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Dans l’estomac de la nuit, au petit matin,
je vins voir quelques marins.
Pas une âme au port, ni même un poisson mort,
simplement un navire à bâbord.
Ni une ni deux, ces braves loups de mer
me parlèrent d’une affaire amère.
— Des petiots nous ont fait part d’une horrible découverte,
dans le coffre de votre voiture se trouve une vie déserte.
Un corps sans jambe nous dévisage,
jamais auparavant nous avions vu un tel présage.
À l’approche de l’aube, ces matelots s’impatientèrent
de leurs troncs des appendices s’élevèrent.
Comme des pantins désarticulés,
leurs dents acérées tentèrent de me dévorer.
Pas de bol pour ces hères
leurs dépouilles sans amour décoreront le Manoir du Père.
Mon couteau leur arracha la vision,
avec leur sang, je m’attelai à peindre l’horizon.
Sculpter un sourire sur leurs visages,
c’est dessiner un nouveau paysage.
Au loin, sur ce navire unique,
s’esquisse une silhouette féerique.
À ses pieds jonche mon offrande,
un corps sans essence en guise de viande.
Ses extrémités cachées jaillirent de son costume
pour s’abreuver sans retenu de la chair commune.
Au cœur du jour, dans la matinée,
je discutai avec les marins d’une nouvelle opération déguisée.
Le Maître dans sa splendeur terrifiante,
immobile dans l’ombre du mât attisait une curiosité fascinante.
Le moment où surgirent de nouvelles proies en quête d’une mort abyssale,
je sautai dans l’océan hadal.

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