Je fais boire la potion médicinale que j'ai préparée à la femme allongée sur son lit de fortune, en soutenant sa tête d'une main, puis l'aide à se rallonger doucement et la recouvre. Il ne restait plus qu'elle à soigner dans ce camp. Je me remets debout et quitte la tente pour la laisser se reposer. Je tombe ainsi sur Livaï, qui, assis dans son fauteuil roulant, donne une friandise à une petite fille, qui s'éloigne aussitôt avec en souriant de joie. J'arrive à sa hauteur au moment où il fixe la sucette qu'il vient de sortir de la caisse en bois posée sur ses genoux. Je devine à son expression boudeuse à quoi il pense et pose une main sur son épaule en riant. Il m'adresse un regard, puis pousse un soupir résigné en fermant les yeux et tend la sucrerie au garçon suivant dans le petit groupe d'enfants qui attend avec impatience, mais bien sagement, face à lui.

Pendant ce temps, Onyankopon et Jelena nous rejoignent avec le reste des caisses. C'est alors qu'une nuée d'oiseaux nous survolent. Les enfants se lancent aussitôt à leur poursuite en riant. Je les observe en souriant, tout en portant ma main droite à la médaille militaire du bataillon d'exploration, que je porte en souvenir du sacrifice de mes défunts proches, amis et camarades, puis échange un regard avec Livaï. Le sien est empli de tendresse. Ma main droite va de ma médaille à son épaule gauche et je me penche sur lui pour que nous puissions échanger un doux baiser.