Un silence tangible

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« La masse brute d’absence de son dans l’espace est plus qu’un simple silence » Gene Cernan, mission Apollo 17.

Journal d’expédition septembre 2080

Le silence. Il ne ressemble à rien de ce que j’avais connu sur Terre. Ici, dans cette capsule suspendue au-dessus du néant, je l’entends encore, ou plutôt, je le ressens. Pas un bruit, pas un écho. On n’entendait ni le sol crépiter, ni le vent souffler, seulement ce vide, immense, presque vivant, prêt à avaler chacune de nos pensées.

J’avais entendu parler de ce silence toute ma tendre enfance, à travers les histoires d’un ancien astronaute ayant foule la lune bien longtemps avant ma naissance. Je repense souvent à lui… mon grand-père. C’est à cause de lui, ou grâce à lui, que je suis ici. Il était étrange, il faut le dire, même mes parents le considéraient comme un vieux fou, atteint de démence. Mais moi, je le croyais… Ses yeux brillaient d’un éclat incertain, comme s’ils reflétaient des choses que nul ne pouvait voir. Ses paroles dansaient entre lucidité et délire. Parfois il murmurait des phrases sans queue ni tête, évoquant des lumières mouvantes, des murmures dans le vide, des formes menaçantes qui le suivaient sur la surface de la lune. Mon père me disait souvent que depuis son retour de mission, il n’était plus tout à fait le même. La NASA l’avait licencié quelque année après son voyage lunaire, pourtant, on disait de lui qu’il était l’astronaute le plus qualifie de son époque. Moi, enfant, je l’écoutais avec fascination. Chaque détail de ses histoires suggérait un monde plus vaste, un secret que je devais explorer. Ses histoires allumaient en moi une étincelle, un désir de suivre ses pas et de percer le mystère de ce silence absolu.

En octobre de l’an 2051, une nouvelle ébranla mon esprit : grand-papa, mon héros, était décède de cause naturelle. Le jour de ses funérailles, le ciel semblait lui-même être en deuil. Une pluie fine mais incessante tombait sur nos têtes, transformant le sol en boue et noircissant le tissu des manteaux des rares présents. Quelques fonctionnaires de la NASA étaient alignées avec une rigidité militaire, observant le cérémonial avec un mélange de respect protocolaire et de retenue émotionnelle. Alors que je restais en retrait, absorbe par le vide laisse par la mort de mon grand-père, un homme surgit presque de nulle part, vêtu d’un imperméable sombre comme s’il était enduit d’encre noire, son visage n’était pas perceptible, cache par un capuchon aussi ténébreux que la nuit sans clair de lune. Il avançait lentement vers moi, pourtant, je ne l’avais vu faire aucun pas. C’est comme s’il flottait vers moi … Dans ses mains reposait un petit paquet, un mystérieux ouvrage use par le temps et scelle par une fine poussière grisâtre. « Il m’a souvent parler de vous » dis t il dune voix calme presque chuchote comme si je l’entendis dans mon esprit. Il me tendit ce manuscrit que j’ai pris d’une main tremblante et lorsque je levai la tête pour remercier ce mystérieux homme, il avait disparu…

De retour à la maison, je m’enfermai dans ma chambre, m’assis sur mon bureau et posai cet étrange bouquin. La poussière qui le recouvrait était fine, légère… elle brillait d’un gris argenté, presque comme des éclats d’étoiles.

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