Puis les mots deviennent des activités, ils prennent sur la journée une place démesurée, ils absorbent l’amour des parents, nous jettent dans un bain bouillant de petits démons et de liliths surexcités, nous font sauter à l’élastique ou grimper sur des balançoires miteuses, nous tracent des signes cabalistiques sur des cahiers tachés d’encre pas si sympathique que ça.

Les mots deviennent des devoirs, des ordres, des angoisses, des tribunaux, des estrades et des gouttes froides de sueur.

Notre pré-nom se rapproche en froussard de notre nom pour l’appel du matin et quelquefois c’est notre nom seul qui est appelé pour aller au tableau et nous regardons derrière nous pour voir s’il n’y aurait pas un autre « nous » capable de s’y coller.

Les mots se rangent enfin dans les cartables ou dans les trousses abimées et restent sages jusqu’au moment où il faut leur donner à manger du savoir, de la récitation, des mots de liaison qui dansent en rond, de l’exercice et du grattage de front.

Et les mots mangent les questions dont aucune réponse n’est possible :

Mais où est donc cet abruti d’ORN Ycare ?