Chapitre 1

17 minutes de lecture

Bonjour, bonsoir ! C'est la première fois de ma vie que je publie une de mes histoires ! Je vous demande donc un peu d'indulgence et gentillesse ^^ Je suis dyslexique, donc j'aurai beau me relire il y aura toujours des fautes, soyez indulgents s'ils vous plaît ! Les updates seront lente car je suis à l'université et que j'écris quand je me sens inspirée, je ne veux pas écrire quelque chose à la va-vite.

Il va y avoir pas mal de références à des artistes, je me permets donc de mettre des chiffres entre parenthèses qui feront référence à des indications en fin de chapitre. Ne le prenait pas mal si jamais vous connaissez l'artiste c'est juste pour être sûr que tout le monde comprenne, je ne vous prends pas pour des imbéciles promis ! <3 De plus, les personnages ne reflètent pas forcement ma pensée, donc ne pas s'énerver si jamais un de mes personnages n'aime pas un de vos artistes préférés... S'il vous plaît !

Sur ce, bonne lecture ! J'espère que ça va vous plaire et n'hésitez pas à mettre des commentaires divers et variés tant qu'ils restent respectueux !

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Ses hanches mouvaient sous les vibrations de la basse de Signed, Sealed and Delivered, qui venait du magasin de musique derrière elle, pendant qu'elle attendait le bus. Ses yeux étaient fermés alors qu'elle s'imaginait danser en tête à tête avec Stivie Wonder. Il n'y avait pas à dire, c'était un merveilleux rêve et le petit sourire accroché à son visage le prouvait amplement. Malheureusement, elle fut sortie de son idylle par une vieille femme qui la poussait en avant.

- Avancez ma p'tite, je n'ai pas toute ma journée.

La gamine se déplaça donc sur le côté pour laisser passer la mamie hargneuse avec un sourire amusé avant de se remettre à bouger ses hanches sur le rythme de la chanson.

- Bonne journée madame.

La vieille femme ne lui répondit pas, se contentant de monter les marches de la machine blanche et verte. Ce bus n'était pas celui de la petite danseuse qui prit donc le parti de traverser la route pour aller se chercher un café dans le Mc Donald qui se trouvait juste en face. En moins de 5 minutes elle était dehors en train de siroter sa boisson chaude sur le son de Dancing Queen (le nouveau tube de ABBA), qui résonnait par les haut-parleurs du fast-food. Seulement, elle n'eut pas le plaisir de faire sa queen, son bus venait d'arriver de l'autre côté de la voie. Jurant silencieusement, elle jeta un rapide coup d'œil à gauche puis à droite avant de courir pour arriver à temps. Une voiture pila non loin d'elle avant de klaxonner. Elle avait posé sa main sur le capot par réflexe avant de regarder le chauffeur et de lui faire un sourire, puis elle reprit sa course pour se mélanger dans la file d'attente du bus. Quelques secondes plus tard elle se retrouva assise avec son café coincé entre ses cuisses. Elle avait sauté sur cette place quand personne n'avait décidé de la prendre. Prenant une grande respiration elle fit abstraction de la musique qui retentissait dans le bus puis ferma ses yeux. Elle devait reprendre son calme. Sa langue passa lentement sur ses lèvres pour les hydrater alors que ses doigts s'animèrent sur ses cuisses nues. Elle devait redescendre sur Terre, Chopin l'attendait. En fait, ce n'était pas seulement Chopin(1) qui l'attendait, mais elle préférait ne penser qu'à lui et ses Mazurkas plutôt qu'au Vol du bourdon de Rimski-Kosakov(2), qui lui faisait terriblement mal aux mains. Elle ne faisait pas vraiment les sauts de main, ne voulant pas gêner les personnes qui étaient assises à côté d'elle. Son pied battait la mesure alors qu'elle murmurait la mélodie afin de ne pas décrocher et de se laisser happer par la voix d'Ian Gillan(3).

Mais alors qu'elle réussissait bien, quelqu'un la sortit de sa fine bulle pour lui marcher sur le pied. Elle lâcha un petit « aïe » avant d'ouvrir les yeux pour fusiller du regard la personne qui venait de lui marcher sur le pied.

- Regardez où vous mettez les pieds(4) !

L'homme qui avait une crête rouge leva un sourcil en la regardant avec dédain avant de passer devant elle sans rien rajouter. La jeune fille se leva d'un bond alors que la rage se lisait en elle.

- Et connard tu ne connais pas la politesse ?!

Elle avait abandonné toute forme de vouvoiement en voyant le manque de respect. Le punk se retourna lentement vers elle avec des yeux tout aussi menaçants qu'elle.

- C'est à moi que tu parles ainsi p'tite ?

- Tu as l'impression que quelqu'un d'autre m'a marché sur le pied ?

Alors qu'il s'approchait dangereusement de la musicienne qui faisait une tête de plus que lui, le chauffeur du bus cria.

- Si vous voulez vous battre sortez de mon bus, j'ai d'autres choses à faire que de supporter des disputes de gamin.

Ne voulant pas forcément se battre pour si peu et ne voulant surtout pas rater son arrêt, le jeune homme décida simplement de cracher au visage de la musicienne avant de sortir sous le cri de rage de la jeune fille. Celle-ci se laissa submerger par cette rage et courut après le garçon à la crête rouge sans même penser à essuyer son visage. Malheureusement, un homme habillé en costume la retint par le bras pour l'empêcher de passer les portes qui se fermaient sur le dos couvert de noir du punk.

- Lâchez-moi !

Elle tourna un regard menaçant vers l'homme d'affaires alors que ses cheveux de feu tombaient devant ses yeux océans. La jeune rousse ressemblait à un animal sauvage, un bel animal sauvage qui avait besoin d'assouvir sa soif de sang. L'homme à la peau brunie lui lança un regard tout aussi lourd de sens.

- Calmez-vous, vous voulez vous retrouver à terre avec le nez cassé ?

Un rire mauvais résonna dans le silence qui pesait dans le bus. Tout le monde retenait son souffle de peur de recevoir la rage de cette petite folle.

- Vous vous prenez pour mon père ou quoi ? Je suis assez grande pour prendre des décisions dans ma vie.

- Là n'est pas...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il prit un joli coup de poing dans la figure, pas assez fort pour lui casser le nez mais juste assez pour lui faire mal. Il lâcha le bras de la jeune fille en jurant alors qu'elle se dirigea vers le chauffeur pour l'attraper par le col.

- Arrêtez-moi ce bus le vieux !

Le conducteur voulut répliquer mais en voyant la haine qui hantait les yeux bleus de la furie il décida simplement de s'arrêter pour ouvrir les portes. Et ce fut sans un mot que la folle quitta le bus pour se mettre à courir dans le sens inverse. Elle allait retrouver ce connard sans respect. Son corps était tellement habitué à ces montées d'énergie qu'il ne lui fallut pas longtemps pour monter tout le sang nécessaire à la course. Le sang tapait dans ses oreilles, dans son cerveau, elle n'entendait plus rien, ne voyait plus rien. Seule l'animosité qui résonnait dans ses cellules lui permettait de savoir où elle allait. Les passants défilaient à une vitesse folle, tout le monde se poussait sur son chemin ne voulant pas avoir à faire face au diable qui avait pris possession de cette pauvre fille.

L'objet de sa douce folie fit son apparition bien rapidement, son poing était déjà prêt à s'envoler dans la magnifique gueule d'ange du punk. Il ne fallut donc pas plus de quelques secondes pour qu'elle le retourne et lui en colle une.

- Tu as cru que tu allais t'en sortir ainsi ?!

L'homme a la crête se retrouva les fesses à terre sous l'impulsion du choc. Quelques secondes passèrent sans que personne ne prononce un mot. Ce n'était pas souvent qu'on voyait une jeune fille sauter sauvagement sur un groupe de punk sans crier gare. Elle profita donc de ce moment stone pour se mettre à califourchon sur le jeune marginal. Elle attrapa son col à deux mains pour le secouer.

- Tu m'entends l'abruti ?! J'attends toujours tes excuses !

La main posée sur son nez, sûrement cassé, il leva sa main libre pour accrocher ces cheveux aussi roux que Maureen O'hara(5), pour la rapprocher de son visage.

- T'es une meuf morte la rousse.

Puis alors qu'elle allait crier encore une fois il la balança sur le côté après lui avoir donné un coup de boule. Il la jeta lamentablement alors qu'ils étaient tous les deux légèrement assommés par ce coup.

- Sale connard...

Elle eut un gémissement de douleur avant d'essayer de se relever pour continuer son combat de coqs mais un hoodlum(6) l'en empêcha en posant son pied sur son ventre. Avant de lui donner un coup de talon avec ses doc martens en plein dans le ventre, ce qui eut le don de la faire encore plus gémir de douleur alors qu'elle se plia en deux en serrant les dents.

- Toi la harpie tu ne bouges pas. Ça va Jo ?

- Ouais... Ouais, c'est elle la démente du bus...

Ledit Jo se releva doucement grâce à un de ses compagnons avant de donner un coup de pied dans le visage pâle de la pianiste. Ce qui eut le don d'éjecter sa tête de l'autre côté accompagné de râle de douleur et d'un picotement au niveau des yeux. Non elle ne pleurerait pas, elle ne pleurerait jamais pour si peu ! Du sang coulait lentement le long de sa bouche pour aller se perdre contre sa gorge puis dans ses cheveux.

- On fait moins la maline maintenant qu'on est à terre le nez en sang, sale p...

Mais sa phrase se perdit alors que la démone s'était retournée pour lui attraper le pied et le faire tomber une nouvelle fois à la renverse sur le béton brûlant. Mais cette fois-ci les autres membres furent bien plus réactifs, un se jeta sur la poupée pour l'empêcher de bouger en lui donnant nouveau coup de poing dans le visage avant de bloquer ses bras au-dessus de sa tête, alors que deux autres avaient accouru auprès de Jo.

- Mais c'est quoi ton problème sérieux ?! Je ne suis pas du genre à taper les femmes

normalement mais là....

Elle lui cracha au visage avant de le regarder avec ses yeux plissés et les dents serrées. Du sang coulait dans sa bouche et lui donnait encore plus cet air d'animal sauvage. Quel animal sauvage était-elle ? Était-elle motivée par la peur ? Mais la peur de quoi, de perdre ce combat ? Motivée par la faim ? Une faim qui disait de tout dévorer sur son passage, de détruire la moindre once de danger qui se dresserait devant elle ? Mais quel danger ? Après tout, n'est-ce pas elle qui avait déclenché cette avalanche de violence ? Peut-être que la solitude l'avait motivée alors, les animaux sont-ils motivés par la peur de la solitude ?

Mais alors que l'homme qui s'était fait cracher dessus allait laisser sa colère sortir, un cri résonna.

- Eh qu'est ce que vous faites là ?

Le petit groupe sursauta alors que quatre policiers s'approchaient d'eux en grognant. Celui qui maintenait la rousse à terre la lâcha rapidement avant de se lever.

- Venez, on se tire !

Les deux qui avaient relevé le fameux Jo l'aidèrent à courir alors qu'ils prenaient leurs jambes à leur cou.

Pendant ce temps la jeune fille essaya de se lever en s'appuyant sur les coudes en grimaçant un peu à cause du coup qu'on lui avait mis dans le ventre. Elle allait avoir un beau bleu. Deux policiers se mirent à courir après le groupe alors qu'un resta et s'agenouilla devant elle en fronçant des sourcils.

- Vous allez bien ?

Elle le regarda vaguement avant de tourner son visage dans la direction qu'avaient prise les punks en soupirant en serrant les poings. Ils étaient trop loin pour qu'elle les rattrape, on les voyait déjà plus. De plus, avec les policiers sur le dos elle ne pourrait pas aller trop loin. Elle grogna en lançant un regard mauvais avant de cracher sur le côté le sang qui s'était incrusté dans sa bouche.

- Mademoiselle ?

Elle le regarda une nouvelle fois en passant sa langue sur ses lèvres pour enlever le sang avant de se laisser tomber en arrière. Elle n'avait pas envie de lui répondre, la seule chose qu'elle pourrait lui donner était son pied entre ses jambes, mais l'animal n'était pas aussi fou pour s'en prendre à un policier. L'homme soupira en se relevant pour demander à son collègue d'appeler une ambulance pour la gamine. Ce fut à ce moment-là, alors qu'elle pensait que l'adrénaline l'avait quittée, que celle-ci lui permit de se lever et de partir au pas de course dans la direction opposée du groupe des marginaux. Un nouveau cri se fit entendre alors que des bruits de courses se superposèrent aux siens. On lui demandait de s'arrêter, une « victime » qui prenait la fuite n'était jamais quelque chose de bon. Mais ils pouvaient crier tout ce qu'ils voulaient elle ne s'arrêterait pas, elle ne pouvait pas se laisser attraper et finir de nouveau à l'hôpital ou au poste. Si elle faisait ça, elle pouvait déjà entrendre la voix de sa mère lui criant encore et toujours les mêmes mots : Tu n'es plus une enfant ! Arrête de jouer à qui est le plus fort ! Retourne pratiquer si tu ne sais pas quoi faire ! Et elle en passait.

Voilà pourquoi il fallait absolument qu'elle sème ces policiers avant de se rendre dans un lieu qui pourrait lui permettre de camoufler les dégâts. Alors, elle courut, courut comme si sa vie en dépendait, profitant de l'adrénaline qui endormait la douleur.

La rue n'était pas son terrain de jeu, mais elle avait une bonne mémoire et à force de traîner dehors, des chemins, des rues et des impasses vous restent en tête. C'est pourquoi après avoir essayé de les semer en passant par différentes rues, elle décida qu'il fallait jouer plus gros. Elle devait leur faire perdre du temps. Mais quelle était la meilleure solution ? C'est alors qu'une foule de Hippie se dessina dans ses yeux. Sa solution était là, jamais ils ne pourraient la retrouver à travers tout ce monde. Elle courut encore plus vite, donna un dernier ordre à son corps, il ne restait plus trop de temps à tenir, avant qu'elle ne fonce dans la foule. Elle poussa comme elle pouvait les babas cools en se baissant un peu. La musicienne était un peu plus grande que la moyenne pour les femmes, 1m78, c'était donc toujours assez difficile de passer inaperçu.

Bien évidemment les hippies se mirent tout naturellement entre elle et les policiers, jamais ils n'allaient pouvoir passer cette marée humaine. Mais ne prenant pas encore de repos elle continua d'avancer le plus vite qu'elle pouvait, se dirigea petit à petit vers la droite dans l'espoir de sortir plus rapidement de la foule. Quand elle vit enfin le bout, un soupire de soulagement passa par ses lèvres. Elle jeta un rapide coup d'œil autour d'elle avant de reprendre sa course. Ce n'était pas encore le moment de se laisser aller. Elle voulait vraiment être sûre de ne plus être à portée des policiers. Elle passa dans une petite rue en bousculant parfois des passants sur son passage, puis elle en prit une autre pour arriver à un carrefour où, après un rapide calcul, elle décida de continuer tout droit. Cette fois-ci elle n'avait pas vraiment l'opportunité de passer alors que le feu était rouge pour les piétons. La circulation était trop dense pour ne pas que ça lui coûte un ticket direct pour l'hosto. Alors, elle trépigna sur place, sautant d'un pied à l'autre en enfonçant ses ongles inexistants dans ses paumes de main. Forcément, elle attirait les regards, mais elle ne les voyait pas. Sa seule préoccupation était que le feu devienne vert. Et quand il prit enfin la couleur souhaitée, elle fut la première à partir. Elle arrêta de courir quand elle tourna à droite à l'intersection suivante. Il lui fallut bien une dizaine de minutes pour se rendre a un de ses lieux préférés sur Terre. Ce lieu se trouvait dans un coin de rue, à seulement 2 rues de Chinatown. Ce lieu comprenait une porte en bois foncé encadré par des fenêtres à nombreux carreaux qui permettaient d'y découvrir une vieille librairie. Le reste était caché par des briques rouges. Elle poussa la porte lentement alors qu'un sourire se forma sur ses petites lèvres et que la petite clochette retentit. Ses yeux s'illuminèrent en voyant les étagères de livres s'étendre devant elle. Elle ferma soigneusement la porte derrière elle avant de racler sa gorge.

- M. Fleury?

La grande rousse marcha vers le comptoir qui se trouvait sur la gauche pour appuyer sur la sonnette. Un râle d'agacement retentit alors qu'un homme à la couleur café descendit le grand escalier en colimaçon qui se trouvait au milieu de la librairie et qui faisait aussi office de disquaire.

- J'arrive, j'arrive, il n'y a pas le feu au lac !

- En l'occurrence si un peu.

L'homme leva les yeux vers la cliente une fois non loin d'elle, il lâcha rapidement le carton vide qu'il tenait d'un bras pour se diriger vers la musicienne avec des yeux inquiets.

- Qu'as-tu encore fait Keitha ?!

Elle haussa les épaules alors que l'homme d'une trentaine d'années soupira en se tournant pour se diriger vers une porte qui menait à l'arrière-boutique. Keitha alla chercher le carton à terre avant de suivre le propriétaire de la librairie. Elle rentra dans l'arrière-boutique qui était le regroupement d'une cuisine, salle à manger et d'un salon, le tout en 20m2. La grande rousse posa le carton sur la table en bois qui se trouvait directement à sa gauche en rentrant. Le sol était recouvert du même plancher qui se trouvait dans la boutique et le petit coin-cuisine, qui se trouvait tout au fond à droite du long mur, avait eu le droit à un petit carrelage blanc avec quelques carrés orange. De l'autre côté se trouvait un canapé jaune moutarde avec un petit fauteuil de la même couleur, posé sur deux tapis ronds orange et rouge, en face d'une petite table en verre et d'une télévision.

Le patron ouvrit une petite commode qui se trouvait entre la cuisine et le mini salon pour en sortir une trousse de secours, puis il se dirigea vers son frigo pour en sortir une poche de glace. Keitha passa une main dans ses cheveux en soupirant avant de prendre une chaise et de la tourner vers le libraire pour lui faire face.

- Vous pensez pouvoir camoufler ça ?

Il lui lança un regard sombre avant de lui tirer la joue pour seule réponse la faisant un peu grimacer. Plus l'adrénaline tombait plus son corps se faisait douloureux mais elle ne préférait pas le montrer. Il fallait toujours garder la face, surtout face à un homme, qu'importe qu'on soit proche de lui ou non. Garder la façade devrait être un des premiers commandements, ainsi vous avez tout sous contrôle et personne ne peut avoir le plaisir de vous voir souffrir.

M.Fleury attrapa une chaise pour se mettre en face d'elle tout en ouvrant la petite trousse à pharmacie. Il lui tendit la poche de glace qu'elle posa en premier lieu sur son œil gauche qui avait commencé à prendre une petite teinte bleue. Son ventre ne devait pas être en meilleur état.

- Quand vas-tu arrêter ça ?

- Pourquoi vous posez la question alors que vous connaissez la réponse ?

Il leva ses yeux corbeaux vers elle alors qu'il mouillait un coton, les yeux couleur océan de l'étudiante étairnt vides de toute expression. Bien sûr qu'il savait, elle lui avait déjà dit et il avait déjà vu jusqu'où elle pouvait aller. Elle aimait jouer dans le tunnel qui menait à l'autre monde.

Il passa lentement le coton sur la lèvre de la musicienne qui ne réagit même pas. En soit il n'avait pas grand-chose à soigner, elle avait très peu d'égratignures. Ils allaient juste devoir attendre quelques minutes, le temps que le froid fasse effet sur les bleus.

- Appelle-moi quand le froid aura fait effet.

Puis il se leva en posant la trousse sur la table, décidé à aller reprendre son rangement. Cependant, Keitha lui attrapa la manche du bout des doigts, lui faisant baisser la tête pour regarder son visage amoché.

- J'ai le droit de mettre de la musique ? Promis je ne monterai pas le son comme la dernière fois.

- Tant que tu ne mets pas du Baroque ou un des autres groupes que je n'aime pas, tu peux.

- Je ne comprendrais jamais comment tu fais pour ne pas aimer AC/DC...

- Et moi je me demande comment tu fais pour écouter autant de musique Baroque.

Il quitta l'arrière-pièce en lui faisant un clin d'œil alors que la bagarreuse se levait elle aussi pour se diriger vers le tourne-disque tout en secouant la tête. Ils avaient toujours le même débat, elle essayait de lui faire comprendre tout le génie de Bach(7), pendant que lui s'évertuait à dire qu'il n'y avait pas meilleur compositeur que Béla Bartok(8). L'un dans l'autre ils se complétaient, chacun apprenait quelque chose à l'autre et c'est ce qui faisait durer le lien. Certains de ses amis s'amusaient à dire qu'il y avait une liaison amoureuse entre eux, ce qu'elle n'avait jamais démenti ni approuvé. À quoi bon essayer de raisonner un groupe de musicien fumeur de joint ? Non clairement Keitha savait quand un débat était une perte de temps et celui-ci en était un.

Elle s'accroupit devant la petite commode pour regarder les vinyles qui s'y trouvaient. Qu'allait-elle bien pouvoir choisir ? Elle posa la glace sur le tapis avant de secouer sa main et de papillonner des yeux. Le froid avant légèrement endormit sa main, faisant passer le froid pour du chaud. Elle ouvrit et ferma sa main plusieurs fois sans lâcher du regard les pochettes dont elle ne pouvait apercevoir le nom des groupes.

- Mets-moi du Genesis(9) si tu n'as toujours pas choisi !

Cria le propriétaire en commençant à chantonner quelques notes du morceau The Knife. Il semblerait qu'elle n'avait pas le choix. Alors elle se mit à chercher une pochette en particulier, si lui avait choisi le groupe, elle choisirait l'album. En moins de trois minutes les premières notes de Dancing With the Moonlit Knight résonnaient dans l'arrière-boutique.

- Selling England by the Pound, 1973 ! Monte le son voyons !

Cria de nouveau M.Fleury en rangeant les nouveaux livres qu'il avait reçus cet après-midi. Lâchant un petit rire Keitha monta le son avant de prendre la poche de glace qui commençait à fondre pour aller la reposer dans le congélateur et en prendre une autre en grimaçant, le froid semblait vouloir lui arracher la peau.

Elle posa la poche sur son nez en serrant les dents. Il ne semblait pas cassé mais la douleur du choc était là. Pour essayer de faire passer la douleur, du moins pour penser à autre chose la grande rousse se mit à se déhancher en fredonnant la mélodie. Il n'y avait rien de mieux que la musique pour oublier tous ses problèmes. Plus elle dansait plus un véritable sourire se formait sur ses lèvres. Il ne lui manquait que le joint pour pouvoir planer dans les nuages.

- Voilà de la vraie musique ! C'est quand même bien mieux que Pink Floyd !

M.Fleury semblait vraiment vouloir entamer un nouveau débat, ou alors il voulait juste aider la musicienne à penser à autre chose.

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1. Frédéric Chopin est un compositeur et pianiste polonais de l'époque romantique.

2. Nikolaï Andreïevitch Rimski-Korsakov est un compositeur russe de l'époque romantique.

3. Ian Gillan est le chanteur de Deep Purple, qui est un groupe de rock britannique formée en 1968.

4. Je sais qu'il n'y a pas de vouvoiement en anglais mais j'écris en français alors...

5. Maureen O'hara est un actrice rousse américano-irlandaise qui commence sa carrière à la fin des années 30.

6. Hoodlum est un mot anglais qui veut dire voyou, truand.

7. Jean-Sébastien Bach est le plus grand compositeur de l'époque Baroque, il est allemand.

8. Béla Bartok est un compositeur et pianiste hongrois de l'époque moderne mais grandement influencé par les romantiques.

9. Genesis est un groupe de rock britannique, créé en 1967 dont font notamment partie Peter Gabriel et Phil Collins.

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Merci pour votre lecture ! Et merci à Anne-Laure Bailey pour son aide dans la correction !

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