Enfer
Personne ne viendra me sauver de l’enfer
Nous sommes mercredi 16 avr. 25
Et j’ai le cœur pris en étau
Un message a suffi
Et de moi c’en était fini
Quelques lettres jetées
Dans une pauvre conversation lambda
Et mes larmes ont coulé
En abondance
Sans retenue
Affalé sur mon lit
A agripper le bord de mon lit
Le regard dans le vide
Et la respiration cherchant l’air qu’elle ne trouve plus
Ensuite
La lutte
Les jambes qui se portent jusqu’à la salle de bain
Pour prendre sa lame
Par ce besoin étouffant
De tout marquer
De tout briser
De me déchirer
La bave qui tombe
Les mains qui enserrent
Mes dents dans ma peau
Mordre pour mieux se sentir
Souffrir
Regarder ses veines
Et penser à se les arracher
Se les couper
Tout enlever
La violence qui cogne au fond du cœur
L’impression que rien n’est plus douloureux
Que de ressentir et de vivre
Ce moment
Et la solitude ancrée si fort
La souffrance intolérable
Qui te fracasse sur ce sol froid
Les habits tâchés de sang
Parce que tu t’en fous
Tu t’en fous si tu meurs
Et que tu pleures
Tu veux qu’autrui vienne
Et te sauve de toi-même
Tu veux qu’autrui te fuie
Et s’éloigne de ta haine
La douche chaude
Pour nettoyer le massacre
L’envie de cogner les murs
Avec le poing
Avec la tête
Avec la rage
De briser tout son être
Sur le blanc luisant
Des parois
L’urgence du mot « suicide »
Tu voudrais hurler
Tu voudrais mourir
Tu voudrais qu’on t’arrache la poitrine
Qu’on dévore ton cœur
Et qu’on te laisse là
Le corps en sang
Eventré
Dépecé
Sans plus aucune douleur
Tu voudrais frapper
Tu voudrais te détruire
Tu fais une tête atroce
Sur le sol
Une tête à faire peur
Qui ferait fuir l’amour
Et la douceur
La santé mentale
C’est moche
Ça saigne sur les plaies
Et ça crie dans le silence
La santé mentale
C’est des cicatrices
Qui ne cicatrisent pas
Et des cris retenus
Que l’on n’entend pas
La santé mentale
C’est le sentiment de mort
Après la crise
Comme si souhaiter mourir
Avait forgé ton cercueil
En boule
Enroulé
Dans ta serviette
Tu souhaites que n’importe qui
Te prenne et t’emmène
Loin des démons
Du noir
Et de la douleur
Qui frappe si fort
Dans ton corps
Tu veux que les gens s’inquiètent pour toi
Tu devrais répondre aux messages
De ta copine
Mais tu l’ignorais
Parce que tu veux que les gens sachent
Qu’iels prennent conscience
Que tu luttes pour ta vie
Et que ça fait si peur et si envie
De prendre la fuite
En se tuant
Que t’es juste limité
Un petit bout de chair brisé
Que tu te retrouves encore tout seul
A porter
Et ramasser
A panser
Et soigner
Tous les dégâts
Parce que personne n’est là
Et que tu ne veux pas
Demander de l'aide
Tu veux qu’iels te sauvent
Sans ta voix
Tu t’enroules
En boule
Avec ta serviette
Au fond de ton lit
Tu souhaites la mort
Et la défaite
Tu souhaites l’absence
Et le néant
Tu veux que ça sorte de ta tête
Tu veux sentir ton crâne exploser
Tu n’en peux plus
Incapable de respirer
De vivre
Tu fais pitié
Avec tes yeux exorbités
Tes supplications d’amour et de compagnie
Tes souhaits de mort tellement pressants
Et tu en as mal au crâne
De vriller autant
De souffrir autant
De pleurer autant
Tu souhaites juste qu’on te sauve de l’enfer
Qu’on te sorte de l’abîme
Qu’on t’arrache au suicide
Qu’on te vole ton malheur
Parce que tu es si peureux
De tes pensées
De tes actions en attente
De tes pilules dans ton placard
De ta vodka dans ta cuisine
De la mort dans tes tiroirs
Tu as peur du noir
Et de toi aussi.
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