Bonjour à tous ! Je n'ai pas pour habitude de m'adresser directement à vous, lecteurs, mais je tenais tout de même à vous mettre en garde sur ce chapitre. Peut-être vous donnera-t-il l'impression qu'il en manque un large bout. C'est normal. J'ai voulu supprimer toute une partie de ce chapitre que j'ai jugé "non importante" pour l'intrigue, pour la réserver aux lecteurs du livre papier. C'est normal d'avoir des bonus quand on achète le bouquin, n'est-ce pas ? Haha ! Je n'en dirai donc pas plus, je vous laisse lire ce chapitre de vous-même ; peut-être même se serez-vous aucunement surpris !

Aussi : n'hésitez pas à laisser quelques commentaires, cela me fera à la fois plaisir et m'aidera également pour écrire plus vite la suite. C'est démotivant d'écrire seulement pour soi, c'est toujours plus sympa d'avoir des retours de lecteurs de temps à autre pour connaître leur avis. Et puis pas seulement pour la motivation, également pour comprendre nos erreurs, les corriger, ne plus les refaire...

Bref ! Tout ça pour vous souhaiter une bonne lecture !

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Suite à la conversation privée de leurs sauveurs, le Roi de Cristal avait attendu un petit moment avant d’aborder à nouveau le groupe de héros. Une lueur de reconnaissance avait pu aisément se lire dans le fond de ses iris cristallins, tandis que son visage de pierre d’ordinaire fermé affichait un sourire franc. Astrid se fit la réflexion qu’il lui apparaissait sous un nouveau jour, et qu’il ressemblait davantage à un homme ordinaire ainsi, bien plus abordable. Mais la jeune fille ignorait ce qui avait bien pu lui procurer ce changement d’humeur. Était-ce l’annonce de savoir sa fille en vie qui l’avait drastiquement transformé ? S’il savait que sa propre enfant avait griffonné leur portrait de famille avec ses ongles pour masquer les visages de ses parents, peut-être que le souverain de Cristal penserait différemment de Iakyndy…

– Voyageurs, dit-il d’une voix ferme, mais emplie de fierté. Il y a énormément de choses dont j’aimerai m’entretenir avec vous. Acceptez-vous de rester en ma compagnie ce soir ?

Interdite d’être ainsi invitée à la table d’un Roi (il fallait dire qu’en comparaison avec la Princesse de Cristal, son père imposait nettement plus le respect et la confiance, digne d’un véritable souverain), Astrid tourna les yeux en direction de ses amis, leur donnant le feu vert pour la suite de la journée. Lorsqu’elle vit Yume croiser ses bras sur son torse tout en secouant négativement la tête, elle sut qu’elle devrait mettre fin à tous ses espoirs de pouvoir manger copieusement ce soir, et sans doute dire bonjour à la nuit à la belle étoile. Enfin, elle était habituée, maintenant, puisqu’elle avait déjà dormi en extérieur par deux fois déjà. Et comme disait le proverbe, jamais deux sans trois…

– Ce serait avec un immense honneur qu’on aimerait accepter votre offre, débuta le jeune homme, mais actuellement on est…

– Pressés, intervint Fileya in extremis pour empêcher son meilleur ami d’en dévoiler davantage. On est pressés. On doit… se rendre à Aristofée. Oui, voilà, c’est ça, on doit se rendre au Pays des Elfes pour raison diplomatique.

Le Roi de Cristal haussa un sourcil poivre-sel sur son front ridé et rugueux, pas réellement convaincu, et Astrid craignit le pire. Il semblait clair qu’il ne les croyait pas une seule seconde. Elle non plus, d’ailleurs, n’aurait jamais pris ce mensonge pour une réalité au vu de la façon dont ils avaient bégayé pour le dénicher. Cependant, toute trace de doute quitta immédiatement les traits du visage du Roi, aussi rapidement que fondait neige au soleil. Incrédule, Astrid croisa ses bras sur sa poitrine, un sourcil arqué dressé derrière sa frange brune aux pointes bleues délavées.

– Oh, dans ce cas, toutes mes excuses, dit-il, apposant une grande main terreuse à l’endroit exacte du cœur, ses pupilles bleutées brillants de bienveillance. Nous aurons toute l’occasion d’apprendre cette nouvelle ère par nous-même, dans ce cas. J’enverrai personnellement des hommes enquêter dans tout Onyrik. Nous ne vous retiendrons pas plus longtemps.

Le Roi s’inclina respectueusement devant Fileya, qu’il pensait être la principale représentante du groupe. Profondément gênée par toute cette attention, cette dernière entrouvrit ses lèvres dans une expression ahurie, ses yeux tout aussi écarquillés de surprise. Puis, une fois la stupeur passablement mise de côté, la jeune fille effectua une révérence profonde à son tour, finalement charmée d’être traitée avec tant de respect.

Astrid, quant à elle, assistait à la scène la tête pleine de questions. Le Roi de Cristal était-il stupide ? Ou naïf ? Ou bien les deux ? Comment avait-il pu croire un tel mensonge ? Puis, lorsque son regard s’attarda plus précisément sur la façon dont il dévorait Fileya du regard, la brune sentit finalement un frisson parcourir son corps.

Non. Le souverain de pierre était loin d’être aussi niais qu’il ne l’avait laissé croire. Il s’était tout simplement laissé duper par le sourire bienveillant et charmant de Fileya. Astrid avait déjà assisté plus d’une fois à la façon dont son amie était capable de séduire tout un auditoire juste avec ses mots et ses expressions faciales. Il lui suffisait de repenser à la facilité dont elle était parvenue à convaincre River par deux fois de les laisser s’enfuir de Fikternand avec Yume, ou alors cette fois-là, avec les Miliciens aux portes de la Capitale… Astrid avait souhaité ne plus jamais repenser à cet épisode, mais de voir la facilité avec laquelle Fileya parvenait à convaincre même les Rois lui avait finalement fait remonter ce douloureux souvenir à la surface.

Mais comment faisait-elle ? Comment la jeune fille arrivait-elle constamment à parvenir à ses fins par la seule puissance de sa voix et de ses mots ? Était-ce simplement parce qu’elle était jolie ? Astrid avait du mal à y croire. En fait, elle voulait croire que la réponse était bien plus compliquée que cela, comme si Fileya possédait en réalité une sorte de pouvoir de persuasion dont elle seule avait le secret. Mais, dans toute cette histoire, est-ce que la jeune Invoqueur s’en rendait compte elle-même ?

Ses pensées furent subitement interrompues lorsque Yume lui tapota gentiment l’épaule. Sursautant, ne se rendant compte que maintenant qu’elle avait totalement décroché avec la réalité, Astrid sursauta brièvement, avant de lancer un regard hagard en direction de son ami, qui faisait des efforts surhumains pour ne pas se moquer d’elle. Finalement, le jeune homme prit sur lui pour ne rien laisser paraître de son hilarité, et lui désigna d’un signe de tête l’assemblée qui quittait la chambre froide. Il n’y avait déjà plus aucune trace des Gardiens de Cristal, sans doute devaient-ils s’être tous rués vers l’extérieur pour recouvrer leur liberté et leurs années égoïstement privées par Iakyndy. Le Roi de Cristal et Fileya quittaient quant à eux la pièce d’un pas noble tout en discutant de choses qu’Astrid ne parvint pas à saisir, tels deux vieux amis en promenade. Léterno aussi avait disparu.

– Léterno est parti rejoindre Thandon et Khomas en dehors du village, informa le blondinet devant la mine interrogative de son amie, comme s'il avait lu dans ses pensées. Nous on va rester encore un peu, on a deux trois choses à régler avant de partir.

Sur ces mots, Yume lui tapota gentiment l’épaule à deux fois, tout en lui adressant un clin d'œil qui figea la jeune fille sur place, avant d’emprunter à son tour le chemin vers la sortie, laissant Astrid seule dans la pièce gelée.

Fermant doucement les poings le long de son corps, ses sourcils se froncèrent doucement pour former un pli contrarié au milieu de son front. Elle n’aimait décidément pas la tournure qu’avait prise son amitié avec Yume. Quelque chose… l’inquiétait. Une sorte de sentiment, d’impression dérangeante, qui la clouait sur place et l’empêchait de coordonner ses pensées correctement. L’ancien Épéiste agissait vraiment étrangement avec elle, ces derniers temps, depuis qu’ils avaient fui Fikternand à nouveau, pour être tout à fait exact. Il ne la regardait plus de la même façon. Autrefois, la jeune fille aurait pu facilement lire dans ses iris lagon de l’amusement lorsqu’il posait les yeux sur elle. Mais, aujourd’hui, il le regardait presque comme…

Astrid secoua la tête de gauche à droite.

– N’importe quoi, murmura-t-elle, curieusement en colère, avant de quitter à son tour la salle.

Plus vite elle serait sortie de ce palais de glace horrible, au mieux elle se porterait. Ce devait être l'ambiance de ce château qui lui embrouillait l'esprit et l'empêchait ainsi de réfléchir avec correctement.

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Les trois compagnons purent finalement quitter définitivement le Palais du Roi de Cristal lorsque ce dernier se décida enfin à mettre un terme à sa discussion avec Fileya. Il avait fallu que Yume haussât le ton pour cela, car même sa meilleure amie n’avait pas eu envie de quitter le souverain de roche, comme si leur conversation aurait pu durer encore des heures et des heures, voire des jours entiers, sans jamais s’arrêter. Finalement, lorsque la jeune fille comprit enfin qu’ils perdaient un temps monstre à bavarder comme elle le faisait, cette dernière s’excusa promptement auprès du Roi, répétant inlassablement que leur discussion lui avait apporté un grand plaisir et réconfort puis, après s’être excusée un nombre incalculable de fois pour y mettre un terme aussi brutalement, les trois compagnons se mirent enfin en marche en direction de la place centrale du village.

En chemin, Astrid nota que l’ambiance dans le Village de Cristal n’avait plus rien en commun avec cette nuit où elle y avait mis les pieds pour la première fois. Les rues étaient nettement plus animées, jalonnées de rires et de larmes de réjouissance. Les Gardiens de Cristal retrouvaient leurs épouses bien aimées, sorties elles aussi de leur longue transe, cachées depuis des années dans la grotte de Iakyndy.

Malheureusement, ce n’étaient pas tous les hommes qui avaient eu le privilège de retrouver leurs promises. Certaines n’étaient malheureusement pas rentrées, et Astrid ignoraient si elles reviendraient un jour. La jeune fille savait, grâce aux dires de Yume et Fileya, où les Gardiennes de Cristal manquantes se trouvaient toutes, mais elle n’avait pas le cœur à l’annoncer aux Gardiens. Sans doute que s’ils savaient toute la vérité, ils se jetteraient sans réfléchir dans la gueule du loup. Astrid doutait fortement que ces hommes, quoique aussi armés que des chasseurs, puissent parvenir à libérer leurs promises aussi facilement.

Cependant, la brune se demanda sérieusement toutefois ce qu’un soulèvement de la part du peuple d’Onyrik pourrait bien donner. Est-ce que de voir toute une armée de Gardiens de Cristal, restée cloîtrée dans leur forêt depuis des années, se soulever contre l'Élite retiendrait l’attention des Fikternandiens, au point où ils se mettraient eux aussi à douter de leurs dirigeants ? Astrid aurait aimé que ce soit le cas.