La sonnette retentit.

- Hello ma chérie.

Alice dépose un baiser volage sur mes lèvres.

- J’ai vu ta voiture sur le parking.

- Rentre ma puce.

- Je passe vite fait te faire un petit bisou. Je vais aller prendre une douche, grignoter quelque chose et dodo. Je viens chez toi ou tu passes chez moi ?

- La douche t’attend et pendant ce temps-là, je vais te préparer un petit en-cas.

- Non merci, je n’ai pas mes affaires ici.

- Qu’est-ce qu’il te manque ?

- Du change, une culotte, des trucs de filles quoi.

- J’ai.

- Comment ça tu as ?

- Arrête de poser des questions. Allez zou file à la douche et quand tu as terminé tu appelles.

Alice sourit un peu interloquée. Méfiante, elle me dévisage du coin de l’œil en se demandant ce que j’ai bien pu manigancer.

- Tu veux boire quelque chose ?

- Oui un grand verre d’eau bien fraîche.

- Je t’apporte ça de suite ma puce.

C’est rigolo. On dirait presque déjà un vieux couple et quelque part, ça me fait chaud au cœur. Je réalise pour la première fois que le simple fait d’être à deux sans autre considération suffit largement à alimenter mon bonheur. J’ai le cœur léger, je parle tout seul et si je continue à sourire de la sorte, il me faudra prévoir bientôt de la crème antirides en quantité astronomique.

Alice est partie se déshabiller dans ma salle de bain. J’arrive avec le verre d’eau. Instinctivement elle se retourne pour cacher sa poitrine et elle se retrouve face à mes miroirs qui contrairement à chez elle, renvoient l’intégralité de son image. Je souris. Elle revient vers moi résignée, les seins apparents.

- J’ai encore du mal à m’y faire.

- Oui je sais. Embrasse-moi.

J’écope d’un tout petit baiser furtif sur le front avec un immense sourire.

- Mieux que ça quand même. Radine !

Elle m’enlace tendrement, toute nue et nos langues virevoltent ensemble, lèvres contre lèvres. C’est bon. C’est immensément bon. Ce corps tout chaud entre mes bras que je caresse amoureusement. Un délice. Cette langue si douce qui emporte mes sens. C’est diabolique et la réaction est immédiate, incontrôlable.

- Je te laisse sinon, je vais encore avoir des idées.

- Encore ? Comment ça encore ?

Je quitte la salle de bain sur la pointe des pieds. Ma langue a fourché. Comme quoi c’est facile de se faire piéger et à ce petit jeu là, ma chérie semble redoutable.

- Tu cries au secours lorsque tu as terminé. OK ?

Dans la cuisine, je mets la table. Je sors du frigidaire deux assiettes de crudités que j’avais préparées, de retour du centre équestre.

J’entends Alice s’égosiller dans la salle de bain. J’ouvre la porte.

- Fini ? Attention, j’éteins la lumière.

- Non, tu m’as déjà fait le coup la dernière fois.

L'obscurité inonde la pièce.

- Tiens, c’est pour toi.

- C’est quoi ?

- Ben ouvre.

- C’est tout doux, c’est tout petit, une ficelle. On dirait… Euh un string ?

- Essaye-le pour voir.

A tâtons, une main sur mon épaule pour garder l’équilibre, ma chérie se contorsionne pour enfiler le petit bout de tissu.

- Et voilà le travail. Tu peux allumer dit-elle victorieuse.

J’actionne l’interrupteur et la lumière se déverse dans la salle de bain.

- Franchement, tu n’es pas douée. Tu l’as mis à l’envers. Allez recommence !

- Ben non, il est à l’endroit. Tiens regarde, on voit l’étiquette sous la ficelle et pas au-dessus. Tu crois tout de même pas que je vais le retirer juste pour que tu te rinces l’œil ? Coquin.

- Tu as raison. Nonobstant l’étiquette, il te va à merveille ce string et ça te fait un petit cul mais un petit cul. Trop mimi. J’adore.

- Je n’ai pas pour habitude de porter ce genre de sous-vêtement mais c’est vrai que mes fesses sont bien mises en valeur et le vert pastel, c’est ma couleur favorite.

- Un bibi là et zou à table p’tit cul.

Alice m’a emprunté une chemisette blanche dans mon armoire sous les yeux de Camille, médusée. Son corps est sublime pourtant elle refuse de l’admettre polarisée sur la disgrâce de ses seins. J’ai parfois l’impression d’être seul devant ce charme juvénile et si de la perception des autres je m’en fous, j'aimerais au moins partager sa beauté naturelle avec elle, lui restituer cette image somptueuse pour effacer cette mélancolie qui l’habille sournoisement. Vêtue ainsi, elle est sexy à souhait avec ce sous-vêtement léger qui souligne les formes majestueuses de ses petites fesses de par cette ficelle si insolente, si discrète qu’elle ne masque presque rien. La lingerie se veut habillée dans ce somptueux déshabillé, ni vulgaire ni agressif, juste désirable.

Le souper est pris sur le pouce. Alice évoque sa journée, pas toujours facile avec ses joies et ses peines. La reprise de la Covid-19, les accidentés de la route, les personnes âgées, les enfants, les mamans. Tout un monde d’espoir et de désillusions.

On se pose sur le canapé. On allume la télévision. Alice s’endort sur mon épaule. Je n’ose plus bouger de peur de la réveiller. Je regarde ce corps alangui, trop beau, trop doux. Elle bouge légèrement. Elle me donne de tous petits baisers dans le cou en dormant. C’est trop mignon. Son chignon flou lui donne un visage d’ange en faisant ressortir ses oreilles. Les paupières closes, je suis comme envoûté. Sa respiration est lente, douce, confiante. Sa poitrine se soulève à chaque inspiration découvrant la naissance d’un de ses seins à travers ma chemisette entrouverte ; une naissance perturbée par l’opération qu’elle a subie. Je suis spectateur involontaire de la souffrance qu’elle a accumulée des années durant. Je pense à Marion, à Sarah, à leur poitrine somptueuse, à leur corps certes désirable mais à mille lieues de m’apporter ce qu’Alice est capable de me faire ressentir et ce, en toute simplicité, en toute innocence.

Je me libère à regret de l’étreinte de ma chérie. Dans la chambre, j’ouvre le drap qui nous enveloppera pour la nuit. Je récupère ma princesse exténuée sur le canapé avec toute la douceur du monde. Je déboutonne la chemise et je la lui retire. Dans mes bras, sa tête indolente blottie contre ma poitrine, je la dépose sur le lit avec mille précautions. Elle dort et j’aime ce corps endormi. Je la recouvre du drap et je m’allonge à ses côtés. Elle devine ma présence. Elle vient se blottir tout contre moi. J’adore cette chaleur qui me laisse tout chose.

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