Ce n'est pas moi

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Ce n’est pas moi, ce n’est pas à moi de raconter ça. Dieu me garde !
Je n’ai pas l’esprit suffisamment clair…
Je dois aller dormir, on dit que la nuit porte conseil.

Cela m’a poursuivi jusqu’en mon sommeil. Il m’incombe peut-être…
Dois-je rendre compte ?
Cassandre ou Sycophante que dira-t-on de moi si je le délivre… Qui pourra le croire ?
Mais je deviendrai fou si je le retiens. J’ai tellement peur !
Quel fléau déchirera ma vie, mes entrailles, si je suis le messager ?

Moi qui n’y peux rien…
Moi qui ne peut rien !

Cette pipelette gavée de chocolat n’a pas pu fermer sa bouche répugnante. Elle se grisait de me voir me décomposer. Elle n’a pas cessé de me pousser. Elle voulait que je parle, que l’on me désavoue. D’allusions en moqueries, de piques, en ironies... quel que soit la société :

«Demandez-lui, il sait ! Il sait ! C’est lui qui l’a j’en suis sûre ! Et peut-être même qu’il en est l’auteur ! »

C’était sa dernière galipette de rusée…
Graisser la pente de ma peur n’était pas si difficile et j’ai glissé.

« Alors quoi ? Quel est donc ce secret que vous m’accusez de posséder sans le nommer ! Avec lequel vous me harcelez ?
—Allons... Voyons, vous savez bien ? Dans votre secrétaire… »

Et elle m’a eu, la garce.
J’ai entrevu son expression de triomphe. Elle jubilait lorsque, bafouillant, j’ai tourné les talons.
Je dois le mettre en lieu sûr. Celle-là sait où, mais rien d'autre, pour l'instant.
Cette fouineuse ! Cette infecte fouineuse !

Je jurerai devant tous les Diables et tous les Dieux que ce n’est pas moi ! Il n’est pas a moi !

Je l’ai trouvé ! On me l’a donné ! Voilà tout !
J’exècre le témoin mais je lui laisse toute ma confiance, je le crois comme je crois en moi-même…
Ce ne sont rien d’autre que quelques mots dans un livre....
Si peu à brûler ?

Il l’a trouvé et me l’a donné, je l’ai pris. Ce n’est que ce crime-là !
Ce n’est pas moi qui l’ai volé. Je ne peux rien raconter.

Qu'il était habillé comme la nuit et qu'elle fut sa complice. Rien, qu'il n’avait rien prévu, ni organisé, qu'il errait comme on traîne son ennui. Que la porte était ouverte, qu'il est entré, la lumière d’une bougie l’a captivé, une plume de sang, un livre ouvert, il l’a pris.
Mais ce n’est pas là un crime et il me l’a donné, à moi, qui ne peut rien…

Ce n’est pas moi…
Je ne peux pas le rendre et toute l'abjection de la nature humaine y est écrite et m’interdit de le détruire…

Il n’y a que sur moi que le secret soit bien gardé…

Ou peut-être dans le ventre de cette truie !

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