35 : Rendez-vous en terre inconnue

2 minutes de lecture

Quartier de Lochères

Sarcelles (95)

Fin janvier 2011

Le deuxième jour

08:54

— Melody, tu es sûre que tu ne risques rien si je te laisse toute seule sur ce parking ? s’inquiéta Béatrice Leprince.

— Maman, on n’est pas en pleine nuit et c’est pas le Bronx non plus !

— Je ne suis pas très rassurée. Ces barres d’immeubles, cette faune…

— Izmaar Eagle est la figure de proue de cette cité, ils ne me toucheront pas.

L’aspirante-mannequin descendit de la Twingo de sa mère, confiante. Maquillée à outrance et court-vêtue malgré le froid prégnant, elle se dirigea, la démarche assurée et digne d’un podium de défilé de mode, vers un groupe de mauvais garçons encadrant un gros 4x4 Audi.

— Salut les gars, j’ai rendez-vous avec Izmaar Eagle pour les prises de vue de son clip.

— C’est toi Melody Leprince ? fit Omar, un gros malabar black.

— Oui, et toi, t’es qui ?

L’arrogance de la miss n’était pas du goût des sbires du Caïd de Sarcelles, mais ils avaient des consignes précises et ils se devaient de les respecter à la lettre.

— Izmaar a eu un léger contretemps, reprit Omar. Il nous a demandé de te conduire dans le décor qu’il compte utiliser, à quelques kilomètres d’ici, pour une rencontre avec Frédéric de la Chapelle.

— De la Chapelle, le célèbre photographe ? Waouh ! Je vous suis…

— Monte à l’arrière de la caisse.

La jeune vietnamienne se retourna furtivement afin de faire un signe du pouce et un clin d’œil pour tranquilliser sa mère, qui la surveillait de loin. Elle grimpa dans le luxueux SUV aux vitres fumées, cernée par deux molosses qui n'avaient pas l'air très futé. Ils la mataient avec autant de gourmandise que s'ils venaient de tirer vingt ans de prison. Dans le rétroviseur intérieur, Omar fit les gros yeux. Les voisins de la minette comprirent rapidement le message et se tinrent à carreau. Le Q7 quitta le parking à une allure de sénateur. La Twingo de Béatrice Leprince l'imita.

***

— Putain, mais où est-ce qu'ils l'emmènent ? souffla Samir engoncé dans le siège de la 806 familiale.

Les deux maghrébins avaient pioncé dans l'auto. Le froid leur avait tenu compagnie toute la nuit. La vieille couverture miteuse n’avait été qu’un faible palliatif pour les réchauffer et le petit-déjeuner commandé au Mac-Drive était déjà loin. Le monospace à la peinture défraîchie se mit en route à la suite de l'Audi.

— Je n'en sais rien du tout, répondit Karim. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'Eagle n'était pas chez lui. Et je me demande bien pourquoi…

— Qu'est-ce qu'on fait ?

— On les file, on verra bien...

— On n'intervient pas ? On laisse Melo à la merci de ces lascars ?

— C'est trop tôt, Samir. Ils ne l'ont pas violentée pour l'instant. Et puis, tu veux que je te rappelle la teneur du SMS que m’a envoyé Blan-Kass’ à deux plombes du mat' ? Le Caïd a descendu Bouba. Il a signé son crime.

— Raison de plus pour ne pas laisser ma meuf entre ses griffes.

— Je ne crois pas qu’Eagle lui fera du mal. Elle est une monnaie d'échange.

— Dépêche, Karim, on est en train de perdre du terrain là !

— J'ai la situation en main, Samir. On doit se tenir à distance pour ne pas se faire repérer.

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