Ce n’était pas ma faute

Une minute de lecture

Quand devient-on adulte ?

Peut-être ce jour-là. Pas à cause des rides, ni des vêtements. Mais parce qu’un voile s’est déchiré. Parce qu’un sourire, que l’on croyait bienveillant, s’est révélé mensonge. Parce qu’un corps d’enfant a su, sans mots, que quelque chose était mal. Parce qu’un silence s’est installé, lourd, pesant, comme une porte close sur l’innocence.

On ne perd pas l’enfance d’un coup. Elle s’efface petit à petit, dans les interstices du non-dit. On comprends que les jardins sans barrières où l’on croyait pouvoir jouer librement n'étaient qu' illusion.

On devient adulte quand on comprend que le monde n’est pas toujours sûr. Quand on porte un poids que personne ne voit. Quand on apprend à faire semblant, à survivre alors qu'on a à peine neuf ans.

Mais ce n’est pas l’enfance qui disparaît. Elle reste là, tapie dans l’ombre, blessée mais tenace. Parfois, elle revient, pour nous rappeler que nous avons traversé l’indicible. Qu'on a survecu.

Il ne faut pas redouter ce moment. Il faut le reconnaître, le nommer, le transformer. Car devenir adulte, c’est aussi retrouver sa voix. Et dire enfin, trente ans plus tard : ce n’était pas ma faute.

Sayari

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