Envolement …

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Son regard perçant scrutait attentivement le lointain, et la crête de ses plumes le renseignait comme toujours sur les caprices des vents. Le soleil donnait sans hâte au paysage environnant ses plus belles heures de noblesse et, du haut de son perchoir, il en avait une vision d’une clarté prodigieuse. Chaque couleur, chaque frémissement, chaque ondoiement de la cime des arbres lui était comme un tableau de vie qui fourmille, un appel lancinant, un besoin atavique d’exploration, mais c’était surtout ce bleu immaculé de ces formes blanches au dessus de lui qui puissamment l’attirait.


Il se sentait en accord avec ce grand tout. Il savait qu’il était appelé à le côtoyer de très près et qu’il avait toujours été destiné à se laisser porter par ses courants, à l’image de ses parents, deux fiers Aigles Royaux qui régnaient depuis longtemps sur ces hauteurs. Il était presque aussi grand qu’eux à présent et toute les parures de ses plumes avaient dorénavant cette couleur si caractéristique. Avec son bec affirmé et ses serres puissantes, il était le digne successeur d’une longue lignée de grands rapaces qui avait sillonné bien des voûtes ensoleillées.


Il se souvenait qu’il n’avait pas toujours été seul dans ce nid, qu’il avait eu un petit frère, une autre boule de plume contre laquelle se blottir quand les vents étaient froids. Mais celui-ci n’avait pas survécu, le laissant dans la surprise d’un nid devenu soudain bien trop grand, il avait vaille que vaille grandi tout seul. Il s’était épanouit sous le regard bienveillant de ses parents qui l’avaient nourri, réchauffé, protégé et qui l’avaient amené avec leur courage et leurs leurs tendres attentions à l’aube frissonnant de ce parfait instant.


Un sentiment d’urgence l’habitait désormais. Une question muette qui tintinnabulait en lui en quête d’une réponse, comme si tout l’univers était juste là à l’attendre, comme si toute l’espérance environnante allait être tributaire de ses prochains choix. Une énergie grandissante le traversait, en un flot furieux et des plus impétueux. Déjà il étendait avec vigueur l’envergure de ses ailes, déjà il testait la détente de ses pattes alors qu’un sentiment d’allégresse l’emportait sans  partage.


Il était prêt, il le sentait. Son regard perçant ne cessait d’observer l’horizon à la recherche de quelque chose d’indéfinissable, quelque chose qui ne pourrait enfin exister qu’à partir du moment où il en ferait partie, qu’à partir de l’instant où il prendrait son destin en main. Alors, sans même s’en rendre compte, cette pulsion primaire qu’il avait toujours senti confusément en lui prit alors toute sa place, électrisa ses muscles tendus et, en un battement d’ailes délicieusement libérateur, il s’envola …


[Azur Regard]

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