Chapitre 12

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❤️ BETTY-LOU ❤️

Cela fait quelques semaines que ça dure et ça commence à me taper sur le système. Comment peut-on passer une merveilleuse soirée au port avec un sacré rapprochement et une belle complicité ? Et que le lendemain il y ait un fossé entre nous ?

Ce que je veux dire c’est que depuis ce soir là où nous avons bien failli nous embrasser, Ethan est devenu distant et se comporte uniquement de manière professionnelle avec moi. Pas un petit geste tendre, ni de douces paroles.

J’avoue que je ne comprends pas et qu’il va falloir que je prenne le taureau par les cornes.

Ethan est dans le hangar en train de lire le journal, j’approche avec un air furibonde.

  • Je peux savoir à quoi tu joues depuis quelques temps ?! M’exclamai je assez fort sur un ton énervé.

Ethan se relève et pose son journal sur le plan en inox pour venir me faire face.

  • À quoi je joue ? Comment ça !? Me rétorque t-il.

  • On a passé une merveilleuse soirée au port ! On était supers proches ! C’était top ! Et là du jour au lendemain plus rien ! Criai je un ton plus haut.

  • Euh Betty, laisse-moi t'expliquer...

  • M’expliquer ?! Mais c’est déjà tout vu ! Tu te fous de ma gueule ! M’emportai je en croisant les bras contre ma poitrine.

  • Non, pas du tout. Mais ne cries pas si fort s’il te plaît ! Tonne Ethan de sa voix autoritaire avant de se radoucir. Viens on va discuter dans mon bureau Betty-Lou.

Ethan me précède, je le suis étant toute petite derrière lui. Il m’ouvre la porte de son bureau et la referme derrière moi.

  • Pourquoi tu fais ça ? Pourquoi tu es comme ça avec moi ? M’exclamai je les yeux tout brillants. J’ai l’impression que c’est un jeu pour toi ! Et c’est quelque chose qu’il va vite falloir arrêter.

  • Betty-Lou, ma puce je ne joue pas avec toi. Tout ce qui s’est passé entre nous c’était sincère ne t’inquiètes pas me répond Ethan.

J’hausse mes sourcils blonds.

  • Alors pourquoi tu es aussi distant avec moi ?! Je te rappelle que l’autre jour tu m’as fais pleins de câlins et ta dernière bise était quasiment sur mes lèvres ! Faut te faire un dessin ?! Criai je. Et je ne pense pas y avoir rêvé ?! Si ?!

Ethan s’assoit à son bureau et se prend la tête dans les mains durant de longues minutes qui me paraissent une éternité. Je respecte son silence attendant une réponse. Il soupire avant de me regarder.

  • Ce n’est pas aussi simple que tu peux le croire. Tout ce que j’ai fais était sincère ! Je ne fais pas semblant alors ne dis pas le contraire. Juste de par ma fonction je ne peux pas faire ce que je veux dit il en se relevant.

  • Je ne vois pas où est le problème ! M’exclamai je. Ou tu as honte d’être en ma compagnie !

  • Ça n’a rien à voir. Et non ta compagnie est plaisante. Écoutes je suis ton supérieur hiérarchique, il y a des choses qui ne se font pas ! Et au sein d’une caserne c’est pareil ! Je pensais pouvoir gérer mais je n’y arrive plus. Et je ne voudrai pas que nos collègues découvrent que j’ai des sentiments pour toi ! Je pense qu’il vaut mieux en rester là déclare Ethan.

  • Mais t’es pas sérieux j’espère ?! M’exclamai je. Si tu m’aimes plus que bien alors pourquoi vouloir le nier ?! On pourrait se cacher et personne ne le saurait ! Sauf que tu n’as rien dans le froc pour pouvoir continuer ! Et dans ce cas il ne fallait pas me charmer ! Parce que j’ai un cœur et que moi aussi j’ai développé des sentiments pour toi !

  • Betty-Lou je suis perdu, j’ai besoin de temps pour réfléchir à tout ça. Mets-toi deux secondes à ma place. Je ne veux pas me faire virer de la caserne répond Ethan tout embêté.

  • Mets toi aussi à ma place ! Retorquai je. Tu m’as fais sous entendre que les femmes sont intéressées que par ta lignée de richesse ! Que tes parents te présentaient des femmes qui t’aimaient que pour ça ! Et là qu’il y a une fille qui t’aime pour ce que tu es tu ne le vois même pas !

  • Betty, je n’ai jamais ressenti un tel sentiment, une connexion aussi importante avec une femme. Je n’ai jamais eu de longues relations non plus. Ça me fait peur tout ça, c’est nouveau pour moi et j’ai peur de te faire du mal. Ma position de supérieur hiérarchique n’est pas des plus faciles. Et si jamais il se passe quelque chose entre toi et moi, aucun geste tendre ne pourra se faire ici... Je suis attiré par toi comme par un aimant ! Comment gérer au quotidien si il y a un problème lors d’une intervention ?! Je ne veux pas te perdre ! Ça ne fait pas longtemps que je te connais mais je me suis attaché à toi ! Débite Ethan en se rapprochant de moi.

Je suis abasourdie par ce que je viens d’entendre, le lieutenant Varnier est en train de tomber amoureux de moi.

Ethan a raison, comment allons-nous gérer ça ?

Je reste silencieuse tout en plongeant mes yeux noisettes dans les siens.

  • - Tu comprends Betty-Lou je suis un homme sérieux, respectueux et qui a des principes. Je ne peux pas aller à leur encontre ! Et d’un autre côté je veux être avec toi. Tu es importante à mes yeux.

  • Je comprends oui m’exclamai je. En tout cas saches que je t’attendrai s’il le faut. Moi aussi j’aimerai sortir avec toi ! Ça fait un moment que je meurs d’envie de t’embrasser.

Ethan me sourit et m’attire contre lui pour me prendre dans ses bras. Ses lèvres se posent furtivement dans mon cou pour quelques légers baisers à l’intérieur de celui-ci.

Il me sourit tout en effleurant ma joue avec sa main. Ce contact me donne des frissons dans la joue.

  • Laisse-moi le temps de faire le point sur mes sentiments et mets toi à ma place, en tant que lieutenant. Tu verras que ce n’est pas évident ! Me chuchote t-il à l’oreille.

Je le prends par le cou, me hisse sur la pointe des pieds pour lui embrasser la joue de manière affectueuse.

  • Bon, je te laisse je vais aller voir si Oscar a besoin d’aide ! Et si il a quelques petites choses à m’apprendre! À plus ! Je t’aime beaucoup !

  • Moi aussi avoue Ethan en m’envoyant un signe de la main. Excellente idée ma puce.

Je me dirige vers Oscar tout sourire.

  • Salut Oscar ça va ?! Qu’est-ce qu’on a au programme aujourd’hui ?! Demandai je avec intérêt.

  • Bonjour ma jolie ! En forme comme toujours et toi ?! Je vais t’apprendre à monter sur la grande échelle en toute sécurité et également comment se servir des extincteurs me lance t-il.

  • Ça me va ! M’exclamai je en souriant. Comment on procède ?

  • Nous allons nous exercer directement sur le terrain, nous allons place Lyautey déployer notre grande échelle. Et je compte bien à ce que ce soit toi la première à monter ! S’exclame Oscar.

  • Mais je ne sais pas comment ça se passe ?! Et je suis jamais montée aussi haut sans être trop sécurisée ! M’inquiétai je.

  • T’inquiètes pas ! Oscar est un pro de l’échelle tu ne risques rien ! Murmure Ethan en me faisant un clin d’œil. Et je serai aux premières loges !

Je souris à mon lieutenant puis j’embarque avec Oscar.

Sur le trajet nous discutons de tout et de rien.

  • Je me demandais... Comment Ethan est devenu lieutenant ?

  • Ethan a fait des études supérieures en droit avec master ! Il a passé son concours de sapeur pompier professionnel en externe. Il a suivi toute la formation et est sorti majeur de sa promotion le confirme Oscar. C’est un homme très futé, très intelligent qui prend toujours les bonnes décisions c’est bien pour ça qu’il a pu accéder aux fonctions de lieutenant. Ça a l’air de t’intéresser ! Ethan te plaît ?

  • Je dirai plus de l’admiration ! Répondais je tout sourire. J’aimerai tellement être au taquet comme vous tous !

  • Ça viendra Betty tu as le potentiel et c’est bien pour ça que tu as été admise ici et aujourd’hui tu verras que tu vas encore apprendre pleins de choses !


  • Je n’en doute pas et c’est bien pour ça que je t’apprécie beaucoup ! Tu es de bons conseils et c’est intéressant de parler avec toi. Dis moi... c’est angoissant de monter à la grande échelle ?

  • Pour ma première fois j’étais comme un fou ! Je montais les escaliers quatre à quatre ! Et arrivé quasi en haut je me suis rendu compte que c’était bien élevé... du coup impossible d’atteindre le haut et encore moins de redescendre ! Que de bons souvenirs !

Arrivés sur place nous balisons les emplacements qui nous sont réservés. Je ressens un peu d’angoisse et d’excitation ! J’ai peur de ne pas avoir le cran pour ça.


  • Ma petite cocotte on va procéder à la stabilisation du camion. Pour cela nous devons mettre les cales sous les quatre stabilisateurs.

Puis il explique comment déverrouiller le panneau de commandes pour actionner la tourelle pour la faire pivoter grâce au joystick.


Je l’écoute attentivement en fronçant les sourcils et en tirant la langue tout en prenant des notes sur mon mini calepin.


Il prend le temps de m’expliquer chaque boutons pour faire monter, descendre et actionne le développement de l’échelle. J’ai peur de ne pas avoir tout retenu.


Une fois l’échelle à mi hauteur, Oscar la met en sécurité et me demande de prendre sa place sur le siège. Je le regarde d’un air anxieux.


  • Tu es sure que ça ne risque rien hein ?! Dis je inquiète.

Oscar acquiesce d’un signe de tête. Je m’assieds à sa place, pas du tout à l’aise.


  • Betty-Lou, tu dois toujours garder en vue où est l’échelle et si possible mémoriser en même temps ou sont les boutons pour actionner au bon moment. Tu vas commencer dans un premier temps à prendre en main le joystick pour te familiariser avec la bête, la dompter ! N’hésites pas à appuyer sur les boutons un par un pour bien identifier les actions et te les mémoriser. Lorsque cela te convient, tu relâches la main et la manœuvre stoppe également. Tu verras c’est très simple!

J’inspire profondément puis je bascule le joystick à gauche et l’échelle suit son mouvement. Puis j’appuie sur la flèche en haut de la manette et l’échelle se déploie.


Puis la flèche du bas inverse le mouvement de l'échelle.


En fait c’est super simple ! Exactement comme quand je joue à la console.


Oscar me demande d'actionner le joystick vers l'arrière et les deux vérins hydrauliques situés à côté de moi rentrent en action et toute la tourelle monte.


Oscar me demande de lâcher, puis de pousser vers l'avant le manche et les vérins font descendre la tourelle. Puis il s’assure d’être sûr que j’ai bien compris le fonctionnement.


J’acquiesce puis Oscar me demande de mettre l'échelle en position au dessus du toit de l'immeuble.


Je regarde mon aîné nerveusement. Lui demandant s'il est sûr de lui ?


Il hoche la tête, je déglutit bruyamment, ferme les yeux pour garder mon calme.


Oscar m’ explique que je dois toujours bien garder en vue où est la flèche de l'échelle.


Je commence à monter la tourelle, puis la fait pivoter à droite pour être à l'endroit désigné par Oscar puis je déplie l'échelle, hésitante je lâche le joystick. Oscar m’encourage en me disant que c'est presque parfait. Je reprends en remontant un peu plus puis je déplie l'échelle.


Un bruit de raclement métallique se fait entendre. Complètement paniquée, ma main reste crispée sur la manette.


Mes collègues rigolent, sifflent, je tente de ne pas me distraire. Oscar intervient en me prenant la main pour juste donner une pression vers l'arrière et l'échelle s'élève mettant fin au bruit.


Je relâche tout.


Je les fusille du regard et mes mains se font toutes tremblantes. Ma respiration est saccadée, j’ai la pression et leurs moqueries ne me plaisent pas du tout.


  • -N’en fais pas cas tu es parfaite ! Avec un peu d’entraînement ça sera top. Me rassure Oscar.

  • Oh la blonde ! Crient John et Tom en chœur.

La voix grave d’Ethan me revient aux oreilles, il leur ordonne de se la boucler d’un air autoritaire. Je le remercie par un sourire.


  • Tu t’en sors très bien pour une première me lance le lieutenant.

Je sors du véhicule sous les ordres d’Oscar, il me pose une main sur l’épaule.


  • Oh ne t’inquiètes pas ma douce, ne tiens pas compte des remarques de ces abrutis ! Eux aussi sont passés par là mais ils ont la mémoire courte ! S’exclame Oscar. Tu vas mettre ta veste Betty-Lou ! Tu serres bien comme il faut ton casque, ta jugulaire !

j’effectue tous les gestes et m’avance vers Oscar pour qu’il vérifie tout cela.


  • Voilà tu es prête à monter à l’échelle ! S’exclame t-il tout fier de lui.

Mes yeux s’écarquillent en grand sortant presque de leurs orbites et ma gorge se noue.


  • Mais.......

  • Tu en es capable me confirme Ethan d’un signe de tête.

Je soupire et prends mon courage à deux mains, tout mon aplomb de ce début de journée s’est envolé.


  • Très bien Betty-Lou, tu as tout ton temps pour monter! Déclare Oscar.

Je commence à me mettre quasiment à quatre pattes, mes mains agrippent fermement les barreaux de l’échelle.


  • C’est tout de même pas très sécure votre truc ! M’exclamai je.

Mes collègues m’observent et restent silencieux


Je suis à une bonne quinzaine de mètres il m’en reste tout autant à gravir. Ma gorge est sèche, l’échelle vacille à cause du vent ou du moins c’est la sensation que j’ai. Car je sais que si c’était trop dangereux ils ne me le feraient pas faire.


Je ne me sens pas très stable et aucun harnais ne me sécurise. Mes mains se crispent, je ne peux plus avancer.


Je n’ai jamais eu le vertige, alors est-ce le fait de ne pas être attachée qui me tétanise. Mes muscles se font douloureux.


- Allez ! Ne fais pas ta mauviette ! Crie John en rigolant.


Je tente de monter quelques barreaux supplémentaires mais mon pied rate un barreau et je me retrouve suspendue à la force des mains. J’entends les hommes hoqueter d’inquiétude.


Je me repositionne comme il faut, ayant eu une petite frayeur mes jambes tremblent.


  • Je ne peux pas monter plus.... m’écrirai je.

  • Il le faut ! Crie Ethan de sa voix grave. Tout pompier doit savoir le faire !

Je reste figée pendant plus de dix minutes. Les larmes me montent aux yeux.


  • Bon ce n’est pas grave redescend ! Rétorque Oscar.

- Je suis bloquée...... déclarai je sous les moqueries de mes deux idiots de collègues.


- Ok Betty, je monte te chercher ! S’exclame Ethan en s’équipant.


Rapidement je sens le poids de mon lieutenant faire rebondir un peu plus l’échelle comme si le vent ne suffisait pas.


En moins de deux Ethan se trouve juste en dessous de moi.


  • Betty, il faut que tu réussisses je suis là ! Tu vas le faire pour leur clouer le bec !

Sous la voix posée et douce du beau lieutenant Varnier, je progresse vers le haut. Grâce à lui je réussis à monter à la cime.


  • Bon maintenant il faut que tu te retournes pour regarder l'horizon.

  • Quoi ? Mais.. t'es fou ! D'une voix aiguë totalement paniquée.

  • Betty, c'est obligatoire si tu veux valider l'exercice. Vas-y doucement.

Guidée par la voix calme de mon lieutenant je commence à me tourner vers la gauche alors que ma main droite tient fermement le barreau de l'échelle, des sueurs froides perlent sur mon front et dans mon dos.


Millimètres après millimètres j'arrive à me positionner comme il faut et mon regard croise celui d'Ethan, souriant et continuant à m'encourager.


Dès que j'entends "C'est bon ! Tu peux redescendre !" je me remets dans ma position initiale, les deux mains cramponnées au barreau, je sens que mes jambes tremblent, j'ai du mal à me contrôler puis très doucement je redescends accompagnée d’Ethan juste en dessous.


Je m’empresse d’atteindre le sol pour enlever mon équipement.


  • Tu vois t’as géré ! Renchérît Oscar.

Je souris fière de moi alors qu’il me tape gentil l’épaule.


Une fois de plus j’aurai prouvé à ces hommes qu’une femme peut elle aussi faire ce métier.

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