Enfer

3 minutes de lecture

Personne ne viendra me sauver de l’enfer

Nous sommes mercredi 16 avr. 25

Et j’ai le cœur pris en étau

Un message a suffi

Et de moi c’en était fini

Quelques lettres jetées

Dans une pauvre conversation lambda

Et mes larmes ont coulé

En abondance

Sans retenue

Affalé sur mon lit

A agripper le bord de mon lit

Le regard dans le vide

Et la respiration cherchant l’air qu’elle ne trouve plus

Ensuite

La lutte

Les jambes qui se portent jusqu’à la salle de bain

Pour prendre sa lame

Par ce besoin étouffant

De tout marquer

De tout briser

De me déchirer

La bave qui tombe

Les mains qui enserrent

Mes dents dans ma peau

Mordre pour mieux se sentir

Souffrir

Regarder ses veines

Et penser à se les arracher

Se les couper

Tout enlever

La violence qui cogne au fond du cœur

L’impression que rien n’est plus douloureux

Que de ressentir et de vivre

Ce moment

Et la solitude ancrée si fort

La souffrance intolérable

Qui te fracasse sur ce sol froid

Les habits tâchés de sang

Parce que tu t’en fous

Tu t’en fous si tu meurs

Et que tu pleures

Tu veux qu’autrui vienne

Et te sauve de toi-même

Tu veux qu’autrui te fuie

Et s’éloigne de ta haine

La douche chaude

Pour nettoyer le massacre

L’envie de cogner les murs

Avec le poing

Avec la tête

Avec la rage

De briser tout son être

Sur le blanc luisant

Des parois

L’urgence du mot « suicide »

Tu voudrais hurler

Tu voudrais mourir

Tu voudrais qu’on t’arrache la poitrine

Qu’on dévore ton cœur

Et qu’on te laisse là

Le corps en sang

Eventré

Dépecé

Sans plus aucune douleur

Tu voudrais frapper

Tu voudrais te détruire

Tu fais une tête atroce

Sur le sol

Une tête à faire peur

Qui ferait fuir l’amour

Et la douceur

La santé mentale

C’est moche

Ça saigne sur les plaies

Et ça crie dans le silence

La santé mentale

C’est des cicatrices

Qui ne cicatrisent pas

Et des cris retenus

Que l’on n’entend pas

La santé mentale

C’est le sentiment de mort

Après la crise

Comme si souhaiter mourir

Avait forgé ton cercueil

En boule

Enroulé

Dans ta serviette

Tu souhaites que n’importe qui

Te prenne et t’emmène

Loin des démons

Du noir

Et de la douleur

Qui frappe si fort

Dans ton corps

Tu veux que les gens s’inquiètent pour toi

Tu devrais répondre aux messages

De ta copine

Mais tu l’ignorais

Parce que tu veux que les gens sachent

Qu’iels prennent conscience

Que tu luttes pour ta vie

Et que ça fait si peur et si envie

De prendre la fuite

En se tuant

Que t’es juste limité

Un petit bout de chair brisé

Que tu te retrouves encore tout seul

A porter

Et ramasser

A panser

Et soigner

Tous les dégâts

Parce que personne n’est là

Et que tu ne veux pas

Demander de l'aide

Tu veux qu’iels te sauvent

Sans ta voix

Tu t’enroules

En boule

Avec ta serviette

Au fond de ton lit

Tu souhaites la mort

Et la défaite

Tu souhaites l’absence

Et le néant

Tu veux que ça sorte de ta tête

Tu veux sentir ton crâne exploser

Tu n’en peux plus

Incapable de respirer

De vivre

Tu fais pitié

Avec tes yeux exorbités

Tes supplications d’amour et de compagnie

Tes souhaits de mort tellement pressants

Et tu en as mal au crâne

De vriller autant

De souffrir autant

De pleurer autant

Tu souhaites juste qu’on te sauve de l’enfer

Qu’on te sorte de l’abîme

Qu’on t’arrache au suicide

Qu’on te vole ton malheur

Parce que tu es si peureux

De tes pensées

De tes actions en attente

De tes pilules dans ton placard

De ta vodka dans ta cuisine

De la mort dans tes tiroirs

Tu as peur du noir

Et de toi aussi.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire larmesdepluie ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0