Je me rappelle...

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Allongé sur mon lit, seul, dans le noir presque complet, je contemple une nouvelle fois cette photo, prise avec ton instantané durant cette chaude soirée d’Août.

À chaque fois que je la regarde, une vague de nostalgie s’engouffre dans mes entrailles et me retourne complètement.

Dis-moi, suis-je censé embrasser l’avenir ou pleurer le passé ? Tu dois bien le savoir, c’est sur toi que j’ai tout misé.

Chaque fois que je l’aperçois, ton visage radieux aux côtés du mien, sur ce carré plastifié, les souvenirs ressurgissent, sans crier gare…

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Je me rappelle… quand je suis arrivé devant cette magnifique villa, que mes parents ont louée pour une petite fortune. Un travail acharné de plusieurs années pour pouvoir se payer des vacances de rêve, disaient-ils. Et c’est vrai qu’elle était belle, surtout au premier regard. Elle était fièrement dressée, là, face à la mer Méditerranée, exposant ses murs d’une blancheur immaculée, dévoilant ses terrasses, ses balcons, sa piscine privatisée aux yeux de tous.

Je me rappelle, quand je me baladais dans le petit village fortifié, quand je déambulais dans ces rues remplies de boutiques insolites, proposant par-ci des souvenirs, par-là des œuvres uniques pour les touristes les plus aisés, mais dont les moins munis avaient quand même la possibilité de se régaler des yeux. Même d’ici, j’apercevais la maison, bâtie sur le flanc de la colline. Elle brillait de mille feux parmi les autres, comme si elle concentrait sur elle tous les rayons lumineux du Sud. C’était rassurant, et je profitais de goûter à cette vie plus luxueuse, sachant bien que cela ne durerait que deux semaines.

C’était la récompense pour mon passage à la majorité et pour mes bons résultats au baccalauréat, disaient mes parents. Et c’était sûrement bien plus précieux pour moi que n’importe quel bien matériel, bien plus qu’ils ne pouvaient l’imaginer. Parce qu’au milieu de tout ça, il y avait toi.

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Je me rappelle… la première fois que je t’ai aperçu. J’étais accoudé sur la rambarde de mon balcon, observant le magnifique panorama qui s’offrait à moi. Au même endroit, tous ces villages pittoresques, cette mer paisible, ces monts escarpés, ces plaines verdoyantes, c’était délicieux. Aussi, je ne t’ai pas entendu arriver sur le balcon d’à côté, appartenant à la maison jumelée.

C’est vrai que la propriétaire des lieux nous avait prévenu qu’elle possédait ces deux maisons identiques, seulement séparées par une grande allée carrelée. L’une était dédiée à la location, tandis que l’autre abritait des membres de sa famille. Et tu en faisais parti, vraisemblablement. Quand je l’ai compris, je pense que je t’ai jalousé. Car je savais que, pour moi, ce n’était qu’éphémère, contrairement à toi. Sans même te connaître, j’étais persuadé que tu ne réalisais pas la chance que tu avais, même si tu m’as prouvé le contraire bien après.

C’est toi qui as abordé la conversation en premier. Par politesse, pensais-je, et puis aussi car tu étais le moins timide d’entre nous. Remarque, ce n’était pas bien compliqué, j’ai toujours eu une grande difficulté à franchir le premier pas. Quand je me suis tourné dans ta direction, mon cœur a sûrement raté un battement. C’était là, le deuxième magnifique paysage que j’observais, en seulement quelques minutes. Je ne sais pas ce que tu représentes aux yeux des autres, car je ne m’attribue pas le monopole du bon goût, mais je n’avais jamais rencontré une personne aussi belle à mes yeux.

Déjà, parce que tes gênes t’ont bien rendu service, à mon humble avis. Mais surtout, parce que tu dégageais un charisme fou, et tu respirais la bienveillance. Et tu me l’as prouvé, encore une fois. Parce que tu t’es intéressé à moi, alors que j'étais un parfait inconnu à tes yeux. Tu n’avais aucune raison de le faire, mais tu l’as quand même fait. J’en ai à peine appris sur toi, car tu n’aimes pas te mettre en avant, et je me suis senti un peu exclusif après ces quelques trop longs monologues. Mais c’est ta faute aussi, tu m’as mis bien trop vite en confiance, et c’était la première fois que l’on s’intéressait autant à moi. Mais au moins, j’ai réussi à décrocher ton nom. Et j’ai appris que tu t’appelais Noé.

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Je me rappelle… cette fois où tu m’as proposé de me faire découvrir les coins, et plus particulièrement certains que seuls les locaux connaissent, et encore même pas la majorité d’entre eux. Cela faisait déjà plus d’une semaine que j’étais arrivé, et même si l’on avait appris à faire amplement connaissance, mon caractère timoré avait repris le dessus. J’ai été tenté de refuser, de trouver une excuse pour me défiler, pour ne pas sortir de ma zone de confort, mais je n’ai pas pu. Car tu me regardais, les yeux pétillants et le sourire étendu. Comment aurais-je pu dire non. Alors j’ai dit oui.

Je t’ai suivi à travers ces chemins forestiers, où j’ai pu découvrir de superbes clairières, ces havres de paix. Je t’ai suivi sur ces terrasses sur pilotis, installées le long de la plage, où nombre de restaurants et de boutiques s’établissent pour attirer les touristes émerveillés. Tu connaissais bien le coin, et le propriétaire du café, dans lequel tu m’as emmené, te connaissait bien, lui aussi. Tu lui as commandé quelque chose pour nous deux, qui visiblement n’apparaissait pas sur la carte.

Quand le serveur nous a servi les verres, je me suis empressé de tremper mes lèvres dans ce breuvage, dont tu m’avais tant loué les mérites pendant qu’il le préparait. Et tu avais raison, je n’avais jamais rien goûté de tel. Je pense que c’est à partir de ce moment-là que je me suis persuadé que, quoi que tu dises, tu aurais toujours raison à mes yeux.

Comme l’équivalent mythologique de ton nom, tu étais un guide pour moi. Pas seulement pour l’aspect touristique, mais aussi sur la façon d’être et de voir les choses. Tu me contais tout. Des anecdotes sur certains touristes, des faits historiques liés à la ville, tes aventures dans les coins. Et je t’écoutais attentivement, je buvais tes paroles. Quand tu riais, je riais aussi. Quand tu rêvais, je rêvais avec toi. Car quand je te voyais, j’avais l’impression que toute la côte et ses alentours t’appartenaient. Parce que tu dégageais cette aura, cette prestance. Tu brillais, littéralement. Et je me sentais privilégié d’être le seul à le remarquer. Enfin, je le croyais.

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Je me rappelle… quand tes amis nous ont rejoints au café. Ils passaient là, par hasard, et ils ont crié ton nom quand ils t’ont aperçu. Tu leur as fait signe de nous rejoindre, et je crois bien que je me suis décomposé à ce moment-là. Car, tu me connais bien maintenant, tu sais que je suis un peu farouche. Mais ce que tu ne savais peut-être pas, c’est que je te voulais rien que pour moi à ce moment-là.

Tu m’as présenté à eux, et j’ai essayé de faire bonne impression. Pour toi. Car je ne voulais pas te mettre dans l’embarras, et que je me disais qu’il suffisait d’attendre patiemment qu’ils partent pour avoir de nouveau toute ton attention. Mais, ce que je n’avais pas prévu, c’est qu’ils avaient une idée bien précise dans la tête. Alors, ils t’ont proposé de les accompagner au karaoké, et tu as accepté.

J’avais l’impression que mon monde s’écroulait, que cet instant magique prenait fin. Mais tout ça se déroulait dans mon for intérieur, car je faisais toujours mine de sourire. J’ai toujours pensé que j’étais doué pour camoufler mes émotions, mais visiblement tu n’étais pas dupe. Alors que j’étais en train de m’éclipser pour vous laisser entre vous, tu m’as retenu par le bras et tu m’as proposé de vous rejoindre. J’étais pris au piège, car j’ai croisé ton regard suppliant. J’aurais pu prétexter que je ne voulais pas vous déranger, mais ma présence n’avait pas l’air de déranger tes amis. Alors, sans réfléchir, je vous ai suivi.

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Je me rappelle… ce verre de Téquila, un peu trop dosé pour mes standards habituels. Mais c’était une ambiance de fête, et c’est toi qui me l’avais commandé, et je ne pouvais rien refuser venant de toi. Je buvais progressivement, et je dérivais peu à peu dans l’ivresse. Mais c’était un mal pour un bien, car ça a eu au moins l’effet de me débloquer un peu.

Bien que tu fusses avec tes amis, tu faisais de ton mieux pour m’intégrer dans les conversations, pour me demander si j’appréciais la soirée. Et je crois que je te répondais par l’affirmative, avec un grand sourire. Car ce sont ces petites attentions qui me permettaient d’apprécier cette soirée au maximum. Et puis, finalement, ils étaient plutôt cools tes potes.

Quand la place s’est libérée sur le plateau, je me rappelle que tu m’as agrippé le poignet. Tu t’es levé et je t’ai suivi, docilement, alors que j’étais tétanisé, même sous l’emprise de l’alcool. Je l’ai vraiment réalisé quand je me suis retrouvé, debout, face à ces dizaines de personnes qui me regardaient. Mais tu m’as donné un petit coup de coude dans l’épaule, et par ton regard, tu m’as rassuré.

La musique s’est lancée, et j’ai cru reconnaître les premières notes de Take Me To Church de Hozier. Et tu as chanté les premiers couplets, sans hésiter, alors que le chant n’était visiblement pas ton talent premier. Mais tu souriais, et les gens avaient l’air d’apprécier. Alors, quand mon tour est venu, au moment du refrain, je me suis lâché. Comme si je chantais pour toi, et que la salle était vide. Et j’ai aperçu ton regard étincelant, fier de mes efforts et de ma prestation. Car oui, ma voix était bien plus stable et plus puissante que les autres chanteurs de la soirée. Car je me suis entrainé, seul dans ma chambre, pendant des années, mais je ne te l’avais pas dit.

Quand la musique s’est arrêtée, tout le monde a applaudi dans la salle. Tu étais vraiment heureux, et je l’étais aussi. Tu n’as plus arrêté de me complimenter sur mon talent caché, et je souhaitais aussi te complimenter sur tout ce qui m’émerveillait chez toi. Mais ça serait revenu à te faire mon aveu, alors je me suis abstenu. Remarque, je n’étais pas en état de faire le lien avec la symbolique de la musique. Est-ce que tu l’avais prémédité, ou était-ce le coup du hasard ?

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Je me rappelle… quand tu m’as glissé à l’oreille qu’il te restait un dernier endroit à me faire découvrir. Étrangement, j’ai frissonné, malgré la douce chaleur qui nous enveloppait à l’extérieur. Il se faisait déjà tard, et le plus raisonnable aurait été de rentrer. Mais je ne voulais pas être raisonnable, je voulais faire durer ces moments avec toi, le plus longtemps possible. Alors j’ai accepté, sans rechigner.

Tu m’as fait parcourir des kilomètres dans la pénombre, tu m’as fait escalader des endroits accidentés, sûrement déconseillés aux touristes et plus particulièrement à ceux en état d’ébriété. Mais tu étais si pressé, si euphorique de me montrer ce lieu tant attendu, que j’ai pris le risque, avec toi. Après avoir enjambé une multitude de rochers instables, tu t’es arrêté devant une cavité, creusée dans la roche.

Nous sommes rentrés à l’intérieur et un chemin se présentait à nous, au bord d’un fossé plus profond. Je savais très bien que, si je glissais, tu aurais sûrement été incapable de venir me récupérer. Et pourtant, j’avais une confiance aveugle en toi. Seulement équipés du flash de ton téléphone portable, nous avancions à tâtons. Lorsque de petits cailloux ont roulé le long de la paroi, pour finir par s’écraser au fond de la fosse, j’ai sursauté. Mais tu as su me redonner confiance par tes gestes adroits, et par ton expression toujours insouciante.

Au fond de la grotte, il y avait une sortie. On l’apercevait grâce à la lumière que diffusaient la lune et les étoiles. Tu as pris les devants et tu t’es empressé de sortir. N’ayant pas ton agilité, j’ai pris un peu plus de temps à te rejoindre. Mais quand j’ai sorti le bout de mon nez à l’extérieur, j’ai été soufflé par la beauté du spectacle.

Là, sur ce pic rocheux, nous dominions toute la côte. Ces innombrables fenêtres éclairées des bâtiments longeant la plage, cette multitude de personnes qui déambulaient sur le littoral, profitant du mistral pour se rafraichir. Mais surtout, la mer qui scintillait, reflétant la lumière de ce ciel étoilé. C’était magnifique, je m’en rappelle comme si c’était hier.

Tu étais là, assis en tailleur, et tu as tapoté le sol pour me prier de te rejoindre. Alors, je me suis assis, mon genou effleurant le tien. Et nous avons admiré le spectacle, en silence. Car parler aurait brisé la magie, car parler était tout simplement inutile. Mais je n’ai pas pu m’empêcher de t’observer.

Les yeux remplis d’étoiles, les cheveux au vent, la peau légèrement caramélisée, je ne t’avais jamais vu aussi beau. Pendant un instant, j’ai pensé que tu n’étais qu’une illusion, car tout cela paraissait trop beau pour être réel. Alors que je te fixais, tu m’as regardé, toi aussi. Et si, à l’accoutumée, j’aurais détourné le regard en rougissant honteusement, à cet instant précis, j’ai continué de te fixer, droit dans les yeux.

Car la frustration montait en moi. Car si je savais, depuis un moment déjà, que j’étais inexorablement attiré par les garçons, en te regardant, j’en étais maintenant persuadé. Et tu étais là, à quelques centimètres de moi, et je m’interdisais de tenter quoi que ce soit, au risque de tout perdre sur un mouvement désespéré. Et ça me foutait la rage.

Mais tu m’as souri. Je crois bien que moi aussi, j’ai souri, je ne m’en rappelle plus. Tu as plongé tes yeux dans les miens, bien plus profondément que d’habitude, au point que je sois incapable de faire le moindre geste. Puis tu as rapproché ton visage, tout doucement, et tu as déposé tes lèvres sur les miennes.

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Je me rappelle… que tout est différent depuis ce jour. Nos excursions n’étaient qu’un prétexte pour se retrouver, rien que tous les deux. Avec toi, je comprenais enfin ce que ça faisait, de se sentir réellement vivant. Alors, je vivais à 200% l’instant présent, je me remplissais de ton attention, de ton amour, de tout ce que tu pouvais m’apporter. Allongé, à tes côtés, sur ce parterre de feuille, au beau milieu de cette clairière que tu m’avais fait découvrir, je n’arrêtais plus de t’embrasser, de te toucher, de sentir de mes mains les formes de ton visage et de ton corps.

Mais je me fourvoyais, et même si je faisais tout pour ne pas y penser, je sentais arriver la fin de ce paradis. Je me lâchais, corps et âme, quand j’étais avec toi, et je tremblais de tout mon être quand je me retrouvais seul, dans l’obscurité de ma chambre. Toi aussi, tu as dû le ressentir, je me rappelle que tu m’as proposé de passer la journée chez toi, la veille de mon départ. Tes parents étaient absents toute la journée. Il ne restait plus que toi, dans cette grande villa luxueuse, alors je t’ai rejoint, innocemment.

Mais tu m’as fait découvrir ce dont j’avais seulement osé imaginer avec toi. Tu m’as mis en confiance, tu m’as abreuvé de compliments, tu m’as submergé de tant de sentiments positifs que je me suis laissé aller. Tout naturellement, je t’ai laissé prendre les choses en main. Je t’ai laissé me déshabiller, je t’ai laissé parcourir mon corps de baisers chauds, je t’ai laissé me faire atteindre l’orgasme de ta bouche, me laissant pantois, ivre d’extase.

J’en voulais plus, je voulais m’offrir à toi, complètement. Je crois que toi aussi, tu le voulais, mais tu attendais mon approbation. Alors, je t’ai permis de me remplir de tout ton être. Et c’est à ce moment-là que j’ai compris, quand tu as planté ton regard brumeux dans le mien, quand nos respirations saccadées ont vibré en chœur, quand tu m’as embrassé en même temps que tu t’es répandu dans le latex, que jamais je n’avais ressenti un tel bonheur auparavant, et que jamais je ne ressentirai quelque chose de semblable si ce n’est avec toi.

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Je me rappelle… le moment où j’ai fermé ma valise. Je suis sorti une dernière fois sur le balcon, pour regarder ce magnifique panorama qui m’a tant fait vibrer durant ces deux semaines. Lorsque j’ai rejoint mes parents dans le salon, ils n’avaient pas encore fini de plier les bagages, alors j’en ai profité pour sortir une ultime fois. J’avais dans l’espoir de te retrouver, je comptais sur toi, sur ta lucidité. Et une fois de plus, tu as répondu à mes attentes, comme toujours.

Tu étais là, devant le portail électrique, adossé au mur. Tu m’as souri, mais je voyais bien que toi aussi, tu étais triste. Mais tu m’as quand même tendu la main, et tu m’as emmené une dernière fois dans ces bois, où nous avons passé tant de temps ensemble. Derechef, tu m’as plaqué contre un arbre et tu m’as embrassé bien plus fougueusement. C’était peut-être ta manière de camoufler tes sentiments, ta manière de relâcher ta frustration. De mon côté, je n’ai pas eu la même force, et des flots de larme se sont écoulés le long de mes joues.

Est-ce que tu m’as trouvé misérable, à ce moment-là ? Si c’est le cas, je ne t’en voudrais pas, car j’étais inconsolable. Aussi, parce que tu étais, depuis le début, celui qui me protégeait, tu as essuyé mes larmes de tes pouces. Je ne savais plus quoi faire. Tout lâcher pour toi, ou bien tout faire pour t’oublier, au risque de ne jamais m’en remettre ? Je t’ai fait part de mes doutes, sans réfléchir, car j’étais persuadé que tu avais la réponse. Hélas, tu ne l’avais pas cette fois-ci.

Alors, parce j’étais complètement désespéré, je t’ai donné ma parole qu’à la fin de mon année de Manaa, je te rejoindrais ici pour trouver une école, peu importe son prestige. Et que, même s’il n’y en avait pas, je trouverais n’importe quel boulot, parce que je ne me voyais pas vivre sans toi. Je savais que c’était égoïste de ma part, et un peu fou aussi, car je n’avais aucune certitude que l’intensité de mon amour pour toi était réciproque. Alors, je t’ai déclaré que, peu m’importait si tu couchais avec quelqu’un d’autre pendant mon absence, je te pardonnerais tout à la fin. Parce que je t’aimais plus que tout. Parce que sans toi, je n’étais plus rien. Parce que j’avais l’impression de tomber dans la folie, et que plus rien n’était rationnel dans mes propos.

Et tu m’as serré fort dans tes bras, mon visage humide dans le creux de ton épaule. Tu m’as juste enlacé, silencieusement, pendant plusieurs minutes, le temps que mes larmes se tarissent. Et alors, au moment où j’ai pu reprendre mes esprits, tu as rapproché tes lèvres de mon oreille, et tu m’as fait une promesse, tout bas.

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Perdu dans mes souvenirs, je me suis endormi, la photo serrée contre mon cœur, en me répétant en boucle ces derniers mots sortis de ta bouche.

« Je t’attendrai ».

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