Chapitre 12 - Vertige.

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Deux heures du matin.

Je flatte doucement le cou de Fumseck.

- Il se fait tard, mon bon compagnon. Il y a tant à faire et si peu de temps...

Je laisse dériver mon regard vers la fenêtre contre laquelle la nuit s'écrase, empêchée d'entrer par la lueur vacillante des quelques cierges qui éclairent chichement le bureau en complément de la lampe de bureau poussée à son maximum près de moi.

- C'est la nuit que les Ténèbres progressent.

Je délaisse mon phoenix et jette un dernier coup d'oeil aux derniers rapports qui me sont parvenus cette nuit.

- Incendio, je murmure.

Laissant toute ma correspondance se réduire doucement en cendres, je me lève péniblement et sens craquer mes articulations.

Trop longtemps que je suis assis.

Trop longtemps que je suis en vie.

Je me dirige vers l'une des armoires et ouvre en grand les deux battants, faisant face au miroir en pied dans lequel mon reflet fatigué me contemple.

Du bout de ma baguette, j'effleure le coin droit du miroir.

- Nota bene.

Une toile noire s'étend du coin sur quelques centimètres dans laquelle grouillent des asticots blancs autour d'une araignée arborant un visage presque humain aux traits rageurs : Voldemort.

Au coin gauche, d'un effleurement de baguette, je fais apparaître le visage du jeune Potter, provoquant comme une pierre lâchée dans l'eau des ondes concentriques sur la surface réfléchissante ; dans les remous, je distingue une multitude de silhouettes indistinctes mais dont certaines arborent une tignasse rousse tout à fait reconnaissable.

Entre les deux, les Malefoy père et fils, l'aïeul empêtré dans la toile, l'enfant fasciné par les ondes miroitantes.

Touche après touche, mes préoccupations et hypothèses prennent corps dans le miroir, encadrant mon reflet perplexe et concentré.

Au centre du miroir, Fudge est assis à son bureau et ne cesse de s'agiter en tous sens, entouré d'avions de papier virevoltant furieusement. Certains font une navette nerveuse entre la toile de Voldemort et le ministre, d'autres viennent tournoyer lentement autour de Harry.

A sa droite, des filaments de toile s'accrochent à des manchettes de journaux où des portraits inquiets de proches de disparus jettent autour d'eux des regards désemparés.

A sa gauche, Karkarov et leurs autres invités dansent en riant, mais la Marque des Ténèbres pulse langoureusement au biceps de l'ancien mangemort. Et Hagrid reste prostré et sinistre à manger des yeux la directrice de Beauxbâtons qui l'ignore superbement.

Plus bas, toutes sortes de créatures magiques s'agitent dans un brouillard mouvant dans lequel on distingue, çà et là, la multitude des elfes de maisons armés de torches et d'outils en tous genres.

- L'avenir s'assombrit, Fumseck.

Rêveusement, je relie le bestiaire à Hagrid, Hagrid à Harry et Harry à Drago et, naïvement, je me laisse aller à espérer que cet assemblage hétéroclite et douteux forme sa propre toile, un filet robuste et implacable, un bouclier.

Mais le fulminant et tournoyant ministre de la magie n'a pas l'air d'accord.

- Retrospecto.

Las, je referme l'armoire sur le miroir réfléchissant désormais nettoyé de mes pensées.

- Bonne nuit, mon ami, dis-je avec une dernière caresse au phoenix qui ne dort jamais et continuera de veiller quand je ne serai plus là.

Je souffle les lumières et l'obscurité engloutit tout.

A l'exception du phoenix qui luit doucement dans les ténèbres, prêt à renaître de ses cendres.

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