Sous la pluie
Les nuages gris menaçants couvraient l’horizon. Il pleuvait à n’en pas finir. Comme si le ciel pleurait quelqu’un à chaudes larmes. Comme s’il se joignait à ces quatre personnes habillées de noir et tenant, chacune, dans une main une pelle et dans l’autre une fleur. L’émotion était palpable. Elle transpirait de leurs visages ternes et de leurs yeux rouges, à force de pleurer. Une tristesse infinie parcourait les rides creusées sur leurs fronts malgré leur jeune âge. Ils regardaient fixement la fosse rectangulaire devant laquelle ils étaient alignés. Leurs téléphones sonnèrent presque en même temps, mais ils eurent la sagesse de ne pas répondre. De toutes façons, leurs mains étaient occupées. Les notifications se succédèrent, comme si quelqu’un cherchait absolument à les joindre. Ils tinrent bon. Ils avaient conscience que, dans un moment solennel comme celui-ci, la retenue était indispensable et la distraction insupportable. Ils fermèrent les yeux quand ils entendirent des cliquetis imperceptibles, puis ils tombèrent dans la fosse, la nuque rougeoyante. Les soldats n’auront aucune pensée pour ces déserteurs.
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