11

3 minutes de lecture

« Ne renoncez pas les enfants, vous y êtes presque. Vous y étiez ! Ne vous défilez pas, voyons. Mes capacités augmentent, grossissent, je reprends forme, me réveille mais… allez, encore un petit effort. Un tout petit.

ALLEZ !


Mes petits amis s’impatientent, ils volent, ils tournent, ils se posent, croassent, attendent mais perdent patience. Patience, patience, patience. Vraiment ! Et moi, je… JE… vous savez, certes, vous savez, que je me languis.


D’ailleurs, savez-vous que les corbeaux, avec les perroquets, sont les seuls volatiles à avoir une langue ? Oui, oui, prenez tout ce qui vole, tout. Non le débile, pas un avion. Jamais vous ne trouverez un seul autre… être volant avec une langue. Et savez-vous pourquoi les corbeaux, tout comme donc nos amis les perroquets, ont une langue ? Pour parler ? Tiens, question : la langue est-elle indispensable à la parole ? Comment ça oui ? En avez-vous l’absolue certitude, d’abord ? Je répète : en avez-vous l’absolue certitude ?! Vous vous la racontez, là, avec vos grands airs supérieurs, alors qu’en fait vous n’en savez absolument rien du tout !


J’essayerai et je vous dirai. Oui, pour la peine je couperai une petite langue. Ou une grande, certes, peu importe. Oui, ce sera une bonne expérience et comme ça tout le monde en aura, une bonne fois pour toute, l’absolue certitude. Non, non, ne me remerciez pas encore. Non, arrêtez, ça devient gênant, je n’ai encore rien fait. Bientôt, promis, une petite langue toute rose rien que pour vous.


Ah oui, non, bin non, non, en fait non, ce ne sera pas celle d’un de mes doux petits corbeaux. Je ne vais pas faire de mal à ces petites créatures toutes mimi. Vous êtes sans cœur ! Certes, vu mon triste sort je le savais déjà.

Et puis, hey, hey, venez-là, je vais vous dire un secret : en fait, bah, oups, les corbeaux ont une langue comme tous les volatiles. Si ! Certes, c’est plus un instrument de préhension que de toucher. Pour beaucoup elle sert à saisir. Elle est souvent dure et rudimentaire, au point qu’elle ne permet même pas de produire les phénomènes du goût. Et oui.


Au début, toute gentille que j’étais, je voulais juste vous faire une petite blague, donner un privilège à mes chers corbeaux, vous faire croire qu’ils étaient particuliers, juste pour vous être rigolote, sympathique, qu’on se marre un peu ; mais… mais voilà vous avez gâché mon petit effet ! Tant pis pour vous.


Et tant pis pour vous si je choisis la vôtre, de langue !


Et d’abord les corbeaux SONT particuliers, leurs langues sont les plus belles : larges, fourchues et déchiquetées… et noirâtres par-dessous. Vous savez que mes chéris peuvent parler ? Moi ils me parlent, même très bien ! Ils me comprennent et je les comprends. Je les aime, ils m’aiment. Mais vous, vous ne les aimez pas, au pire vous leur apprenez quelques mots, vous les traitez comme de vulgaires débiles perroquets ! Je déteste les perroquets ! Mais parce que mes corbeaux ne sont pas bêtes ils vous répondent, parce qu’ils vous flattent, parce qu’ils sont intelligents et se servent de vous ! Vous devriez les aimer, vous savez. Ils sauraient vous le rendre. Mais vous ne les aimez pas, accusés d’être de mauvais augure vous les craignez, les redoutez, les détestez, ne les avez jamais aimés, bien trop dégoûtés par… leur belle couleur noire ? Racistes !


Qu’est-ce qu’il y a mes bébés ? »


« Viens vers nous, viens vers nous.

Et prends-moi, et prends-moi.

Vole en nous, vole en nous.

Châtie-les, permets-nous de les blesser !

Ils nous haïssent, ils nous haïssent.

Nous sommes plein d’amour, nous t’aimons.

Nous voulons nous venger d’eux !

Leur faire mal, les faire pleurer !

Pleurer, venger, pleurer venger... »


« Mais oui, je sais, vous êtes gentils mes cocos. Patience, je serai bientôt là. Si près du but, ils ne renonceront pas. »


« Assure-t’en, assure-t’en, assure-t’en, assure-t’en… »


« D’accord, chut, chut, certes, calmez-vous, leurs doutes ne sont que passagers :

Ne tergiversez pas, ne reculez pas, allez au bout de votre découverte, traduisez et invoquez. Il est temps. Il est certes grand temps que je revienne. »

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Grunni ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0