19 : Une Alfa millésimée

2 minutes de lecture

Rue de la Bretonnerie

Pontoise (95)

Fin janvier 2011

21:58

Sous la pluie glaciale, l’Alfasud bleu marine s’inséra dans la circulation.

— On se gèle dans ta caisse, Marco ! Y’a pas le chauffage là-dedans ?

— Il est en rade… C’est un millésime 73, mon chou, faut pas trop lui en demander !

Marina enclencha le rapport supérieur en ronchonnant.

— Tu pourrais quand même casser ta tirelire, un soupçon de modernisme ne serait pas du luxe !

— Oui, mais ma vieille Alfa est dans son jus. C’est comme ça que je l’apprécie, avec ce supplément d’âme, et elle le sait. Elle ne m’a jamais réservé de mauvaise surprise. Tant qu’elle me conduit là où je le souhaite, ça me va très bien.

Le feulement du quatre cylindres Boxer meubla un court instant le silence de cathédrale qui régnait dans l’habitacle tendu de skaï chocolaté.

— Marina, tu vas encore patienter combien de temps pour me dire ce que tu as sur le cœur ?

— Je ne sais pas comment t’amener les choses, Marco...

La brunette prit une courte inspiration avant de se lancer.

— Katia et toi êtes en danger. Mathilda Triviani a été liquidée, un contrat probablement exécuté pour le compte de Joseph Cash afin de t’atteindre personnellement. Il veut ta peau.

— Cash est derrière les barreaux…

— Était derrière les barreaux ! Il ne l’est plus, il s’est évadé ce matin de Fleury. Et puis être en cabane ne l’a pas empêché de tirer des ficelles...

Oettinger écrasa un poing rageur sur la planche de bord.

— Bon Dieu de merde ! Il ne va jamais me lâcher, cette enflure !

— Calme-toi, vieux frère ! Le taulier ne voulait pas que je te l’apprenne. Il craignait ta réaction. Et moi aussi...

Le grand rouquin tira son portable de sa poche et téléphona à sa compagne.

« Bonjour, vous êtes bien sur la boîte vocale de Katia Sdresvic. Laissez un message après le bip. C’est à vous… »

— Katia, c’est Marco. Ne rentre pas toute seule cette nuit. Cash s’est fait la malle, et il y a fort à parier qu’il va nous pourrir l’existence. Je règle une affaire avec Marina et je viens te chercher. Ne bouge surtout pas du Baiser Salé. Sois prudente ma chérie, je t’embrasse.

Livide, le quadra raccrocha, déçu de ne pas avoir eu sa blonde au bout du fil.

— Tu es tombé sur sa messagerie ?

Marc opina du chef, l’anxiété chevillée au corps.

— Tu sais très bien qu’elle n’allume jamais son mobile sur son lieu de travail. Elle n’est pas du genre à ignorer tes appels, même si vous vous êtes disputés.

— J’ai un mauvais pressentiment, Mari. Un très mauvais pressentiment.

— Jette-moi à Saint-Ouen et va la rejoindre…

— Non, ça ne servirait à rien. Elle bosse encore à l'heure qu'il est. Et elle déteste me savoir dans la salle quand elle s'occupe de ses clients…

Ils ne parlèrent plus du reste du trajet. Les yeux dans le vide et une clope au bec, l’inspecteur avait la peur au ventre, avec cette hantise de revivre le cauchemar qui l’avait anéanti un après-midi de juin 2005.

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