’ai pu m’échapper dans la bataille, lâchement, je crois que le mercenariat n’est pas pour moi. Je pense être le seul à avoir pu m’échapper. Puis en marchant droit vers l’ouest, je fus sorti du désert en 3 jours. En marchant le plus droit possible, d’un pas ralenti par le sable du désert. Nous étions pile en dessous de l’étoile de l’oeil de Lapin… Mais vous ne le retrouverez malheureusement jamais, n’y allez pas, je suis désolé.

-Foutaise, je le retrouverai ! Parle-moi de ces brigands.

XXX

Comme toutes les capitales, Turovia comptait d’innombrables commerces, boutiques, charlatan, mendiants, pauvres, riches… tout ce qui se faisait pouvait s’y trouver. Il ne fallut que deux jours à Falla pour trouver un cartographe et un astronome. Avec leur aide et contre quelques pièces d’argent elle put obtenir une carte assez précise des plaines de Naga, du Désert de Mubi et, à l’Est, de Phon. L’astronome et le cartographe prirent leur temps mais finirent par entourer une zone d’environ 6km de long et de 5km de large dans le Désert de Mubi. Là où l’attaque s’était produite. Une zone un peu trop étendue au goût de Falla mais il faudrait faire avec.

Elle voyagerait léger, un cheval pour elle, un autre pour les vivres, l’eau, et pour porter son mari lorsqu’elle l’aurai retrouvé.

-Il me faut un arc, des flèches, une épée courte.

On trouvait tout dans une capitale comme Turovia, il suffisait de savoir à qui s’adresser. L’homme la fournirait le jour de son départ, à l’aube aux portes de la ville.

Falla voyageait depuis maintenant 3 jours, elle avait atteint les magnifiques plaines de Naga. Verdoyantes, fleurie, herbeuses, peu de grands arbres, une sorte de pré vallonné qui s’étendait à perte de vue. Traverser la plaine de bout en bout prendrait encore une semaine. Les ruisseaux bondissaient sur de petits rochers, des insectes bourdonnaient sur les fleurs, des oiseaux chantaient.

Un endroit paradisiaque, que l’homme n’avait jamais pu dompter malgré de nombreux essais, comme si la plaine était dotée de volonté propre et qu’elle n’autoriserait que la nature à y vivre.

Mais dans cette plaine utopique, Falla percevait une ombre, qui l’observait, qui la suivait depuis son départ de Turovia.

Profitant de la géologie de la plaine qui commençait à présenter plus de formes acérées, Falla se camoufla, bien décidée à prendre à revers cette ombre qui la suivait.

Il ne lui fallut attendre qu’une heure pour prendre l’ombre par surprise. Elle lui sauta sur le dos, l’étrangla et après quelques minutes de lutte, se retrouva face à face avec une nymphe des sables.

La créature avait la peau dorée pour mieux se camoufler dans le sable, presque brillante, sa peau était étrange, entre extrêmement douce et rugueuse. Ses yeux d’or lançaient des éclairs. Littéralement. De petits éclairs s’échappaient de ses pupilles, elle devait être encore trop loin du désert pour avoir pleine possession de ses pouvoirs.

-Que faites-vous ici, pourquoi me suivez-vous ?

-Vous cherchez à rejoindre le désert, pour vous venger de ses brigands, comme moi ! Je ne vous veux pas de mal, je pensais vous suivre et une fois que vous auriez retrouvé les brigands et tombé dans leur piège, j’aurais pu les anéantir.

-Que vous ont-ils fait ?

-Ils écument le désert depuis des siècles, ils capturent d’autres humains pour les vendre comme esclaves ou rejoindre leurs rangs, mais jamais ils n’avaient pu s’attaquer aux nymphes des sables. Ils sont arrivés près de notre oasis et armé de cottes de mailles étranges ont résisté à tous nos éclairs ! Ils ont capturé toutes mes sœurs. Ils vont les vendre au nord, ou les exploiter, ou les torturer, ou les violer, ou tout ça à la fois.

-Ils ont attaqué la caravane de mon mari, je dois le retrouver. Nous retrouverons vos sœurs.

Falla tenta de consoler Zeussa, Zeussa tenta de consoler Falla. Les deux femmes étaient désormais liées.

Après une semaine de voyage à travers la plaine de Naga, le désert de Mubi leur ouvrait ses portes. A mesures qu’ils approchaient du désert, Zeussa recouvrait sa puissance et ses pouvoirs. Aujourd’hui Falla n’aurait pu l’emporter en l’attaquant par derrière comme l’autre nuit. Le sable obéissait dans une moindre mesure à Zeussa. Elle étincelait.

La nuit Falla observait les étoiles scrupuleusement, ensuite elle se reportait à ses cartes.

-Demain matin nous y serons, ensuite il faudra retrouver leur trace, j’espère qu’aucune tempête n’a effacé les traces complètement !

-Ne t’en fait pas, le sable me dira tout.

Ce ne fut pas le sable, mais un serpent du désert qui susurra à l’oreille de Zeussa. Les brigands étaient partis au nord, une oasis temporaire s’y trouvait, il ne disparaîtrait qu’avec la nouvelle lune. Plus que 2 jours pour les retrouver.

Le plan était simple, Falla devait tomber sur les brigands en pleine nuit, les distraire. Le temps que Zeussa libère la puissance du désert sur les cages emprisonnant ses sœurs.

La tempête de sable fut cataclysmique. Mais aucun grain de sable ne fouetta le visage des innocents, seuls les brigands furent flagellés par les sables et les petits rochers. La tempête de sable illuminait la nuit, chaque grain de sable semblait chargé d’énergie, d’éclairs.

Puis les sœurs nymphes se trouvèrent libre, les brigands prirent leur place dans les cages, ils seraient livrés à Phon.

Falla ne retrouva pas son mari, il avait été vendu dans une ville d’un état esclavagiste plus au nord.

L’aventure de Falla et Zeussa ne faisait que commencer. Lorsqu’elles reviendront je vous la raconterais.

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