LABYRINTHE

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 Un nouveau chiffre venait se présenter. Il restait 4 secondes. Mon casque grince. J’ai l’impression qu’il se resserre sur mon crâne. Le plastique craque, le joint tire. Est-ce mon imagination, ou est-ce l’orchidée qui serre elle aussi ? Mon souffle râpe. Je voudrais inspirer plus fort, mais l’air n’obéit plus. Je devrais penser à respirer. Mais tout ce qui m’obsède, ce sont leurs visages. Isabelle qui sourit trop. Le Duc qui cache trop. Cooper qui parle trop. Moi qui me tais trop

 On n’est pas une équipe. On est un jeu de dupes. Chacun serre un secret contre soi comme une arme. Même moi. Surtout moi.

 Le laser grimpe, froid, régulier. Il arrive vers ce qui semble être des paupières. Je n’en suis plus à attendre que le laser termine son office. La lumière du jour se lève. Je sais que l’épée de Damoclès est au-dessus de moi. Je manque de temps. J’entend la balise de détresse malgré l’absence de bruit. Le clignotement faiblard sur la visière ne suffit pas à éclairer quoique ce soit. Le rythme de la led me permet de gérer ma respiration.

 Je détourne mon regard pour observer le panorama. La seule chose dont je suis certain, c’est que je ne verrais plus jamais.

  • Il n’y a plus de pression dans la coque du vaisseau.
  • Ça t'étonne ?

 C’était l'agacement qui m’avait fait répondre. J’étais en train de déblayer les débris. Les cendres d’armoïdes s’engouffraient dans les mécanismes de mon mécha. Cooper volait, elle devait probablement attendre dans son cockpit en matant l’espace profond. Les autres n’avaient que des commentaires à faire ou des recherches. Et forcément, c’était à moi de faire le boulot pourri. Je pourrais m'asseoir sur le remboursement de l’assurance.

  • Surveillez mes arrières, j’ai aucune envie qu’une bio machine me bouffe.
  • Ils sont morts, ça va, tu vas pas continuer avec ça ?!

 Lorsque l’entrée a été dégagée, Isabelle a couru à l’intérieur. Ce que je n’aime pas avec cette planète, c’est la gravité. Elle était incapable de maintenir une atmosphère. Sa gravité, par contre, était bien supérieure à ce qu’on pouvait attendre d’un tel endroit.

  • Gardes les lumières allumées. Mets- les à fond.

 Il faisait vraiment sombre. On oublie à quel point on s’habitue à la pollution lumineuse des planètes habitées. J’ai ouvert mon cockpit pour sortir. Et j’ai entendu un bruit sec. Le Duc venait de se viander comme un veau naissant qui ne sait pas encore marcher.

  • Hé, ça va ?

 Il n’avait pas pris la peine de répondre, mais j’entendais sa respiration dans la radio. Cet homme était paniqué. Ce qui aurait été bien de sa part, ça aurait été de nous expliquer pourquoi. Un homme de science et de foi ne devrait pas avoir facilement peur. Isabelle avait trouver quelque chose et revenait doucement :

  • La plante n’est pas là, mais j’ai trouvé la graine, vous devriez voir ça.

 On s’était approché pour rentrer. A l’intérieur, le plafond avait été éventré. C’était récent et vu que le bord avait encore l’air chaud, j’ai immédiatement pensé à la salve de Cooper. J’avais raison de penser que c’était une folle de la gâchette, elle avait peut être foutu en l’air la seule raison pour laquelle on était descendu.

 Isabelle se tenait devant un genre de brindille. Elle était magnifique et miraculeusement en vie pour cet environnement. Le Duc en tomba à genou :

  • Elle est là. Elle n’est pas loin, c’est une pousse. Sa mère ne doit pas être loin. Ca fait deux échantillons, il en reste un et à nous le jackpot.
  • Comment ça deux ?

Le Duc frappa sa combinaison à l’endroit où il tenait son pendentif :

  • Mon bijou possède déjà un échantillon.
  • Bien joué Le Duc
  • Comment pensez-vous que je puisse vous diriger vers la plante ? La croissance est une chanson, je peux en lire la partition. Il est temps de trouver d’où vient la symphonie.

 J’ai posé les yeux sur la pousse. D’après ce que Isabelle a bien voulu nous dire, la graine était entrée dans le système de ventilation. J’étais étonné de la vitesse de croissance de cette chose. Ça a été une aubaine par contre. Elle s’était calée près d’un caisson d’isolation. Enfin, j’avais cru que c’était une aubaine. Mais Isabelle avait décidé pour nous que c’était là où on allait faire une pause. Reprendre de l’énergie, de l’oxygène et planifier notre déplacement dans la direction vers l’avant du vaisseau.

 Il était loin et il n’y avait aucun doute sur le fait que ce vaisseau s’était écrasé ici. D’après la coque, ils n’avaient pas une Cooper aux commandes. Ils ont passé un sale quart d’heure parmi les amibes.

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