Rythme des choses

Une minute de lecture

Nul besoin de tracer les yeux au fusain, nulle nécessité d’ombrer au graphite la pulpe des lèvres, nulle précipitation à cerner d’une huile lourde l’éperon du nez, à faire se détacher dans le blanc la falaise du cou. Une simple logique de soi dans l’évidence d’être. Tout ceci naissait de l’ombre, de son inclination à chuchoter, à faire savoir dans la pente du silence. Tout s’ouvrait de soi, sans effort, sans tumulte, sans souffrance qui se fût métamorphosée en déchirure. Tout était dans tout sans limite qui eût tranché au scalpel l’unité déjà atteinte que rien, désormais, ne pourrait entamer. Une fleur, dans un voile bleu, laissait paraître son lent dépliement ; la lumière d’un bras que traversait la buée brune des cheveux laissait s’écouler vers l’aval du temps le luxe de l’heure ; la lanière verte d’une bretelle disait la persistance de la vêture à enclore la grâce du corps. Et pourtant, dans ce qui paraissait n’être qu’un oubli - Doline était sans doute seule au monde -, il y avait infiniment de présence, infiniment à connaître. Il suffisait d’être là, dans l’abri primitif, lovée au centre de soi, écoutant les battements de son cœur, éprouvant la dilatation du torse, suivant les rivières de sang, la pliure blanche des ligaments, le réseau serré des nerfs et plus rien ne comptait que cet infini poème s’ouvrant sur la certitude que rien ne pouvait arriver que d’heureux, de souple, d’accordé au rythme des choses.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Ecriture & Cie ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0