Chapitre XV 4/4

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Un bras sous les jambes, un autre sous ses épaules, je soulève Alice. Elle est toute légère. Elle m’enlace durant le transport, sa tête contre la mienne. Je la dépose délicatement sur une chaise de la cuisine, face à la fenêtre. Je m’assoie à ses côtés.

- D’ici aussi on devrait voir le coucher du soleil.

On grignote quelques victuailles. Alice a un bon coup de fourchette et je contemple ses mandibules en action. Elle repère mon petit manège et elle sourit. J’adore. Trop belle mon amazone. Une simplicité inouïe, un charme fou, des yeux rieurs admirables. J’en veux encore et encore. Elle est à croquer et je ne m’en lasse pas. Le repas terminé, direction le lave-vaisselle puis la salle de bain pour le brossage des quenottes.

De retour dans la chambre, Alice me pousse sur le lit. Elle s’allonge à côté de moi. Elle caresse doucement mon visage d’un doigt indolent. Ses grands yeux noisette me regardent profondément, amoureusement. Elle ne dit rien. Je ne dis rien moi non plus. J’attends. Je me délecte de ses doigts qui ont pris un peu plus d’aisance sur mon corps. Elle le sait. Elle s’amuse avec insolence en s’aventurant sur mes oreilles, mes lèvres, mon nez. Elle rit de son rire de gamine, mi femme, mi enfant. Je savoure chaque seconde qui passe comme un délice. Alice se décide à ôter mes vêtements, chaussures, chaussettes, pantalon, chemise. Elle hésite. Elle caresse mon boxer en évitant l’essentiel, fait mine de saisir l’élastique, me regarde pour voir comment je réagis puis elle se résout à le retirer tout en douceur. Mon sexe découvert apparaît comme un pantin désarticulé, livré à lui-même dans l’espace aérien qu’il a décidé d’investir par la force des choses. Entre mollesse et vélocité, il ne sait pas encore quelle posture adopter. Alice sourit. Elle lui dépose un léger baiser. Mes poils pubiens sont entretenus, coupés court. J’ai horreur de voir mon sexe se déhancher entre deux énormes touffes de poils. Alice se glisse sur moi, son nez contre mon nez. Elle me gratifie d’un tout petit bisou de ses lèvres bien fraîches. Elle relève la tête avec un magnifique sourire. Ses yeux sont plongés dans les miens. Je la sens un peu moqueuse et surtout très polissonne.

- C’est mou tout ça. Déjà épuisé mon amour ? Tu as deux minutes pour la remise en forme. Passé ce délai, je ne pourrai plus rien pour toi. Attends-moi ici, j’arrive. Et interdiction de se lever, de faire quoi que ce soit. Tu dois rester comme ça, sans bouger.

Le défi est lancé. La porte de l’appartement claque. J’entends l’ascenseur puis le silence. Le soleil en a profité pour s’éclipser, ni vu ni connu. La nuit tombe sur la station touristique et les volets se ferment automatiquement. Tiens, je ne savais même pas que l’appartement disposait de la fermeture centralisée. La pièce est maintenant plongée dans le noir. Je suis allongé sur le dos, nu sur le lit. J’entends à nouveau l’ascenseur, la clé dans la serrure, la porte qui se ferme. Un froissement de vêtements comme si quelqu’un se déshabille, des pas qui se rapprochent sur la moquette, des chaussons qui sont retirés. Et … plus rien.

Pourtant, on respire dans l’obscurité. Une respiration haletante, excitée, anxieuse.

- Alice ?

J’entends un rire étouffé, adorable et malicieux. Je reconnais le timbre vocal de ma chérie. Elle vient s’allonger sur moi comme tout à l’heure. Sa peau est toute lisse, toute chaude. Ses lèvres prennent possession des miennes. Elle joue de ses cheveux sur mon visage, sur mon corps. C’est trop bon. J’adore. Je perçois l’ondulation de son bassin et la réaction ne se fait pas attendre. Son corps glisse inexorablement sur le mien. Je devine maintenant ses seins proche de mon pubis. Ils enserrent ma virilité. Alice doit probablement les contraindre car ils sont naturellement petits, tout doux, tout chauds. J’ai compris. Je tente de suivre le mouvement qu’elle m’inculque et une petite tape m’ordonne d’arrêter. J’entends Alice s’esclaffer. Je la sens très friponne. Je laisse faire ma petite ingénue. Je n’ai pas le choix, c’est elle qui est aux commandes. Elle continue tout en douceur. Je sens des lèvres lascives m’effleurer lorsque ses seins s’échappent pour mieux revenir. Elles suivent la cadence qu’elle m’impose. Je devine maintenant ce qu’elle a en tête. La sensation est douce, agréable, encore plus torride lorsqu'une chaleur humide m’envahit tout entier. Je commence à ronronner de plaisir. Mes mains sur sa tête et une nouvelle tape m’ordonne de rester tranquille. Je me plie à ses exigences pour laisser libre cours à son imagination. Ses seins m’abandonnent. Ils sont au niveau de mes genoux maintenant. Je sens le souffle chaud d’Alice sur mon bas ventre. Ses mains qui courent le long de mes hanches. Je me soulève légèrement et une nouvelle tape m’invite à ne plus bouger. Docile, mais bien à regret, je me focalise tout entier sur cette bouche qui sacralise ma virilité pour mieux la séduire, qui la relâche et qui une fois libéré la cherche à nouveau pour mieux recommencer. Je souris dans mon for intérieur en me disant « ma chérie, si tu continues comme ça, tu vas prendre cher et tu l’auras bien mérité ». Je ris et la sanction tombe de suite. Pff, même plus le droit de rire. Alice ricane à son tour. Ce n’est pas juste. Elle, elle a le droit.

Un mouvement sur la couette et je suis lâchement abandonné sans autre considération. J’allais râler mais je me reprends avant la sanction. Maintenant les genoux de mon ingénue m’enserrent à hauteur de ma poitrine. Je perçois le poids de son corps sur mon intimité et quelque chose d’humide m’accapare lentement, dans un va-et-viens cyclique, tout en douceur. La respiration d’Alice se veut plus haletante. La mienne s’accélère aussi même si la marge est encore bien haute. Alice gémit, se crispe légèrement. J’imagine son visage empreint de plaisir dans l’obscurité sous mes paupières attentives au moindre bruit, au moindre geste. Son corps bascule légèrement et ses fesses prennent le relai avec détermination. Je refoule une première vague de plaisir tant l’imaginaire et le physique qui s’y sont associés chamboulent toutes mes résolutions. Alice se redresse. Je redoute la suite. Si elle venait à s’empaler, je ne pourrais pas résister. Ma jouissance est à fleur de peau. Je ne fais plus le malin et heureusement ma petite chérie a dû flairer le danger. Ses genoux ont repris la lente ascension le long de mon corps et c’est maintenant une odeur féminine qui vient émoustiller mes narines. Je devine ce qu’il y a juste au dessus de ma tête. J’attends patiemment la confirmation et elle ne se fait pas attendre. Les lèvres d’Alice se sont posées délicatement sur les miennes et les secondes passent, lèvres contre lèvres. Je devine Alice impatiente. Je souris. Une petite tape m’invite à passer à l’action. J’esquive juste pour chagriner et une autre tape vient recentrer le débat. Je m’applique maintenant avec gourmandise. Alice gémit de plus en plus. Je la sens sur le point de basculer. Elle se relève délicatement pour mieux placer ses genoux. Elle s’est penchée en arrière et j’imagine à présent ses fesses caresser mon visage. Je les embrasse avec fougue, passion et envie dévorante. Une petite tape m’indique que je fais fausse route. Mes mains viennent les enserrer et une autre petite tape plus appuyée cette fois me signale clairement que je suis en erreur. Ma langue entre en action et tout semble rentrer dans l’ordre. J’ai compris. J’avais remarqué une sensibilité particulière pour cette partie de son corps. Je fais mine d’arrêter et la sanction arrive très vite. Le rire d’Alice devient plus voluptueux, nerveux peut-être, impatient c’est sûr. Je me plie aux caprices de mon amoureuse. Je m’applique délicatement. Elle gémit. Elle gémit de plus en plus fort. Ses genoux m’enserrent la tête. Je la sens pour la deuxième fois à la porte de la jouissance. Mes mains viennent en renfort. Alice se redresse, me prend la tête, gémit encore, pousse un cri, puis un autre et elle se laisse aller, son corps languissant, tremblant, s’effondre sur le mien en se liquéfiant. Elle vient se blottir contre moi.

Sa tête est venue se caler dans mon cou. J’adore ce contact sensuel. Elle ne bouge plus. Elle reprend conscience. Sa respiration se veut plus discrète, moins secrète.

- Waouh, …trop bon. Tu as aimé ? demande t’elle en essayant de reprendre son souffle.

- C’était surprenant mais délicieux. Par contre, quelque chose m’échappe.

- Ah ! Quoi donc ?

- Tu es partie chercher un truc en bas que tu n’as pas utilisée. Je me trompe ?

- On ne peut rien te cacher mon amour. Je me suis laissée emporter un peu trop vite. C’était si excitant que je n’ai pas su résister. Et comme je n’ai pas eu le temps, alors ça sera pour une prochaine fois.

- Et pourquoi dans le noir ?

- Tu sais, parfois, quand je n’écoute que mon corps, j’ai un peu honte de ce que je suis capable de désirer.

- Honte mais pourquoi ma chérie ?

- Tu aurais pu ne pas aimer, ne pas accepter, te fâcher peut-être parce que quelque part, je t’obligeais et tu m’as suivie avec une complicité admirable. J’ai beaucoup apprécié. Avec toi j’ose des choses que je n’aurais jamais envisager de faire avec quiconque. Quand j’étais adolescente, j’habitais avec mes parents une ferme reculée dans le Cantal. On ne voyait presque jamais personne. J’étais réservée. Je ne savais rien de la vie. J’ai dû me débrouiller toute seule. Je n’ai pas rencontré beaucoup de garçons et soit ils étaient plutôt timides soit très rustres. A l’école d’infirmières, il y avait beaucoup plus de filles que de garçons et je n’intéressais personne. La première fois que j’ai ressenti un petit quelque chose pour un homme, ça date d’il y a sept ans. Ça s’est arrêté une semaine après, à la descente du lit. J’étais déçue et lui aussi probablement. Un peu plus tard, j’ai rencontré une autre personne, quelqu’un de gentil. On est resté ensemble quelques mois jusqu’au jour où je me suis aperçu qu’il me trompait à tout va. Le dernier en date, on a partagé deux années de vie commune, une routine de plus en plus ennuyeuse au fur et à mesure que le temps passait. Au verdict de mon premier cancer, il a pris peur. Il ne voulait plus me toucher comme si j’étais contagieuse. Peu de temps après, il est parti comme un voleur. Il n’a pas supporté. Il n’a même pas eu la franchise de me le dire en face. Avec toi, tout est si différent que je me demande si je ne suis pas en plein rêve. Je ne comprends pas pourquoi « Moi » alors qu’il y a tant de jolies filles, surtout ici au Touquet. Moi, je suis une femme qui n’a rien d’extraordinaire. On m’a même reproché de ne pas savoir faire l’amour correctement, qu’il n’y avait que ma jument qui comptait, que je ne savais même pas m’habiller. Et toi tu arrives. Tu fais sauter tous les verrous avec une évidence incroyable. Tu m’aimes comme je suis, tu me prends telle que je suis, bien habillée, mal habillée, tu t’en fous. Même mes seins déformés ne te font pas peur. Tu m’aimes comme j’ai toujours rêvé d’être aimé. Ce que je vis en ce moment avec toi, je n’ai jamais osé l’envisager un jour parce que je ne savais même pas que cela existait. Non pas que j’étais malheureuse, je me suis souvent cachée sous une carapace protectrice et toi, sans même chercher, tu as trouvé la clé et depuis, c’est l’extase, le bonheur. J’ai peur de l’avenir mais avec toi j’ai le sentiment que tout est possible. J’ai vraiment envie d’y croire.

Alice poursuit.

- Tout à l’heure, quand j’ai baissé les volets, je me suis dit que j’étais folle, que peut-être j’allais tout gâcher. Que je devrais plutôt continuer dans le rôle d’une femme bien sage. Et toi, tu m’as fait confiance. Dans l’obscurité, c’est magique mais c’est aussi perturbant. Je ne voyais pas tes yeux. Je ne pouvais pas lire ce que tu ressentais, si tu aimais, si j’allais trop loin. J’ai adoré lorsque tu voulais participer et que j’étais obligée de te retenir. Je savais que tu appréciais. Et plus que tout, tu me comprenais. C’était magique. Une toute petite tape et tu savais ce que j’attendais. Derrière cela, je te rassure, il n’y avait aucun désir de soumission, ce n’est pas dans ma nature. Tu le sais bien. Juste te guider là où je voulais nous amener tous les deux. J’ai échoué parce que tu as été d’une efficacité redoutable, bien au-delà de mes espérances. Alors j’ai craqué. Je ne me suis pas assez méfiée, mais tu ne perds rien pour attendre mon coquin.

- J’aime quand tu ne te méfies pas ma chérie. On allume ?

A la lumière, ma chérie est adorable. Elle me regarde avec ses yeux embués, confiante, heureuse.

- Embrasse-moi, gros chenapan.

Nos lèvres s’allient ensemble dans un baiser sans retenu dont elle a le secret.

- Je t’aime ma chérie. Moi je n’ai jamais aimé quelqu’un comme je t’aime et je suis heureux que les autres n’ont rien compris. Tant pis pour eux et tant mieux pour moi, tant mieux pour nous.

Alice ramasse sa culotte prête à la revêtir.

- Hep là ! Sacrilège.

- Qu’est-ce qui t’arrive mon amour ?

- Tu m’as promis.

- Quoi donc ? Tu perds la boule. Je n’ai rien promis du tout.

- Si, si. Rappelle-toi !

Et je sors la petite culotte cachée sous l’oreiller.

- Allez exécution. Mets tes petites fesses là-dedans que je regarde l’effet que ça donne.

Alice rougit.

- C’est quand même cochon ?

- Cochon ou pas, moi je suis toujours en pleine forme et une promesse c'est une promesse.

- °° -

Alice sourit.

- Bon d’accord. On avait dit juste essayer.

- Ah tu vois ! La mémoire te revient subitement.

Alice enfile la petite culotte.

- Alors ?

- Merveilleux ma puce. Tu as un fessier fantastique. Elle te va à ravir et je t’assure que ça ne fait même pas déplacé, juste sexy. Va te regarder dans la glace, tu verras.

Je la rejoins dans la salle de bain.

- Tu en penses quoi ?

- Oui c’est vrai. Tu as raison. Elle me fait un joli petit cul et c’est tout mignon. Je n’aurai jamais osé porter ça avant. Tu l’as achetée où ?

- Au magasin sur la rue principale, juste après la rue Saint-Jean.

- Ah oui, je connais une des vendeuses qui travaille là-bas.

- Johanna ?

- Comment tu sais ?

- C’est elle qui m’a conseillée et elle m’a dit qu’elle montait elle aussi. Donc j’ai fait le rapprochement.

- Je me suis entraînée avec elle en fin d'après-midi. Je l'apprécie énormément. Elle est beaucoup moins sophistiquée que les autres. Elle a un cheval blanc tout comme « Voie-Lactée ».

- Je peux retirer les nœuds ?

- Une autre fois si tu veux bien mon chéri. Là, je suis fatiguée.

- Tu as raison ma puce. C’est plus sage et on n’a pas arrêté une seule seconde tous les deux. On va dormir chez nous pour la première fois. Je suis super content et je suis fier de toi. Tu as travaillé comme une forcenée.

- Je voulais que ça ne traîne pas trop pour en profiter au maximum et je ne suis pas déçue du résultat. Allez viens. Au dodo mon chéri. Je fignolerai demain matin. Je suis de soirée. Je t'aime.

- °°° -

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