12 novembre 1943,

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  Je suis le docteur Hans Von Rosenwald, spécialiste en chimie organique. Nous sommes le 12 novembre 1943, dans un laboratoire enterré tenu secret par le Reich. J’ignore si je reverrais un jour le soleil, et si quelqu’un pourra porter ce journal à ma famille…

  Un incident est survenu aujourd’hui, sûrement lors d’une expérience sur l’un de nos projets. Tout a commencé par un message : « À tout le personnel, ralliez au plus vite le volume U-5. Ceci n’est pas un exercice. » Une annonce aux tons effrayants. Nous avions raison d’avoir peur. Les secteurs U-5 et U-6 sont des bunkers dans le bunker. Un ultime espoir en cas d’incident grave. Ou une dernière demeure… Il y a de l’eau, de l’air, de la nourriture. De quoi tenir jusqu’à l’arrivée des secours.

  À l’annonce, je quittai immédiatement mon poste. Ce que je vis dans les couloirs m’horrifia. Les gens paniquaient et couraient, n’hésitant pas à se piétiner. Les quelques soldats présents peinaient à calmer la situation. Je pressai donc le pas, longeant les murs pour éviter les bousculades. Un homme fut brutalement jeté sur près de moi. Son arcade, dans un craquement léger, mais non moins lugubre, se fendit. Il glissa par terre, inconscient. Je voulus le relever, mais… Une détonation résonna dans les couloirs bétonnés. La lumière vacilla, quelques câbles suspendus se décrochèrent, le crépi s’effrita. Et je la vis.

  Cette brume orange, nuage mortel informe, avalait tout sur son passage. Les quelques âmes malchanceuses hurlaient de douleur une fois dévorée par la fumée rousse. Mon sang ne fit qu’un tour : plus le temps de rallier la zone d’isolement. Mon instinct prit le dessus, je courus jusqu’à la pièce la plus proche. Miracle, celle-ci n’était pas verrouillée. Quelques personnes me rejoignirent à temps et ensemble, la porte put être scellée.

  De l’autre côté, des gens comme vous et moi hurlaient, suppliaient, pleuraient. Certains frappaient le battant de toutes leurs forces, espérant qu’on leur ouvre. Pourquoi diable ai-je regardé par ce hublot ? La scène, particulièrement insoutenable, m’horrifia…

  Le gaz rongeait leur peau, la couvrant de cloques. Les cris devinrent des plaintes quand il s’attaqua aux poumons. Leurs souffrances me rendaient malade, les entendre m’était insupportable. Lorsque le silence vint, il ne restait que des masses sanguinolentes, glissant contre la porte dans un gargouillis misérable.

  Des bruits de couloirs décrivaient les capacités d’une telle arme. Un dérivé du Sarin. Plus corrosif, plus létal, plus… Barbare. Concevoir un gaz de combat, c’est une chose. La voir en action… Mes mains tremblent encore en écrivant ces lignes. Que Dieu nous vienne en aide… Qu’avons-nous fait ?

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