La vie
Une Clio rouge, une camionnette de morgue, une vie de médecin quoi. Estelle veut trouver un prétexte pour que son mari change de comportement devant eux. Il a changé, elle l'a trouvée depuis qu'il est entré dans cette brigade scientifique. Elle s'est que c'est en rapport à quelque chose. Il n'y a plus qu'à chercher des réponses. Et elles ne sont certainement pas dans le coffre d'une voiture ni dans une camionnette sentant la mort à plusieurs kilomètres : elles sont planquées dans un ordinateur de service, caché dans une camionnette fermée à clef. Par chance, peu avant de partir, elle a pris le double de la clef, ce qui lui permet de crocheter la serrure et de pénétrer. La pénombre l'empêche de bien suivre les lignes de l'habitacle mais elle trouve à tâtons une silhouette d'ordinateur. Pas de code PIN pour entrer dans l'ordinateur, c'est qu'il a de l'intelligence dans ses actes.Comme par coïncidence, il y a un code PIN pour pénétrer dans les archives de recherche de son mari. Et il ne faut pas chercher loin, un quinquagénaire ne fout pas un post-it dans une camionnette. Il garde dans la mémoire son code jusqu'à ce que l’Alzheimer lui bouffe le cerveau. Pis elle a beau chercher, mais Estelle ne trouve aucune Clé USB, aucun papier, aucune boite cachant des indices. Rien. Elle s'enlève des archives et cherche les prochains sites sur lesquels Emmanuel a pu se réfugier. Bingo ! Siffle-t-elle dans le noir. Un site web étrange, qu'il a reconverti en dossier sans nom.Un enregistrement lu sur des centaines de l'année de son admission à aujourd'hui. Jetant des regards autour, elle met le son au minimum et perçoit, dans un méli-mélo de paroles éhontées et graves : Je suis un médecin, là où personne ne voit ce que font les autres. Je suis un pécheur, un homme qui multiplie les péchés. Mon plus grand péché, c'est d'avoir couvert une enquête de la mairie, celle de Reynold Yarbies, un Yankee débarqué d'Amérique du Nord. Je suis un menteur, un gars éhonté. Mais je suis surtout celui qui découpe des corps chaque jour, pour découvrir quelle sombre et glauque meurtre va-t-on résoudre. Ce qui m'embête, c'est la façon de regarder ces corps, ce qu'ils reflètent. L'autre jour, j'ai perçu un sentiment de compassion pour un homme qui s'est pris de multiples coups de couteaux. Je dois avouer quelque chose, j'ai aimé son regard mais j'ai déploré comprendre ce qui lui était arrivé. C'était comme lui repêcher la chose qu'il aimait le plus... »
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