Imaginez deux jumeaux. Deux vrais jumeaux. Eux, ils savent que pendant toute leur vie, ils devront porter sur leur front une étiquette « Je ne suis pas… » avec le nom de leur frère –ou de leur sœur s’il s’agit de jumelles.

 Maintenant imaginez deux sœurs qui n’ont rien demandé. Celles que je vous demande d’imaginer, c’est moi et ma sœur. On a trois ans d’écart. Quand on était petites, tout allait bien. Forcément, trois ans de différence quand on est enfant, ça se voit. Elle était plus grande que moi, plus mature –mais peut-on parler de maturité à cinq ou huit ans ? Il y avait la grande sœur et la petite sœur. Elle et moi.

 Aujourd’hui, on a pris des années, je l’ai rattrapée et on s’est arrêté de grandir. Du coup, on fait la même taille – je vous épargne la différence de millimètres. Maintenant, représentez-vous deux filles qui sont aussi grandes –ou aussi petites devrais-je dire– l’une que l’autre, rousses et qui ont à peu près la même morphologie. Quoi qu’on dise que je suis plus musclée que ma sœur, mais ce n’est pas une chose qui se remarque au premier coup d’œil. Je n’ai pas la coupe au carré, elle pas les cheveux jusqu’aux genoux, donc pas vraiment possible de nous repérer par rapport à ça.

 Vous voyez le topo ? On a trois ans d’écart, mais d’une certaine façon, on est jumelles. Et qui dit jumelles dit :

- Oh bonjour, toi c’est Mar…

Raté, moi c’est Christelle.

Ou bien :

- Attends, que je ne me trompe pas… (quinze minutes de réflexion) Christelle !

Facile, fais pas genre que tu sais qui je suis, t’avais une chance sur deux !

Je crois qu’on va procéder comme ça, par situations. Vous venez d’avoir la première.