Sauvetage inespéré

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Je ne sais pas combien de temps nous errons au gré des courants. Le voyage qui ne devait durer que quelques heures s’éternise et nous dérivons sous un soleil de plomb. La disparition de Jojo et son agresseur a au moins eu le mérite de calmer les passagers restants. Mais nous savons que nous sommes mal embarqués. Sans moteur, nous ne pouvons rien contrôler et vu la température qu’il règne, nous n’allons pas tarder à tous mourir d’insolation ou de soif.

Autour de nous, il n’y a que de l’eau. A perte de vue, de l’eau. Je pensais que la mer était d’un bleu uni, comme sur les cartes postales ou les livres de géographie que l’on avait à l’école. Mais non. Il y a plein de couleurs différentes. Du vert, du noir, du gris, du marron. Je me demande si ces variations viennent du nombre de corps engloutis en son sein. Je ne sais pas, je ne connais rien à tout ça. Et je ne peux pas demander à Jojo son éclairage. J’ai envie de pleurer, mais je n’ai plus de larmes à verser. Je regarde ma petite bouteille d’eau et me dis que c’est terrible d’être ainsi entourée d’eau et d’avoir soif. Quel Dieu permet que ses enfants meurent ainsi ?

J’ai l’impression que le temps s’étire et que le soleil est de plus en plus chaud. A côté de moi, la petite fille qui pleurait a arrêté de faire du bruit. Je me penche et vois ses yeux grand ouverts, dans le vide. Je pense qu’elle ne respire plus, mais sa mère continue à la bercer doucement, incapable de voir que la vie l’a quittée et que c’est juste un cadavre qu’elle serre contre elle. Un couple se penche au bord de l’eau pour s’asperger mutuellement. Ce n’est pas une mauvaise idée, ça doit rafraîchir un peu. Je m’accroche comme je peux au bord du canot et fais de même. J’essaie de me lécher un peu les lèvres mais le goût salé me rappelle que cette immensité liquide n’est pas pour nous. Elle sera notre cercueil, assurément, mais pas du tout notre moyen de survie.

Une sirène retentit au loin. Enfin je crois. C’est peut-être un autre mirage, une autre divagation due à la chaleur et à la soif. Mais non, le bruit se répète encore. Comme dans un mirage, je vois un bateau de fer se rapprocher de nous. J’aimerais bien me lever, faire signe que nous sommes encore en vie, leur signaler notre présence, mais je n’ai plus aucune énergie. Impossible de bouger, je suis trop exténuée. Tant pis, je m’en vais rejoindre Jojo. Fermer les yeux pour ne plus se réveiller, n’est-ce pas là la façon la plus agréable de partir à tout jamais ?

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