Chapitre 4: Allégeance ou devoirs

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Herbert, Fantassin dans la garde de Fressons.

Le matin était déjà bien entamé, la ville de Fressons s'était éveillée tôt et une foule se déversait déjà de la grande porte nord des remparts. Le bruit occasionné par ces petites gens venait se répercuter et résonner à travers les nombreuses ouvertures de la fortification.

Herbert émergeait petit à petit du brouillard dans lequel son sommeil profond l’avait maintenu.

Le bruit de la foule en contrebas l’aidait à se réveiller. Sortant de sa paillasse, il se mit debout et étira ses muscles. Ceux-ci étaient encore endoloris de la fatigante journée de patrouille de la veille .

Après s'être frotté les yeux comme il le pouvait, il se dirigea vers un seau rempli d’eau limpide. Il y plongea sa tête et, au contact du liquide froid, tous ses sens se remirent en éveil. Un pic glacé semblait alors percer sa tête jusqu'à ses pensées qui se rappelaient douloureusement à lui.

Étant maintenant en pleine possession de lui-même, Herbert se dirigea vers le coffre contenant ses effets. Il sortit une à une les pièces de son équipement, les déposa avec une grande attention sur le dessus de sa paillasse. Ses affaires ainsi réparties devant lui, il se mit à les revêtir machinalement.

L'équipement des troupes de Fressons était à la hauteur de l’importance de la ville. Herbert qui n'était pas le seul à s'équiper de si bon matin, il pouvait observer l'un de ses camarades se parer des mêmes atours que lui. Côté protection, les fantassins étaient pourvus au complet de tissus colorés d’une qualité certaine. La protection principale se composait d’un gambison rembourré aux larges épaulières renforcées par des plaques de métal. Le bas de l’équipement était quant à lui composé de cuissots épais et les genoux étaient eux protégés par de larges rouelles en métal accrochées au tissu des gambes.

Après s'être harnaché de son équipement principal, Herbert prit les effets propres à la garde de ville. Il laça sur sa tête son casque en chapelle de fer et enfila son long mantel avant de finir par poser une courte épée à sa ceinture.

Ainsi apprêté, il se dirigea vers le centre de la structure où il se trouvait. La porte Nord de Fressons se voyait suppléer par une imposante bâtisse. L'installation défensive en pierre de grosse taille était composée d’étages successifs de plancher en bois de chêne. Les niveaux vides au centre se succédaient ainsi jusqu'à l’apogée du bâtiment. L'intérieur, brillamment agencé, permettait à un régiment entier d’y résider. Des paillasses étaient rangées le long des murs donnant sur la cour intérieure où se tenait le réfectoire du cuisinier de la troupe. Le vieil homme, qui préparait le repas des gardes avant leur départ en ronde, était un personnage assez imposant. Aussi large que haut, il occupait une place de choix grâce à ses compétences culinaires grandement appréciées.

Lorsque Herbert s’approcha des bancs pour manger, il fut salué par le cuisinier qui lui tendit un déjeuner chaud composé d'oeufs brouillés.

Herbert ne se fit pas prier et commença à engloutir sa ration matinale, il fut cependant coupé par un homme qui s’approchait de lui : Il s’agissait du Capitaine de la troupe. D’un âge maintenant avancé, l’homme n’avait pas perdu ses talents d’escrimeur et chaque homme de la garde le savait car ceux-ci l’avaient mené jusqu'au poste où il officiait à présent.

Le capitaine s’approcha de Herbert et déposa proche de sa gamelle un brassard noir. Sans plus de cérémonie il lui chuchota avant de partir:

Le culte va bientôt passer à l’action, mon frère. Garde ce brassard, il te sera utile pour prouver ton identité le moment venu.

Herbert prit le tissu, le glissa discrètement dans une de ses poches puis continua à manger comme si de rien n’était.

Il savait que le culte préparait quelque chose d’important. Au fur et à mesure du mandat de l'Eidhöle Britius, il s'était développé rapidement dans la capitale et s'était insinué dans toutes les institutions de la ville, dont les lances de la garde.

Ce groupuscule n’avait pas hésité à donner une chance aux personnes laissées pour compte. C’était bien sûr le cas de Herbert. Il l’avait sorti des ruelles des quartiers malfamés et lui avait donné un avenir.

Herbert ne pouvait oublier ce que le culte avait entrepris pour lui. Les lances de son poste allaient être mobilisé pour la fête royale qui allait se dérouler dans quelques jours. Herbert et ses nombreux frères dans la garde allaient pouvoir rembourser leurs dettes envers leur protecteur et cela l'emplit d’un sentiment réconfortant.

Après avoir fini son déjeuner, Herbert se leva, remercia le cuisinier et commença à rejoindre les hommes avec qui il allait partir en patrouille. En chemin, il vérifia que le brassard était correctement caché dans ses poches. Après avoir pu constater que c'était bien le cas, il continua son trajet jusqu'à ses compagnons. Sur le court chemin qui le séparait encore d’eux, Herbert ne put réprimer l’envie de regarder si le second objet qu’on lui avait confié n’avait pas disparu. Il fouilla alors sa poche droite et frôla des doigts une lettre. Sûr de sa position, il referma ses deux poches et rejoignit le groupe de gardes agglutinés vers une des portes de l’infrastructure.

La lettre comprenait les ordres pour la soirée royale, clairs et limpides. Herbert et ses frères devraient soutenir le futur roi Léonard et cela quoi qu'il leur en coûtât. Le culte n’était pas du genre à faire les choses à moitié et encore moins à choisir les mauvaises personnes.

Herbert le savait bien, la dernière personne à avoir essayé de briser ses voeux envers eux avait été retrouvée pendue dans ses appartements. Le garde, encore plongé dans ses pensées, salua ses camarades. Il les suivit dans l'interminable escalier en colimaçon qui conduisait à la base de la porte Nord.

Il passa alors une poterne sur le côté intérieur à la ville et fit irruption avec ses comparses dans la rue principale.

Des gardes étaient déjà présents en nombre. Vérifiant les identités, la plupart fouillaient les grands chariots commerçants qui se rendaient au marché de la ville.

Le sergent du groupe à Herbert siffla et les gardes le suivirent comme un seul homme.

Herbert resserra sa ceinture et replaça son épée en chemin.

Il saisit la lance que lui tendait l’un de ses amis et se mit en ordre de marche avec la patrouille.

Les rues de la ville regorgeaient d’activités. Herbert connaissait bien ces innombrables dédales, il n’avait connu que ça dans sa vie.

Une cacophonie de bruits était audible au loin, le sergent faisant signe à ses hommes. La patrouille pressa le pas. Les échauffourées étaient monnaie courante dans la capitale ; les quartiers nord étaient remplis de groupes de malfrats et autres coupe-jarrets.

La matinée d’Herbert s’annonçait sans surprise, c'était une autre journée dans la grande et magnifique cité de Fressons où la loi régnait. Du moins dans les quartiers aisés.

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