Chapitre 8 (première partie)

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Mickaël stationna la voiture sur le petit parking de la maison de convalescence où son grand-père paternel avait été accueilli, après son séjour à l'hôpital. Il demeura silencieux quelques secondes, avant de sortir de la voiture et de rejoindre Maureen. Ils se dirigèrent ensuite jusqu'au bâtiment, un peu ancien d'extérieur, mais très agréable à l'intérieur. De grandes fenêtres laissaient passer la lumière dans le hall. A l'accueil, on leur indiqua le numéro de la chambre.

Ils entrèrent dans la pièce où le vieux monsieur était assis, dans un fauteuil médicalisé.

- Ah, Mickaël, dit-il d'une voix un peu lente. Bonjour. Bonjour, Maureen.

- Bonjour, grand-père, comment te sens-tu ?

- Ca va doucement... mieux qu'à l'hôpital, mais enfin... Le cœur, tu sais, quand ça commence à s'affoler...

- Oui, forcément...

- Mais enfin, cela me fait plaisir de vous voir. Tu n'as pas trop à faire en ce moment ?

- Non, c'était encore la bonne période pour venir, répondit Mickaël. D'ici deux à trois semaines, cela aurait été plus compliqué. On ouvrira parfois aussi le dimanche, durant l'été, selon l'importance de l'afflux touristique.

- Mais ça marche toujours ?

- Oui, oui, bien.

Le vieux monsieur but un peu d'eau avant de reprendre :

- Et les enfants ? Ta grand-mère ?

- Tout le monde va bien. Maureen t'a apporté des photos.

Maureen sortit de son sac un petit album, qu'elle avait réalisé avec des photos prises depuis le début de l'année. On y voyait notamment Ewan souffler ses neuf bougies d'anniversaire, puis les enfants posant en costume avant le gathering. Elle avait aussi pris quelques photos du défilé, et d'autres avec Ingrid, Henry et Mummy lors de la dernière visite des parents de Mickaël.

- Ca me fait plaisir de les voir ! soupira-t-il après les avoir regardées longuement et avoir écouté les explications de Maureen. Qu'est-ce qu'ils grandissent ! Vous avez là presque deux petits hommes, déjà...

- Ils étaient fiers de porter le costume, fit remarquer Mickaël.

- Je m'en doute... Tu as semé de la graine d'indépendance, là, Mickaël, dit-il avec un petit sourire.

- Il m'arrive de le penser, en effet... répondit Mickaël en souriant de même.

- Je vous les amènerai cet été, intervint Maureen. On ira passer quelques jours à Glasgow et on viendra vous voir sur une journée, cela ne fait pas trop de route, avec Ingrid et Henry.

- Ah, petite, si je suis encore là...

Mickaël fronça les sourcils : il n'aimait guère entendre les anciens parler ainsi, même s'il fallait être réaliste.

Ils demeurèrent encore un moment avec le grand-père, avant de repartir. Maureen avait réservé une chambre d'hôte en-dehors de la ville, et ils dînèrent dans un pub voisin. Elle voyait bien que Mickaël était marqué par la visite à son grand-père et resta silencieuse un moment. Elle se disait que le fait qu'il ne soit déjà plus à l'hôpital était bon signe, mais sa santé était fragile.

- Bon, dit finalement Mickaël en se redressant. Tu veux une autre bière ?

- Non, ça va.

- Je vais en commander une pour moi.

Il se leva pour se diriger vers le comptoir, attendit d'être servi avant de revenir vers Maureen. Quand il s'assit, elle lui prit doucement la main.

- Ca va ?

- A peu près. Ca fait bizarre de le voir si fatigué... Malgré ce que papa et maman en avaient dit...

- Oui, bien sûr. Il a subi une grosse opération aussi, à son âge, il va mettre plus de temps à récupérer.

- Cela lui fera vraiment plaisir de revoir les enfants, cet été.

- J'irai début juillet, et s'il se sent mieux, on retournera avant la fin des vacances, dit Maureen.

Mickaël opina. Le serveur leur déposa leur repas et il commença à manger.

- C'est bizarre aussi, reprit Mickaël. On plonge dans le passé et nos anciens s'affaiblissent. Enfin, en même temps, je trouve que ces recherches ont plutôt ragaillardi Mummy.

- Oui. Tu verrais comment elle est impatiente de reprendre la traduction, chaque jour ! sourit Maureen. Elle a vraiment envie d'en savoir plus, de découvrir les dernières années de la vie d'Héloïse et Kyrian.

- Je me demande comment s'est terminée leur vie... fit Mickaël d'un ton un peu songeur. Et ce que toute leur famille est devenue, après.

- Malheureusement, nous ne le saurons jamais, dit Maureen. Hormis si nous poursuivons plus avant les recherches dans les registres, pour identifier tous les descendants.

- Ca peut nous faire une sacrée panoplie de cousins, sourit-il. Surtout si on ajoute les enfants de Gowan et Ervin.

- Quand nous aurons terminé cet ouvrage, je pourrai toujours me pencher sur la descendance...

- Hé bien, alors ce que tu as fait là ne sera pas grand-chose en comparaison ! sourit Mickaël.

Maureen lui sourit en retour.

- Je suis heureuse qu'on ait trouvé, dit-elle en lui prenant à nouveau le poignet.

- Moi aussi, dit Mickaël en lui répondant en nouant ses doigts aux siens. J'espère que les enfants ne seront pas déçus de ne pas descendre de Roy, mais de son frère.

- Si tu leur dis que cela leur permet néanmoins de porter le tartan de Kyrian, je pense que cela atténuera leur éventuelle déception !

- Il faudra faire authentifier tout cela, réfléchit Mickaël.

- On le fera après. Avec l'aide du professeur MacGuiness.

- Oui, tu as raison. Il m'est très sympathique.

- A moi aussi. Et très enthousiaste ! ajouta Maureen.

- Cela peut se comprendre... Ce n'est pas tous les jours qu'on déterre un témoignage de première main de cette période... et qu'on découvre un nouveau clan ! Ou, du moins, le moyen de l'authentifier et d'en certifier l'existence... Mais j'ai encore du mal à réaliser...

- Je peux le comprendre. Même si j'avais de fortes présomptions, au fur et à mesure que nous avancions dans la traduction et dans les recherches, cela paraît un peu... fou. Et extraordinaire.

- Le plus extraordinaire, c'est tout de même que cette malle soit restée dans le grenier tout ce temps sans que personne ne soupçonne l'existence de ce qui s'y trouvait...

- Sans doute que cette notion s'est perdue au fil des générations ou que, ne sachant qu'en faire, tes ancêtres ont simplement laissé les choses en l'état.

- Ils ne parlaient pas tous forcément français non plus, pour ceux qui auraient pu consulter le journal. Mais c'est vrai que cela aurait pu être tout simplement détruit...

- Les tartans ont peut-être protégé le reste du contenu de la malle, émit Maureen. Les autres affaires se trouvaient dessous. En ouvrant la malle, on pouvait simplement se dire : "oh, là, ce sont des kilts, des tissus..." et la refermer sans aller voir plus loin.

- C'est possible. Je me dis que pépé aurait été très heureux de découvrir toute cette histoire, alors qu'il ne l'a jamais soupçonnée... et Donan et Mémé Fine aussi.

- Peut-être que certaines choses s'étaient quand même transmises, sans que tu le saches ou sans que Mummy le sache.

- C'est possible. Mais une chose est certaine : je sais mieux maintenant pourquoi nous aimons tant regarder les monts d'Ardgour...

Maureen sourit doucement :

- Oui, et pas simplement parce que la vue qui s'offre à nous depuis la maison est magnifique. Je suis certaine que Tobias n'avait pas choisi le lieu d'implantation de la demeure par hasard : il voulait lui aussi toujours pouvoir regarder en direction d'Inverie.

- Peut-être en espérant pouvoir y retourner un jour ou que ses enfants puissent redevenir des MacLeod d'Inverie... Mais j'espère que son départ pour Fort William n'a pas fait suite à un différend avec son père ou son frère.

- Je l'espère aussi, dit Maureen. Mais cela, je pense que nous le découvrirons dans le journal d'Héloïse. Elle a encore beaucoup à nous apprendre.

- Oui, conclut Mickaël en levant son verre pour boire ses dernières gorgées. Vraiment beaucoup...

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