Scène unique
* Marianne et Philippe sont mariés depuis plusieurs années. Un jour, Philippe rentre à son domicile en ayant fait une découverte remettant en cause la fidélité de sa femme. Sur scène : le décor d'un salon chic est reconstitué. Au fond, une cheminée, un porte-manteaux ainsi que la porte d'entrée. Au milieu, un canapé et côté fenêtre un piano. *
MARIANNE - Philippe ! Te voilà enfin ! Ta journée a-t-elle été agréable ?
PHILIPPE - Ma foi, j'en connus des meilleures ...
MARIANNE - Voilà qui est bien regrettable. Ecoute, mets-toi bien à l'aise, je vais te préparer un thé. Celui que tu aimes tant.
* Marianne s'approche de son époux, se saisit de son blouson afin de le ranger et se rend dans les coulisses pour préparer le thé. *
PHILIPPE - *seul* C'est qu'elle cache bien son jeu ! Depuis combien de temps se joue-t-elle de moi ? Elle seule peut me répondre et je compte bien le lui demander. Soyons patients ! Bientôt, plus rien n'aura de mystère pour moi.
* Marianne fait son retour sur scène, tenant deux tasses dans ses mains. *
MARIANNE - Voici chéri, un peu de thé vert pour te réchauffer.
PHILIPPE - *sur un ton ironique* Merci ma très chère. Être marié à une femme telle que toi est le rêve de tout homme, cela ne fait aucun doute ! Tu sais être réconfortante, mais également honnête, qualité qui se perd de nos jours malheureusement.
MARIANNE - Eh bien ! L'heure est aux compliments ! Mais, dis-moi, en quoi ta journée fut-elle si mauvaise ?
PHILIPPE - Ah ! C'est une bien longue histoire ...
MARIANNE - Je suis tout ouïe.
PHILIPPE - Figure-toi que j'ai eu une bien mauvaise surprise ...
MARIANNE - Que veux-tu dire ?
PHILIPPE - Alors que je prenais une pause bien méritée, j'ai décidé de faire quelques pas dans la rue. C'est alors que j'ai croisé un visage familier dont la compagnie m'a fortement déplu.
MARIANNE - *à part* Ciel ! Serait-il au courant ?
*tout haut* Ah bon ? Mais de qui s'agissait-il ?
PHILIPPE - Je te prie, ne fais pas semblant. *Se levant et posant la tasse* Tu as donc un amant Marianne ? Depuis combien de temps ?
MARIANNE - Oh Philippe ... Comment oses-tu penser cela de moi ? Je te fus toujours fidèle et je le resterai ! Je ne puis imaginer une seule seconde t'être infidèle car sans toi, je ne suis rien, sans toi je ne puis exister. Crois-moi, l'infidélité me conduirait au cercueil, je ne saurais le supporter. Un tel secret me tuerait, assurément. Mais es-tu bien sûr qu'il s'agissait de moi ?
PHILIPPE - Oh oui ! Je mettrais ma main à couper qu'il s'agissait de toi.
MARIANNE - Mais ... Comment cela se peut-il ?
PHILIPPE - Ah ça ! Tu es bien la seule à pouvoir me le dire ! Allez ! Cela ne sert à rien de me mentir, je sais ce que j'ai vu.
MARIANNE - *à part* Comment lui dire ?
*tout haut* Philippe, je ne saurais le dire ... Il s'agit d'une histoire bien compliquée et me faisant souffrir encore plus chaque jour.
PHILIPPE - Eh bien ? Qu'attends-tu ?
MARIANNE - C'est un secret bien lourd à porter et je ne sais comment te l'annoncer sans te faire souffrir pour autant.
PHILIPPE - Rassure-moi, je me fais des idées et tu vas me prouver que j'ai tort ?
MARIANNE - A vrai dire, j'ai bien peur que non ... Je n'ose pas ...
PHILIPPE - Diable ! Vas-tu me révéler ce que tu me caches ?
MARIANNE - Si tu tiens tant à savoir ... Il y a bien maintenant plusieurs années, alors que tu voyageais pour le travail aux Etats-Unis pendant deux ans, je fus conviée à un dîner familial chez mon frère. Ce dîner fut pour moi le pire moment de ma vie puisque je fus forcée à une relation incestueuse par un lointain cousin. De celle-ci, naquit un enfant, aujourd'hui adopté, dont les frais pour qu'il puisse vivre restent à ma charge, ainsi qu'à celle de mon cousin. Ainsi, en plus de me couvrir d'opprobres, il te rendit également cocu. Si tu nous vis ce matin, c'est que je lui amenais l'argent souhaité par la famille afin que l'enfant puisse vivre décemment. Voilà mon secret si douloureux dont je ne peux me séparer et qui par me hantera jusqu'à la fin de mes jours.
PHILIPPE - *tombant dans le canapé* Oh ma douce ... Je suis tellement désolé ...
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