Y’a-t-il une différence entre mourir et s’endormir ? On peut se demander si nous ne sommes pas déjà morts, et que tout ce que nous vivons n’est qu’une dernière illusion. Peut-être qu’en un instant, nous percevons tous les évènements que nous pensons vivre. Si nous ne savons pas ce qu’est la mort, nous aurons du mal à définir la vie.

                On peut appliquer la même logique avec le rêve. D’aucuns affirment qu’ils savent faire la différence entre rêve et réalité. Qu’est-ce que la réalité ? Êtes-vous bien sûr que ce dans quoi vous passez le plus clair de votre temps est bien la réalité ? Si vous êtes futés, vous me répondrez que le terme « réalité » est associé à cette période qui dure entre ce que l’on considère comme « se réveiller » et « se rendormir ». Nous définissons les choses en fonction de ce que nous percevons. On admettra donc que le rêve est bel et bien un rêve.

                Maintenant que nous pensons nous être sortis de cette épineuse question, répondons donc à ceci : sommes-nous sûrs d’être éveillés ? Nous ne sommes sûrs d’être éveillés que parce que nous nous sommes réveillés à un moment. Être éveillé serait donc ne pas être endormi ? Qu’est-ce qu’être endormi ?

                Nous allons maintenant supposer que vous êtes réveillés, ce sera plus simple. Le passé existe-t-il ? Peut-être que tout ce que nous pensons avoir vécu n’était en réalité qu’un rêve. A ce moment-là, on touche à la notion de temps, de mémoire et de conscience. Terrain miné : retournons à nos moutons. C’est logique : les moutons sont réputés somnifères.

                Soyons sérieux, à présent. Le rêve n’est-il pas fantastique ? Sortir de toute réalité ! Une expérience incroyable qu’à l’instar de la violence, nous avons la fâcheuse tendance à banaliser. Certains considèrent même que vivre, c’est banal. Mais oui, bien sûr ! Sachez qu’il y a peut-être sept milliards d’êtres humains sur Terre, mais que chacun d’entre eux, jusqu’à preuve du contraire, ne dispose que d’une seule vie. Pas de sursis, pas de rajouts. Cependant, nous nous éloignons (volontairement ou non) de notre sujet principal.

                N’est-il pas impressionnant de penser que votre imagination prend le contrôle et vous plonge dans un monde qui ne vient que de vous ? L’imagination prend le pouvoir… Vous reconnaitrez peut-être. Sauf qu’à l’époque, la vie était beaucoup de chose, mais un rêve… je crains fort que non. Quoique…

                Car oui ! Le point fort d’un rêve, c’est qu’il peut être mauvais. On l’appellera alors « mauvais rêve », tout simplement. Les pires d’entre eux seront nommés « cauchemar ». Rêves et cauchemar ont en commun qu’on a fini par associer aux termes un sens assez restreint : un rêve sera une bonne chose, à l’inverse d’un cauchemar qui sera lui une chose néfaste. Le poids d’un mot ne dépend que de ce qu’on y met. Toujours est-il qu’un rêve est un espace de totale liberté. Tout y est possible, que vous le vouliez ou non. Certains ont la chance d’avoir expérimenté le rêve éveillé, et ce doit être un formidable moment : c’est vous qui contrôlez tout.

                Nous avons tous de rêves, que nous soyons éveillés ou non. Un rêve est une chose ou nous pouvons nous réfugier quand il fait gris, ou tout simplement s’installer quand il n’y a rien à faire d’autre sinon s’ennuyer. Un rêve est un cocon dans lequel on fait ce que l’on veut. C’est normal : les rêves naissent de l’imagination. Par ailleurs, ne sommes-nous pas de l’étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie n’est-elle pas entourée de sommeil ?

                Hélas, n’oubliez pas que, comme disait un des plus grands (peut-être le plus grand) des humoristes français du siècle dernier : on croit que les rêves, c’est fait pour se réaliser. C’est ça, le problème des rêves : c’est que c’est fait pour être rêvé.