Chapitre 22 : Steeve
Je reconnais cette voix qui me fait sursauter. Je lève les yeux et découvre Yohan qui m'observe. Son regard inquiet accentue un peu plus mon mal-être, je me détourne.
— Tout va bien ?
Il s'assoit à côté de moi et me tend un mouchoir en papier. Il me fait tellement penser à Éric. Je voudrais lui sauter dans les bras, le serrer, sentir sa chaleur, la douceur de sa peau. Redécouvrir toutes ces sensations, ce bien-être qu'il me procurait avant qu'il ne m'abandonne lâchement.
Je prends le mouchoir et m’essuie les yeux et le nez. Je ne peux pas céder devant lui, avouer mes faiblesses, rouvrir ces blessures que j'ai mises tant de temps et d'ardeur à enfouir. Il pose sa main sur ma cuisse et une douloureuse décharge électrique me force à le repousser plus violemment que voulu.
— Fous-moi la paix !
Je ne contrôle plus mon corps, mon esprit s'embrouille et ma vision rétrécit. Je ne suis plus moi-même.
— Pardon… j'voulais juste t'aider…
La déception dans sa voix me transperce le cœur. J'ai mal, je voudrais mourir pour que tout s'arrête. Il se relève et s'en va. « Reste ! Je t'en supplie ! ». Les mots se bloquent dans ma gorge, mes larmes me brûlent le visage, je suis frigorifié.
Dans un effort qui me semble surhumain, je me redresse et m'élance à sa poursuite.
— Yohan ! Excuse-moi !
Ma gorge se desserre et je parviens à l'intercepter. Il se retourne, je me fige. Les larmes sur son visage m'attendrissent autant qu'elles me dévastent. Il est si beau, si fragile…
« Si… Éric… »
— Je ne voulais pas être…
Mon cou se noue, ma vision se trouble, mes jambes ne me retiennent plus, je m'écroule.
— Steeve ?
Sa voix alarmée résonne dans ma tête.
— Appelez une ambulance !
— Non, pas l’hôpital, par pitié…
La réalité se fond dans les ténèbres qui m'enveloppent inexorablement. Je sens une force, on me soulève, me trimbale. Je pose mécaniquement un pied devant l'autre. Tout est froid. Je tombe et m'affale de ton mon long.
Soudain, la chaleur revient. Mon corps engourdi se détend, ma respiration ralentit. Le néant s'écarte à mesure que sa présence s’impose.
— Éric ?
Son visage apparaît dans mon esprit. Je désespérais tant de le retrouver.
— Non, c'est Yohan.
Leurs traits se fondent en une seule personne, magnifique, grandiose. Je l'attrape et l'attire vers moi. La chaleur de son corps me brûle les mains. Une douleur si délicieuse que je le serre plus fort encore. Je sens sa main dans mon dos, sa caresse m'électrise. Puis son souffle, sur mon visage. Enfin, sa bouche, ses douces lèvres que j'espère depuis si longtemps.
« Tu m'as tellement manqué… »
—
J'entrouvre les yeux. Je n'ai aucune perception du temps ou de l'espace.
Yohan est allongé à mes côtés, face à moi, son souffle chaud me chatouille les narines. Je cligne des yeux et les siens s'ouvrent, illuminant son visage de ces deux magnifiques émeraudes scintillantes. Je glisse ma main sur son visage, il ferme les yeux et frotte sa joue contre ma paume, sa peau et douce. Il sourit, approche ses lèvres des miennes, y dépose un baiser. Une larme me gratte le coin de l'œil, il la remarque et l'ôte avec son pouce, puis pose son front contre le mien. Il soupire.
Une fièvre insensée me submerge soudain. Je me redresse et l'embrasse avec une fougue incontrôlable. Je le désire plus que tout au monde, mais il me repousse, m'intime de me calmer.
— Tu dois te reposer, Steeve.
Sa voix est si douce à mes oreilles.
— Désolé de m'être comporté comme un connard avec toi.
Il rougit tandis qu'un sourire gêné lui étire les lèvres. Je n'ai jamais autant désiré quelqu'un.
— J'ai tellement envie de toi !
Il écarquille les yeux, je peux y lire autant de surprise que d'envie.
— Viens avec moi !
Il me relève et m'attire vers la salle de bains, verrouille la porte. Je m'emporte sur ses lèvres tandis que nos gestes s'entremêlent et que nous parvenons maladroitement à nous déshabiller mutuellement. La fraîcheur de la pièce me donne des frissons, il le remarque et m'entraîne sous la douche. La douce brûlure de l'eau bouillante attise mon désir.
Mes mains parcourent son corps dont je devine les courbes aiguisées sous mes doigts, tandis que nos bouches s'élancent dans une danse endiablée. Je sens son excitation frotter contre la mienne. Il l'agrippe brusquement et m'arrache un hoquet de plaisir. Avide, sa bouche s'écarte et s'attarde dans mon cou, puis mon torse. Mes yeux se révulsent lorsqu'elle atteint mon sexe. Sa chaleur humide est un délice, mais ses lèvres me manquent déjà. Je l'attire à nouveau vers moi et l'embrasse. Je ne veux pas les laisser, mais je m'écarte et descends à mon tour. Elle est si belle que je m'attarde à l'observer en la caressant. Je plonge mon nez dans son petit buisson dru, l'odeur de son intimité me fait bouillir. Doucement, je redescends et offre son sexe à mes papilles. Je le sens tressaillir tandis que mes mains se promènent sur son torse. Il gémit, je suis au bord de l'extase.
Je me relève pour l'embrasser, mais il se retourne, m'offrant la délicatesse de son dos finement musclé, de ses fesses mûres que je malaxe en me mordant les lèvres. Il bascule la tête en arrière et ma langue s'enfonce aussitôt dans sa gorge. Sans le vouloir, ma bite se faufile et le pénètre subrepticement. Il pousse un gémissement de douleur que ma bouche étouffe, mais il empoigne mon bassin et me force à le pénétrer plus avant. Son anus se rétracte sur ma bite, j'ai peur de lui faire mal, mais il ne me laisse pas le choix. J'entame des va-et-vient timides que j'accélère à mesure qu'il se détend. Je ressens son manque d’entraînement, son petit trou délicat et serré. C’est divin.
Ses excitants cris de plaisir mêlé de douleur me poussent dans mes derniers retranchements, je ne pourrai pas me retenir bien longtemps. Tandis que je m'enfonce pour lui offrir ma délivrance et que ma main le masturbe avec vigueur, ses gémissements s’intensifient, son corps tremble par à-coups, son sperme chaud dégouline sur mes doigts. Je le porte à mes lèvres, me délecte de la moindre goutte, puis l'embrasse passionnément avant de jouir à mon tour, au plus profond de lui, exultant un râle de soulagement saccadé qui résonne dans la pièce.
Ses mains me retiennent, me forçant à rester en lui tout en le plaquant contre le carrelage. Haletants, nos cœurs battants à tout rompre, nous restons figés, enlacés dans une étreinte charnelle si intense que le monde s'est arrêté. Je le serre fermement dans mes bras, le retiens. Mon âme pleure de joie. Je ne le laisserais plus jamais me quitter.
— Je t'aime, Éric…
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