J'ai toujours été une émotive. C'est comme ça.

La moindre chose qui n'aurait aucune importance pour les autres devient automatiquement une question de vie ou de mort pour moi et me pourrit bien la vie. 

Il faut dire aussi que dix huit ans, pour moi était tout un symbole : symbole de liberté, d'indépendance, d'interdit....

 C'est donc le cœur battant la chamade que je me suis présentée, un jeudi matin, dans une agence du crédit lyonnais, pour ouvrir mon premier compte bancaire sans autorisation parentale, sans même qu'ils le sachent. 

Grisée par cet interdit extraordinaire (si vous voulez savoir pourquoi je vous enjoins à lire "désintégrée" et en profite pour me faire une pub éhontée), je rentrais donc dans l'espace feutré de la banque et me dirigeais vers un conseiller.

Après quelques papiers d'usage il me demanda de me rendre au premier étage, à la caisse, pour faire mon premier règlement, condition indispensable à la remise d'un premier chéquier et de sa carte bleue.

 A la limite de l'évanouissement, je m'aperçus qu'une longue queue de personnes attendait.

Je pris donc ma place dans la file et pour calmer mes nerfs, avisais que le mur était recouvert d'une épaisse moquette avec des arabesques en relief. Je me mis donc machinalement à la gratter, façon doudou antistress. Dix personnes étaient devant moi.

 Bientôt il n'y en eut plus que neuf puis huit puis sept et pour passer le temps je respirais et grattais machinalement le mur.

 Cinq, quatre, trois, je souffle et gratte.

 Deux et enfin plus que la personne devant moi. Ouf, on y arrive. Je me prépare à avancer au moment où celle-ci s'en va et là.... ma main s'en va avec.

 Je ne sais pas quand, je ne sais pas pourquoi mais depuis probablement une grande partie de mon temps d'attente, je ne grattais plus le mur mais la fesse du monsieur qui me précédait, lequel portait un pantalon en velours que ma main avait allègrement confondue avec la moquette du mur !