Chapitre 33 : Yohan

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Je m’avance vers le guichet et demande un billet pour Strasbourg. La jeune femme me le temps et je m’éloigne sans même la remercier. Je suis tellement abasourdi par l’adrénaline que je ne vois rien de ce qui se passe autour de moi.

Je monte sur le quai numéro neuf et m’installe sur un banc. Le vent glacé s’engouffre dans les pans de ma veste et me donne des frissons. Après l’intense chaleur des émotions des dernières heures, je suis presque soulagé qu’il me morde la peau.

— Yohan ?

Je me retourne et aperçois Steeve qui me sourit. Mon cœur se serre.

— Qu’est-ce que tu me veux ?

Il s’approche et s’agenouille devant moi.

— Je t’en prie, tu peux pas partir ! Tu peux pas me laisser, j’ai besoin de toi !

Je le toise du coin de l’œil.

— Pourquoi ? Ton barman bodybuildé ne te suffit pas ?

Il baisse la tête et m’attrape les mains. Je voudrais les retirer, mais mon cœur m’en dissuade.

— Il s’appelle Tane et… je suis fou amoureux de lui.

Je soupire et lève les yeux au ciel.

— Et en quoi ça me concerne ?

Son sourire s’élargit un peu plus.

— C’est grâce à toi.

Intrigué, je tourne la tête dans sa direction et remarque qu’il pleure malgré ses lèvres qui s'étirent. Il est affreusement attendrissant.

— Sans toi, je n’aurais jamais compris à quel point ma vie était vide de sens. Je baiser à droite à gauche, convaincu que cela me convenait. Mais quand je t’ai vu…

Ses mains serrent soudain les miennes avec plus de forces.

— Ta rencontre m’a tellement chamboulé que j’ai réussi à comprendre que j’avais autant le droit au bonheur que quiconque. Yohan, tu es mon âme sœur, la pièce qui manquait à ma vie, et je ne veux pas te perdre.

Je sens les larmes me monter aux yeux, j’ai une envie irrépressible de le serrer dans mes bras, mais je suis paralysé.

— Je t’en supplie, à genoux… Yohan, pardonne-moi…

Il pose sa tête sur mes genoux et je le sens hoqueté. Une vague de sentiments me submerge, une chaleur subtile qui s’insinue dans chaque parcelle de mon corps. Je me sens débarrassé d’un poids, d’une douleur qui ne me quittait plus depuis notre première rencontre. Je me relève et l’attire vers moi.

— Quand je t’ai vu pour la première fois, j’ai eu de la peine pour toi. Tes yeux étaient si tristes, tu semblais si fragile. Mais… maintenant, ils brillent d’une étincelle nouvelle, pleine d’amour et de gratitude…

Ses joue se gonfle de joie, poussant les dernière larmes hors de ses yeux.

— Je te pardonne, Steeve…

Il prend une grande inspiration puis dépose un baiser sur ma joue et nous nous enlaçons avec force. Je me sens si heureux de l’avoir auprès de moi, de sentir sa chaleur rassurante. Autour de nous, les badauds applaudissent et sifflent. Nous nous écartons l’un de l’autre avec un sourire gêné et Steeve leur fait signe que ce n’est pas ce qu’ils imaginent.

Il me sourit et reprend mes mains dans les siennes.

— Tu auras toujours une place très spéciale dans mon cœur, Yohan, que tu décides de partir ou de rester. Mais avant de faire ton choix, il y a quelqu’un ici qui à aussi besoin de te dire quelque chose de très important.

Il m’indique d’un signe de tête une personne dans mon dos. Je me retourne et aperçois Tane en compagnie de Mickaël qui baisse les yeux. Il s’avance et lève la tête, son regard brille de larmes, je ne l’avais jamais vu aussi attendrissant.

Il glisse ses mains dans ses poches et hausse les épaules.

— Tu peux pas partir comme ça, Yohan, lance-t-il avec retenue.

— J’ai déjà pris un billet et il est pas remboursable…

Il sourit et nous échangeons un petit rire discret.

— La vérité… c’est que je suis fou de toi, Yohan…

Je fronce les sourcils et hoche la tête. Il lit l’incompréhension sur mon visage et me prend subitement les mains.

— Ça fait longtemps que je le sais, mais… j’avais du mal à me l’avouer… et puis… t’es entré dans ma vie…

Il s’approche encore un peu. Je peux sentir son souffle sur mon visage, ma respiration s’accélère. Qu’est-ce qui m’arrive ?

— Et Lucia ?

— Je lui ai tout avoué… c’est pour ça qu’elle s’en est prise à toi… j’étais tellement déçu quand je t’ai surpris avec Steeve… j’ai eu peur d’avoir rater ma chance à tout jamais… pardon d’avoir tout raconté et d’avoir foutu la merde… j’ai pas réfléchi…

Il baisse la tête, mais je rattrape son menton. Une mèche de ses magnifiques cheveux noir virevolte devant ses yeux qui brillent d’une lueur d’espoir. Je le découvre sous un nouveau jour et il est si beau. Doucement, comme si elles ne pouvaient plus attendre, nos lèvres se posent et s’animent tandis que nous échangeons notre premier baiser.

Une larme s’échappe au coin de mon œil et roule dans mon cou, les battements de mon cœur s’accélèrent, les papillons dans mon ventre me chatouillent et la musique s’élève au travers des applaudissements des gens qui sifflent autour de nous.

J'attendais ton amour
Ton beau ton bel amour
Je l'attendais pour enfin vivre
En donnant à mon tour

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