chapitre 10 :

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La fin de la semaine arriva, sûrement la pire de toute mon existence. Quelque chose en moi semblait avoir fané, et mon quotidien suintait l’ennui. Le temps coulait, objectif et collectif, sans que je n’y porte aucune attache personnelle. J’étais hors de tout, et tout me mettait hors de moi.

Pourtant, à cet instant précis, mon cœur battait la chamade. La fête d’Octavia avait lieu ce soir, et l’idée d’un bal masqué m’excitait. Mathéo devait m’emmener trois heures avant le début de la soirée, pour que ma meilleure amie et moi puissions nous préparer ensemble. Je trépignais d’impatience, et les minutes qui me séparaient de ce moment fatidique me parurent interminables.

- Votre carrosse est prêt, dit-il en ouvrant la portière de sa voiture.

Je ne me fis pas prier pour entrer.

La route n’en finissait pas. Des kilomètres de goudron sans qu’il n’y ait jamais de maison au bout. Puis Octavia jaillit de derrière son portail, et mon impatience s'évanouit d’un coup. Elle me prit dans ses bras, avec l’hystérie qui lui était habituelle, et Mathéo nous observait d’un regard… un regard qui n’avait pas besoin d’être nommé.

- J’ai comme l’impression que tu nous juges, fit remarquer Octavia.

- Pas du tout… c’est juste que vous vous êtes vu, genre, hier.

A ces mots, elle se retourna vers moi et me dévisagea de la tête aux pieds.

- C’est pas faux, déclara-t-elle, mais t’as pas idée de la vitesse à laquelle je peux oublier son visage.

Sympathique.

- Bon, maintenant va-t'en et reviens dans trois heures, en essayant d’être beau, si possible.

Optimiste comme réflexion.

Octavia revêtit une robe émeraude, dont un voile de dentelle laissait entrevoir son dos et l’embrasure de son décolleté.

- Je dois admettre, lui dis-je à contre-cœur, que tu es plutôt jolie.

Personnellement, j’avais opté pour une coupe asymétrique, d’un bordeaux pur, dont les détails brodés faisaient tout le charme.

- Et je dois avouer, renchérit-elle, que toi aussi.

Un compliment ? J’aurais dû l’enregistrer !

- Au fait, Charles m’a confirmé qu’il viendrait. Et il m’a aussi dit qu’il serait très heureux d’avoir l’occasion de te revoir.

Mon cœur papillonnait, mais mon visage demeurait stoïque.

- Il t’a dit ça ?

- Mot pour mot, à la virgule près. Si tu veux… je peux te prêter la clef de ma chambre…

Me prêter quoi ? Espèce de malade !

- Dans tes rêves ! Tu gardes ça pour toi ! Et d’ailleurs, t’oublie pas que je dors ici ce soir alors Nathan et toi, vous allez faire vos affaires dans un autre lit !

- Oh arrête, on va pas le faire à chaque fête non plus ! Quoique…

- Octavia ?

- Oui ?

- Tu me dégoûtes.

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