L’auteur excelle à créer une ambiance à la fois lugubre et étrangement belle. La Suède enneigée, isolée devient un personnage à part entière, renforçant le sentiment de solitude et de vulnérabilité des protagonistes. La prose est souvent descriptive, immersive, transportant le lecteur dans ce monde froid et désolé.

Au-delà de l'horreur pure, le roman explore en profondeur les thèmes de la solitude infantile, du besoin d'appartenance et de la nature de l'altérité. La relation entre Oskar, l'enfant harcelé, et Eli, la jeune vampire, est au cœur du récit ; elle se développe avec une sensibilité surprenante. Leur lien transcende la simple amitié, faisant s’interroger le lecteur sur les limites de l'amour, ainsi que de la dépendance.

L’écrivain s'approprie le mythe du vampire pour le dépouiller de son glamour traditionnel. Eli est une créature ancienne, dangereuse, dont la survie est brutale qui nécessite des actes horribles. Cette approche réaliste du vampirisme le rend d'autant plus effrayant et fascinant.

Même dans un contexte surnaturel, les personnages sont remarquablement bien développés. Oskar, avec sa rage contenue, son désir de vengeance, est un protagoniste attachant malgré ses faiblesses. Eli, malgré sa nature monstrueuse, révèle des moments de vulnérabilité et de complexité émotionnelle. Les personnages secondaires, bien que moins centraux, sont également esquissés avec soin.

Le roman installe une tension insidieuse. L'horreur n'est pas uniquement dans les scènes de violence, mais aussi dans l'attente, dans les non-dits, dans la compréhension progressive de la véritable nature d'Eli. L’auteur joue habilement avec les peurs enfantines et les angoisses existentielles.

Le roman prend son temps pour installer l'atmosphère et développer les personnages. Certains lecteurs pourraient trouver le rythme initial un peu lent avant que l'action ne s'intensifie réellement.

Bien que l'horreur psychologique soit prédominante, le roman contient des scènes de violence explicite.

La relation entre Oskar et Eli est moralement ambiguë. Leur dépendance mutuelle, les actes commis au nom de leur lien peuvent être perçus comme dérangeants.

Quant à la fin du roman, elle n’en est pas une ; elle permettra au lecteur une réflexion plus poussée sur les thèmes abordés.

En bref, l’œuvre de John Ajvide Lindqvist est un roman d'horreur intelligent et littéraire qui transcende les clichés du genre. Si vous appréciez une atmosphère immersive, des personnages complexes et une horreur psychologique subtile, ce roman est sûrement fait pour vous !

Résumé : " - Oskar... Cela provenait de la fenêtre. Il ouvrit les yeux et regarda dans cette direction. Il vit les contours d'un petit visage de l'autre côté de la vitre. Il écarta ses couvertures mais avant qu'il ait eu le temps de sortir de son lit, Eli murmura : - Attends. Reste dans ton lit. Est-ce que je peux entrer ? Oskar chuchota : - Oui. - Dis que je peux entrer. - Tu peux entrer. "

Oskar a 12 ans, il vit seul avec sa mère au coeur d'une banlieue glacée de Stockholm. Il est martyrisé par trois adolescents de son collège. Eli emménagé un soir dans l'appartement voisin. Un homme l'accompagnait. Elle sort le soir, semble ne craindre ni le froid ni la neige et exhale une odeur douceâtre et indéfinissable. Une magnifique et sanglante histoire d'amour et d'amitié entre deux êtres désespérément seuls et différents.