chapitre 2 :

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- Mon haut rouge est sur mon lit, déclara fièrement Octavia en ouvrant la porte.

- T’es sûr que tu veux y aller, une soirée film popcorn c’est bien aussi.

- Tu sais Eléonore, il y a un moment où il va falloir penser à soigner ton agoraphobie. Et puis, qui sait, tu trouveras peut-être l’homme de ta vie à cette fête.

Depuis qu’elle était en couple, Octavia avait pour terrible projet de me caser, moi, la fille qui n’avait jamais rien ressenti de plus fort que l’amitié pour un membre du sexe masculin. C’était une enfant qui croyait au coup de foudre, presque autant que j’y croyais moi-même. J’étais romantique, et ce à n’en pas douter, mais je craignais les relations. Surtout ce type de relations.

- Si je rencontrais un garçon, mon frère le tuerait avant qu’il n’ait eu le temps de m’embrasser, je ne vois pas l’intérêt.

Elle sourit, sachant pertinemment que je me servais de cette excuse pour qu’elle me laisse tranquille.

Deux heures plus tard, après qu’Octavia eut vidé un pot de fond de teint dont elle n’avait absolument pas besoin et épuisé toute la batterie de son lisseur, nous sortîmes de la maison. Elle était vêtue d’une robe noire qui moulait parfaitement ses formes, tandis que je portais une jupe patineuse et le haut qu’elle m’avait prêté.

- Nathan passe nous chercher dans combien de temps ? demandais-je, déjà congelée.

- S’il ne s’est pas pris un poteau sur le chemin, dix minutes.

- Traduction, on a encore une bonne demi-heure devant nous.

- Une demi-heure, t’es optimiste ! rétorqua-t-elle, le regard malicieux.

En effet, Nathan ne pointa le bout de son nez que lorsque la pendule eut fait un tour complet.

- Les filles, vous êtes magnifiques ! dit-il en arrivant.

Octavia l’embrassa. Il la prit par la taille et la rapprocha de lui pour l’embrasser encore. J’adorais les voir ensemble, mais ce genre de moments était particulièrement gênant.

- Les gars, on peut y aller ?

- Ah, ouais. Désolé Eléonore, je t’avais presque oubliée.

Je lui donnai un coup derrière la tête, ce qui le poussa à littéralement me projeter dans la voiture. Octavia choisit la musique. Du Ruelle, très bon goût. Nathan n’aimait pas, ses reproches lui donnèrent une soudaine envie de monter le son.

- Comme ça on ne t’entendra plus râler, railla-t-elle tandis qu’il se garait déjà.

Floriane vivait dans une maison immense au nord de la ville, une maison qu’elle ne partageait qu’avec ses parents et son chien Mango. Les premiers étant en vacances et le dernier ne s’occupant que de ses croquettes, nous serions tranquilles pour la soirée. Mon frère ne pouvait venir nous chercher que le lendemain, nous passerions donc la nuit ici. Je n’aimais pas cette idée, la nuit qui suit une fête est toujours pleine de désastres.

- Salut !

La voix suraigüe de Charlotte venait de me griller les tympans. Octavia la prit dans ses bras et je fis de même. Elle sentait déjà la vodka, une odeur qui me força à reculer.

- Bon les gars, le bar est dans le jardin, je vais vous montrer.

- Meuf, on boit pas, me sentis-je obligée de préciser.

- Peut-être, mais moi si.

Elle nous prit par le bras et nous tira à l’intérieur, puis dehors. Plus nous avancions, plus je me demandais comment un si petit corps pouvait avoir autant de force.

Charlotte se servit un verre, Octavia prit de l’Ice Tea et moi du Coca. Nathan était parti dire bonjour à ses potes, me laissant un peu de temps avec ma copine.

- Alors, ça se passe toujours bien entre vous ?

- Parfait. Un peu trop parfait même. C’est la première fois que je sors avec un garçon et je m’attendais à ce que ce soit plus… disons…

- Compliqué ?

Elle hocha la tête en signe d’approbation. Avant qu’elle n’ait pu renchérir Nathan revint, accompagné.

- Bébé je te présente Charles, le cousin de Floriane et l’ami d’enfance dont je t’ai parlé.

- Ah, ouais, salut.

- Et Charles, voici Eléonore, la meilleure amie d’Octavia.

Il me sourit, puis prit ma main et y déposa un baiser. La plupart des filles auraient trouvé cela adorable. Personnellement, j’y voyais une once de ringardise, assez touchante pour me permettre d’adorer. Adorer ? Pourquoi avais-je adoré ? Et pourquoi ne parvenais-je pas à détacher mes yeux de son regard émeraude ?

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