Blaireau, régulièrement, allait passer du temps avec son ami Corbeau.
Corbeau était un oiseau très intelligent. Il savait beaucoup de choses sur le monde, sur les diffèrents continents existant, sur la faune et la flore. Blaireau adorait l'écouté raconter ses histoires.
Un jour qu'il allait le rejoindre près de la rivière, Blaireau trouva son comparse volatile maussade. Il lui demanda s'il était arrivé quelque chose. Corbeau esquiva les questions et tenta de trouver un autre sujet de conversation. Mais le mustélidé était tétu et à force de le questionner, Corbeau, vaincu, avoua la cause de son désarroi.

- J'étais avec un groupe d'oiseaux. Des mésanges, des pinsons et autres. Ils faisaient un concours de chant. Je les entendais chanter et j'ai trouvé ça merveilleux. J'ai alors voulu chanter moi aussi...

La tristesse envahit les yeux de l'oiseau noir.

-... Et alors, ils se sont, unanimement, mis à se moquer de moi. Ils disaient que mon chant était affreux, moche et qu'il sonnait presque comme une insulte comparé aux autres. Alors je suis parti...

Le silence s'installa. Corbeau ne savait pas comment réanimer la conversation. Mais se fut Blaireau qui reprit la parole.

- Tu aimes ça? Chanter?

L'oiseau noir ne s'attendait pas à cette réaction.

- Quelle importance?

- Ce n'est pas une réponse. Tu aimes chanter Corbeau?

- Oui...

- Alors chante.

Le volatile regarda son ami à quatres pattes.

- Mais mon chant est affreux. J'en ai trop honte. Surtout si s'est pour subir les brimades de mes congénères.

- Alors chante pour moi. Ce n'est pas moi qui risque de me moquer de ton chant.

Corbeau regarda autour de lui, pour s'assurer qu'ils étaient seuls.

- Tu jures de ne point me juger?

Blaireau rit.

- Tu crois vraiment que je peux me moquer de toi?

Blaireau prit une grande inspiration et poussa un hurlement parfaitement ridicule. Une fois terminé, il se tourna vers l'oiseau noir.

- C'est le maximum que je puisse faire vocalement. Alors tu vois, je ne risque pas de te juger mon ami.

Corbeau hésita quelques secondes, puis, finalement, ouvrit le bec et commença à chanter. Son chant était rauque, sombre mais puissant. Le volatile mit tout son coeur dans son chant. Une fois fini, il regarda son ami quadrupède. Celui ci remuait la queue de contentement.

- J'ai beaucoup aimé. Ton chant est à ton image. Sombre et insaisissable.

- N'empêche, je n'auserai pas retenter l'expérience en présence d'autre oiseaux...

- Eh bien tant pis. Tu n'auras qu'a chanter pour moi. Je veux bien être ton unique auditeur si celà te permet de réaliser ta passion.

Une larme naquit sur l'oeil de Corbeau.

- Si tu es prêt à endurer ça, alors d'accord, je chanterai pour toi.

Et ainsi, régulièrement, les deux animaux se retrouvaient dans un lieu isolé ou Corbeau pouvait s'adonner à pousser la chansonnette sous les acclamations de Blaireau. Ce dernier tenta aussi de pousser la voix pour tenter de s'améliorer, sans grandes réussites. Mais les deux amis en riaient et passèrent de merveilleux moments ensemble. Et au fond, c'était tous ce qui leur importait, à l'un comme à l'autre.